Bourse : les dividendes records du CAC 40
+ VIDEO. Les entreprises du CAC 40 ont distribué pour 55,7 milliards de dividendes et de rachats d’actions, presque un record. Un mouvement qui témoigne de l’amélioration de leur santé financière et notamment de celle des banques.
Par Pierrick Fay
Année faste pour la rémunération des actionnaires. En 2016, les entreprises du CAC 40 ont distribué pas moins de 55,7 milliards d’euros sous forme de dividendes et de rachat d’actions, selon les calculs de la . Ce n’est pas un record mais presque puisqu’elles se sont rapprochées des 56 milliards versés en 2014 et surtout des 57,1 milliards distribués en 2007, juste avant la crise financière. La progression est notable par rapport à l’an dernier (43 milliards de dollars) et surtout par rapport à la moyenne de ces dernières années, autour de 43 milliards, une fois retraitée des dividendes et rachats exceptionnels.
Un seul groupe en perte en 2016
Dans le détail, les stars du Cac 40 ont distribué pour 46,2 milliards de dividende, en hausse de 13% sur un an (une fois neutralisé le dividende exceptionnel de 3,7 milliards de Vivendi). « Cette progression est le reflet d’un meilleur niveau des résultats en 2015. Il n’y a plus qu’un groupe en perte (ArcelorMittal) contre quatre l’année précédente (ArcelorMittal, Alstom, Peugeot et Alcatel-Nokia) », constate Pascal Quiry. «C’est le signe que les entreprises vont mieux qu’il y a quelques années, même si leur forme n’est pas éblouissante ». Car, ajoutent les auteurs de La Lettre Vernimmen, « ce niveau n’a rien d’exceptionnel puisqu’il est en retrait de 7% par rapport à celui de 2010 et même corrigé d’ArcelorMittal, passé d’un profit de 2,2 milliards en 2010 à une perte de 4,4 milliards d’euros en 2015, la progression n’est que de 1,3%, soit nettement moins que l’inflation sur la même période ».
EN VIDEO. CAC 40 : 56 milliards distribués aux actionnaires
Total, Sanofi et vivendi restent les plus gros contributeurs en termes de versement de dividende. Les six premiers représentent près de 50% des dividendes distribués, alors que « ArcelorMittal rejoint cette année Peugeot dans le club des abstinents du dividende au titre de 2015 ». La progression est encore plus forte pour les rachats d’actions, passés en un an de 5,2 milliards à 9,5 milliards d’euros, le deuxième montant le plus élevé depuis 2009.
Sanofi numéro un devant Total
Sanofi reste le plus gros contributeur avec 6,66 milliards d’euros de retour aux actionnaires, dont 3,79 milliard de dividende. Il devance Total (5,9 milliards) et Vivendi (5,57 milliards). A eux trois, ils représentent un tiers des versements. Derrière, le trou est fait puisque le suivant, BNP Paribas, n’a rendu « que » 2,877 milliards. En 2007, le trio de tête se composait de Total (6 milliards), BNP (5 milliards) et Axa (4,3 milliards), soit 27% du total. Un niveau de concentration proche de 2016, mais «la composition est bien différente ». Il traduit notamment les difficultés passées des banques, au cœur de la crise financière et contrainte par un mouvement croissant de régulation. Le quatuor des financières, avec ArcelorMittal et Orange ne pèsent plus que 18% des volumes de 2016 (10,3 milliards distribués), contre 38% en 2007 (21,9 milliards au total). Elles ont en partie cédé leur place à L’Oréal, LVMH, Schneider et Airbus, passés en 9 ans de 6 à 14% du volume, « du fait d’une progression régulière de leurs activités dans la profitabilité ».
Les banques se redressent
BNP Paribas et Axa restent quand même dans le top 5. « Elles sont en fin de phase de reconstitution de leur capacité financière et devraient pouvoir augmenter leur distribution à l’avenir. Le CAC 40 intègre quatre groupes de bonne qualité, BNP Paribas, Axa, Société Générale et le Crédit Agricole. Deutsche Bank ou Commerzbank ne pourraient pas le faire en ce moment », estime Pascal Quiry. Mais elles auront peut-être du mal à retrouver leur générosité d’avant crise. «Cela dépendra des résultats, qui ont été plutôt bons. La croissance de l’activité des banques est une bonne chose pour l’économie et les banques doivent, en face de cette activité de crédit, augmenter leurs capitaux propres. Cela pourrait entraîner une modération par rapport à ce qu’elles sont capables de verser en dividendes ou rachats d’action ».
Un taux de distribution des bénéfices élevé
En 2017, les dividendes distribués par le CAC 40 au titre de 2016 pourraient encore progresser, au vue de la hausse de 11% des profits du CAC 40 au premier semestre. Mais le niveau de « pay out » (taux de distribution des bénéfices) atteint un niveau déjà extrêmement élevé: 57% contre 51% l’an dernier. « Retraité du dividende exceptionnel de Vivendi et des dividendes versés en action, on reste toutefois dans la moyenne ». L’occasion pour Pascal Quiry de rappeler qu’il est « très sain de faire du dividende et du rachat d’actions, car cela permet à l’argent de circuler des entreprises qui ont suffisamment de capitaux propres vers celles qui ont besoin de se financer et notamment les PME et ETI. Car la plupart des actionnaires réinvestissent cet argent une fois leurs impôts payés. Ils n’achètent pas de gros cigares avec… Quelque part le dividende, c’est l’anti-rente»». Et de donner l’exemple de la famille Bettencourt qui a créé un fonds de 500 millions d’euros qui réinvestit les dividendes de la famille dans des PME. « C’est l’illustration du fonctionnement normal du capitalisme, où l’argent tourne, ce qui est sain ». Seul bémol, près de la moitié des dividendes sont versés aux investisseurs étrangers, qui détiennent en moyenne 45% du CAC 40.