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Économie
L'expert

France-Allemagne : le grand décrochage

A l'Académie des Sciences morales et politques , Denis Kessler inaugure un cycle consacré aux "Réformes" en comparant celles menées par les deux pays. Pas de langue de bois Quai de Conti !

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Denis Kessler, PDG de Scor

Cruel verdict de Denis Kessler sur le décrochage France-Allemagne

(C) Sipa

Denis Kessler, PDG de Scor, inaugurait le lundi 9 janvier, un cycle de 29 conférences de l’Académie des Sciences morales et politiques consacré aux « Réformes », et concocté par son nouveau Président, Michel Pébereau. Tout au long de l’année, l’ancien président de BNP Paribas va faire plancher des hommes d’entreprises (Henri de Castries, Thierry Breton…), des économistes (Pierre Cahuc, Jean-Marc Daniel, Philippe Aghion…), des essayistes (Nicolas Baverez, Hakim el Karaoui…), avec une conclusion, en décembre du Prix Nobel Jean Tirole. Extraits de cette séance inaugurale, où Denis Kessler comparait la France et l’Allemagne face aux réformes, en s’appuyant sur les situations économiques respectives des deux pays.

Sur la performance des deux pays :

« Alors que nous avions des situations comparables entre la France et l’Allemagne au tournant du siècle, nous avons perdu neuf points en terme de création de richesse per capita : 37 000 vs. 34 000 euros. En terme de taux d’activité, nous avons perdu 6 points. En terme de paiements courants, alors que les deux pays avaient le même solde positif en 2002, nous avons perdu 10 points sur l’Allemagne. Même chose avec la dette : nous avons franchi ensemble le seuil de Maastricht (60 % du PIB), et il y a désormais trente points de différence entre l’Allemagne et la France (98 %). Un véritable décrochage, et nous n’avons jamais pu remonter les marches. »

Sur le moment où cela a divergé :

« Je l’estime en 1999, quand Gerhard Schroeder et Tony Blair, les deux dirigeants sociaux-démocrates, de l’Allemagne et de l’Angleterre ont fait un manifeste commun pour adapter leur pays à la mondialisation. La France, elle, a refusé. Et nous avons commencé à prendre du retard. Pour le rattraper, il faudra non pas mettre les bouchées double, mais triple : se mettre en danseuse pour rattraper le peloton ! »

Sur le sens du mot « réforme » :

« En Allemagne, ce qui est compréhensible dans ce pays luthérien, le mot de réforme est perçu comme positif, comme un facteur de progrès. En France, le mot est dévoyé. C’est comme un mot-valise, car la réforme est traumatique, mal préparée, inachevée et surtout tardive. C’est pour cela que je lui préfère le mot de transformation, pour que nos concitoyens se rendent compte qu’on peut se reconstruire un destin et remettre les générations du futur au centre d’un projet mobilisateur. »

Sur le projet :

« Alors que l’Allemagne s’est reconstruite après la guerre avec le désir de devenir une grande puissance économique, et qu’elle a décidé autour du chancelier Schroeder de retrouver à partir de 2005 la compétitivité nécessaire pour produire sur son sol des biens industriels de qualité pour le monde entier, le débat politique français se focalise sur la préservation des acquis du conseil national de la Résistance. C’était il y a 73 ans !

Alors que l’intérêt de l’entreprise coïncide avec l’intérêt du pays outre-Rhin, en France, le capitalisme, l’entreprise, l’Union européenne et la mondialisation font encore trop souvent figures de bouc-émissaires. Le plus urgent : nous trouver une vision, celle d’inventer la société de la connaissance du 21ème siècle ; ou celle de construire une société post-industrielle bâtie sur les services ; ou celle d’imaginer une organisation post-étatique, en redonnant de l’oxygène et du pouvoir à la société civile. »

 

 

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