«Noir Jaune Blues»: l’enquête qui démontre l’islamophobie ambiante

Vingt ans après, Le Soir a remis au goût du jour son enquête « Noir, Jaune, Blues », en collaboration avec la RTBF. Une réalité domine : le Belge moyen s’est trouvé une victime, l’étranger.

Temps de lecture: 3 min

Prenez un échantillon de 100 Belges représentatifs de la population… belge (sans les étrangers donc, et sans nos compatriotes issus de l’immigration non européenne), et testez l’affirmation suivante : « En tout cas, aujourd’hui, on ne se sent plus chez soi comme avant ». Sur 100, plus des trois-quarts (77 exactement) assurent sans détours que « oui, ils ne sentent plus chez eux comme avant ».

La xénophobie ambiante, décomplexée, est l’un des principaux enseignements de l’enquête « Noir, Jaune, Blues 2017 » menée par Le Soir et la RTBF avec l’institut Survey&Action et la fondation Ceci n’est pas une crise.

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« Ce type de sentiment n’est pas neuf, il devient même répandu et régulièrement remarqué à travers des enquêtes dès le début des années 80. Il n’a pas toujours été perçu avec la même force au fil des années mais ce n’est pas du tout un phénomène nouveau  », assure le professeur Jérôme Jamin (ULG).

Benoît Scheuer, sociologue et auteur de l’enquête acquiesce mais nuance : « La différence fondamentale entre hier et aujourd’hui, c’est que d’une part la question des immigrés n’était pas une préoccupation centrale, et d’autre part elle ne se focalisait pas à ce point sur les musulmans. »

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Plus inquiétant, plus d’un citoyen sur deux estime que « même après plusieurs générations, les descendants d’un immigré ne seront jamais vraiment belges  ». « Ceci traduit clairement une confusion entre origine et nationalité, décode Benoît Scheuer (sociologue et auteur de l’enquête). Pourtant, de génération en génération, trois Belges sur dix assurent qu’un de ses parents ou grands-parents avait une nationalité autre que belge. En fait, nous sommes tous des Belges de papier. Cela reste inquiétant car l’idée de pureté est un fantasme sur lequel les populistes identitaires développent leurs stratégies ».

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Méthodologie : deux enquêtes à vingt ans de distance

Trois phases ont présidé à cette seconde édition. – 50 entretiens qualitatifs ont été réalisés en face-à-face avec des chercheurs de Survey&Action pour dégager les thèmes importants, ceux qui parcourent en profondeur et de manière récurrente l’opinion publique belge. – Première vague quantitative : du 15 septembre au 30 octobre 2015. 2.344 personnes interrogées dans toute la Belgique (Flandre 800, Wallonie 800, Bruxelles 600 avec un suréchantillonnage des personnes de confession musulmane – 400 –). Durée des enquêtes : de 45 minutes à 1h30. – Deuxième vague quantitative post-attentats parisiens du 13 novembre 2015 : du 20 août au 20 sept 2016, échantillon de même structure et de même taille (2.390 personnes). Total des deux vagues : 4.734 entretiens. Marge d’erreur : 2 %. Les items sont des verbatims entendus de façon récurrente, appelant au sens commun. Echelle d’accord de 1 à 7.

 

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