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God save the curling

Le curling permet aux Britanniques d'égaler le bilan « record » de quatre médailles établi en 1924, lors des JO de Chamonix.

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Publié le 22 février 2014 à 09h38, modifié le 22 février 2014 à 11h04

Temps de Lecture 4 min.

Les Ecossais Michael Goodfellow (à gauche) et Greg Drummond, lors de la finale contre le Canada, le 21 février.

Impossible de rater Ian et Kevin. Impossible de rater leur tee-shirt, en fait. A chacun sa version des anneaux olympiques. Sur celui de Ian, image forte des Jeux de Sotchi, quatre anneaux blancs et l'embryon du cinquième, qui avait refusé de se déployer lors de la cérémonie d'ouverture. Sur celui de Kevin, en guise d'anneaux, cinq cuvettes de toilettes multicolores vues du dessus.

Ces deux Anglais croisés devant l'Ice Cube du parc olympique sont venus de Manchester et du Kent pour assister, entre autres, à la finale du tournoi masculin de curling qui s'y déroulait, vendredi 21 février. Peu importe que les curleurs et les curleuses au service de Sa Majesté soient tous écossais. « On dit que les Ecossais deviennent britanniques quand ils jouent au curling. C'est la même chose qu'avec Andy Murray », le tennisman, écossais quand il perd, et britannique quand il gagne.

Grâce à ses enfants d'Ecosse, où le curling est né, la Grande-Bretagne a raflé deux médailles – la France devrait songer à militer pour l'introduction de la pétanque au programme olympique. Le bronze chez les dames. L'argent chez les messieurs, balayés en finale par le tenant du titre canadien (9-3).

BILAN « FARAMINEUX » DE QUATRE MÉDAILLES

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Cette lourde défaite n'a ôté le sourire ni à Ian, ni à Kevin, ni aux journalistes britanniques présents à Sotchi. D'abord, parce que perdre n'a rien de déshonorant face aux maîtres canadiens, qui assurent que le tournoi olympique est plus facile à remporter que leur tournoi préolympique, où la meilleure équipe de chaque province du Canada doit gagner face aux autres le droit de représenter le pays aux Jeux : cette année, c'est celle de l'Ontario qui est devenue championne olympique !

Si les Britanniques gardent le sourire, c'est surtout que le coup double du curling va permettre à leur délégation de quitter la Russie sur un bilan faramineux : quatre médailles. Les Américains en étaient à 27 samedi matin. Les Français à 15. Mais quatre, en Grande-Bretagne, c'est un record pour des Jeux d'hiver – déjà atteint lors de la première édition, en 1924, à Chamonix. Que le point culminant du Royaume ne dépasse pas 1 344 mètres explique peut-être en partie ces chiffres si faibles : une seule médaille à Vancouver (2010) et à Turin (2006), zéro en 1932, 1956, 1960, 1968, 1972, 1988 et 1992.

Il fut un temps où la Grande-Bretagne se distinguait grâce à des athlètes tels que Michael Edwards, alias « Eddie the Eagle » (l'aigle Eddie), sauteur à skis tellement mauvais qu'il avait réussi à pousser le Comité international olympique (CIO) à durcir les critères d'admission aux JO pour fermer la porte à ce genre de concurrent farfelu et jugé embarrassant. Les choses ont changé. Le processus qui avait permis à la Grande-Bretagne de passer d'un seul titre olympique aux Jeux d'été d'Atlanta (1996) à 29 à ceux de Londres (2012) est en train de se répéter, à une échelle forcément moindre, pour les Jeux d'hiver. Grâce à l'agence UK Sport, mise en place après le fiasco d'Atlanta, et financée par la loterie nationale.

Eve Muirhead, capitaine de l'équipe britannique de curling, médaillée de bronze à Sotchi, le 20 février.

Dans la perspective de Sotchi, 14 millions de livres (17 millions d'euros), deux fois plus que pour Vancouver, ont été investis afin de permettre aux athlètes de travailler avec les meilleurs entraîneurs, le meilleur matériel et aux meilleurs endroits. « Nous n'avions jamais eu autant de potentiel dans autant de disciplines », assurait Liz Nicholl, directrice de UK Sport, avant les Jeux. Le Team GB s'est rendu en Russie avec 57 athlètes (230 pour les Etats-Unis, 116 pour la France) et un objectif de trois à sept médailles.

MANQUE DE FLEGME DES COMMENTATEURS DE LA BBC 

En attendant une hypothétique cinquième récompense en cas d'exploit du bobsleigh britannique ce week-end, le compteur est donc monté à quatre. Les deux du curling ; celle en or de Lizzy Yarnold, ancienne spécialiste de l'heptathlon qui n'était jamais montée sur un skeleton il y a encore cinq ans, désormais championne olympique de la discipline ; et celle en bronze de Jenny Jones en snowboard slopestyle, historique, car jamais un sportif britannique n'avait remporté de médaille sur neige. Cette grande première a provoqué une telle hystérie chez les commentateurs de la BBC que la chaîne a reçu plus de 300 lettres de téléspectateurs outrés par leur manque de flegme.

Le bilan aurait sans doute été meilleur sans la chute spectaculaire de la prometteuse Rowan Cheshire en ski half-pipe, et sans la mésaventure d'Elise Christie, pour qui Sotchi 2014 aura viré au cauchemar. Eliminée sur chute ou disqualifiée suivant les scénarios des trois courses de short-track auxquelles elle participait, la Britannique a reçu sur son compte Twitter – fermé depuis – des menaces venant de supporteurs sud-coréens qui la jugent coupable d'avoir entraîné leur championne Park Seung-hi dans l'une de ses embardées.

« Nous sommes sur la bonne voie, et ce n'est qu'un début, s'est félicité Sebastian Coe, président de la British Olympic Association, devant la réussite de ses compatriotes. C'est une bonne performance. Il y en aura d'autres. » Six millions de Britanniques ont regardé les Jeux à la télévision le week-end des 15-16 février, deux fois plus que la moyenne de Vancouver. « Les gens se disent désormais que cette équipe est compétitive et capable de gagner des médailles », estime Sebastian Coe.

Le Royaume se prendrait-il aux Jeux d'hiver ? Certes, ces contrées évoquent plus spontanément la pluie que la neige, mais pourquoi pas, un jour, des JO à Glasgow ou à Edimbourg ? Après tout, cette année, ils ont, pour partie, eu lieu au bord de la mer Noire.

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