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Les hommes peu enclins à exercer des "métiers de femmes"

Métiers qui n'attirent pas les hommes
Alors que de nombreux postes se créent dans des domaines traditionnellement occupés par des femmes aux États-Unis, les hommes ne veulent pas changer de job, quitte à rester au chômage. Photo iStock

Aux États-Unis, les métiers le plus souvent occupés par des hommes tendent à disparaître, alors que ceux traditionnellement tenus par des femmes se développent. Sans pour autant que les premiers acceptent de postuler aux seconds. Explications.

Il y a de moins en moins de techniciens, de mécaniciens et d'ouvriers aux États-Unis. Or, ces fonctions étant le plus souvent occupées par des hommes, ces derniers ont plus de risque de se retrouver au chômage. À l'inverse, les secteurs où les femmes sont surreprésentées (la santé notamment avec les postes d'infirmière, d'aide-soignante ou les gardes d'enfants) se développent. Pour autant, révèle le New York Times dans une vaste enquête, la gent masculine ne semble pas - encore ? - prête à négocier ce virage professionnel et à investir ces milieux qui recrutent davantage. Pourquoi ? C'est sur ces freins que le journal américain a longuement planché et mis en lumière les raisons du décalage opposant les "pink collar jobs", ("cols roses" en français ou "métiers dits de femmes") aux "blue collar jobs" (cols bleus ou plus généralement "métiers dits d'hommes").

Des tâches pas "masculines"

Le Bureau of Labor Statistics américain, l'équivalent de l'Insee en France, a réalisé une projection des emplois qui tendront à disparaître d'ici à 2024. En haut de la liste : les cheminots (-70 %) et les mécaniciens en électronique (-50 %). Ces jobs sont aujourd'hui occupés respectivement à 96 % et 98 % par des hommes. À l'opposé, les emplois enregistrant la croissance la plus rapide, le plus souvent des postes d'assistants dans le secteur de la santé, sont occupés à 90 % par des femmes.

Selon une autre étude récente basée sur des données gouvernementales et menée de 1996 à 2011, les hommes auraient tout intérêt à se tourner vers ces domaines (où ils bénéficient de plus de sécurité de l'emploi et de plus de possibilités d'augmentation de salaires). Néanmoins, de nombreux obstacles s'y opposent, rapporte le New York Times. Parmi eux, des domaines de compétences souvent éloignés, un salaire plus bas à l'embauche et des tâches qui ne sont pas traditionnellement associées à la "masculinité".

Remplacés par des robots

"Je ne vais pas être aide-soignant. Je n'ai aucune tolérance pour les gens", explique ainsi Take Tracy Dawson, interrogé par le New York Times. À 53 ans, cet ouvrier a exercé plusieurs fonctions, dont la plupart ont été délocalisées au Mexique ou remplacées par des robots. "Je ne veux pas que cela sonne mal, mais j'ai toujours vu des femmes infirmières ou dans d'autres occupations en rapport aux soins. Je vois plus ça comme un métier de femmes."

Au-delà des préjugés liés au genre, Take Tracy note aussi une différence financière. Son salaire, autour de 17 € de l'heure, a toujours été meilleur que celui proposé dans le secteur des soins à la personne où il plafonne, pour un débutant, à 10 € de l'heure.

Réorientation

Historiquement, les femmes ont investi, petit à petit, les secteurs dits masculins avec plus d'aisance. Selon le sociologue Andrew Cherlin, spécialiste de la question, l'une des sources de résistance au changement tient à la culture de la masculinité. Les hommes sont censés être forts et en mesure de subvenir aux besoins de leur famille. Alors que l'on associe plus volontiers les femmes à la bienveillance et à l'empathie. Or, selon l'expert, ce décalage entre la représentation de la masculinité et la réalité du marché du travail pose désormais problème et empêche la gent masculine de se réorienter quand bien même elle en aurait besoin pour (sur)vivre.

Question d'identité

Lawrence Katz, économiste à Harvard, a baptisé cette tendance la théorie du "chercher le job que vous aviez mais qui n'existe plus". Selon ce dernier, il ne s'agit pas d'une "erreur de compétence" mais plutôt d'une "erreur d'identité". Et d'expliciter : "Ce n'est pas que [ces personnes] ne pourraient pas travailler dans le domaine des soins à la personne, c'est qu'elles ont des préjugés sur ce qu'est leur identité." CQFD. Tant que certains postes ne seront pas vus comme "masculins", ils n'attireront pas les hommes.

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