Publicité

Energy Observer, le premier bateau propulsé à l'hydrogène des océans

Image d'artiste du navire qui devrait accoster à New York, en 2020, devant le siège des Nations unies. Crédits photo : Kadeg Boucher / Energy Observer

VIDÉO - A Saint-Malo, un catamaran de légende a été reconverti en un bateau expérimental conçu pour avoir une empreinte carbone nulle et ne pas émettre une seule particule fine.

Enza New Zealand, le catamaran avec lequel Sir Peter Blake remporta le trophée Jules Verne en 1994, connaît une nouvelle jeunesse. Vendredi 12 avril, le bateau expérimental est mis à l'eau, à Saint-Malo, pour essayer ses équipements pour la propulsion électrique. Premier test avant d'engager un ambitieux tour du monde de 101 escales en six ans, qui débutera en 2017 par un tour de France. Rebaptisé Energy Observer et allongé à 31 mètres, le catamaran a été profondément modifié pour avoir une empreinte carbone nulle et ne pas émettre une seule particule fine.

Mix d'énergies renouvelables

Avec le soutien technologique du CEA-Liten, le laboratoire des énergies renouvelables du Commissariat à l'énergie atomique, situé à Grenoble et Chambéry, le navire va être équipé d'«un mix d'énergies renouvelables: le vent, au moyen de deux éoliennes verticales et d'une aile de traction d'Yves Parlier, ainsi que le Soleil, avec 130 m2 de panneaux solaires en plusieurs technologies. Il pourra aussi transformer l'eau de mer en hydrogène afin de stocker l'énergie pour une longue durée. Il y aura également des batteries lithium-ion, «pour le stockage de l'énergie à court terme», explique Victorien Erussard, porteur du projet, officier de la marine marchande et ancien navigateur notamment sur la Route du Rhum. Il mène cette aventure avec son ami de Saint-Malo, Jérôme Delafosse, explorateur, scaphandrier professionnel et documentariste. Ce dernier précise qu'il n'y aura vraiment pas de dioxyde de carbone produit par ce bateau. Car même pour la cuisine, la traditionnelle bouteille de gaz naturel sera remplacée par des plaques vitrocéramiques!

La clé de l'hydrogène

L'originalité de ce navire sera d'utiliser l'eau de mer comme principale source de stockage et de fabrication d'électricité. Après une dessalinisation de l'eau, par osmose inverse (un système de filtrage de l'eau hyper performant), les molécules du liquide seront décomposées en atomes d'oxygène et d'hydrogène, au moyen d'un électrolyseur. L'oxygène sera relâché dans l'air et l'hydrogène devrait être stocké, à haute pression (350 bars), dans des réservoirs d'une capacité totale de 62 kg (1 kg d'hydrogène permet de rouler environ 100 km avec une voiture). Inversement, l'hydrogène alimentera une pile à combustible qui produira pour moitié de la chaleur, réutilisée dans le navire, et l'autre partie sous forme d'énergie qui alimenteront les 2 moteurs à propulsion électrique. Ces derniers affichent des rendements considérables (97%, le même taux que ceux de l'avion solaire Solar Impulse). Ces moteurs seront réversibles, quand le bateau sera tracté par le cerf-volant du navigateur Yves Parlier, pour produire de l'hydrogène.

Ce projet a pour parrain Nicolas Hulot, qui suit depuis une dizaine d'années les exploits de Victorien Erussard, et pour marraine, Florence Lambert, directrice depuis quatre ans du CEA-Liten. L'aventure est financée notamment par deux partenaires, la société d'assurances Thélem et le groupe Accor Hotels qui veut appliquer le plus vite possible, dans ses hôtels, des technologies testés en mer. Le coût de l'odyssée est évalué à près de 30 millions d'euros au total, dont 5 millions pour le rachat du bateau et les équipements auxquels vont s'ajouter 4 millions d'euros par an de frais de fonctionnement, dont un quart sera consacré à la communication.

Lors de ses 101 étapes sur les cinq continents, le bateau doit visiter des lieux emblématiques, comme des îles autonomes en énergie, des écosystèmes menacés et des sites classés au patrimoine mondial de l'Unesco. Sa première étape sera Paris, où le navire doit officiellement être baptisé cette année.




Société, santé, environnement, éducation, énergie

» Découvrez les acteurs et initiatives du changement


Energy Observer, le premier bateau propulsé à l'hydrogène des océans

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
73 commentaires
    À lire aussi

    Une IA permet de retrouver l’origine de cancers déjà métastasés

    Une IA permet de retrouver l’origine de cancers déjà métastasés

    DÉCRYPTAGE - Des chercheurs ont conçu un algorithme d’apprentissage capable de trouver l’origine de cellules cancéreuses qui se sont propagées dans le corps alors qu’on ne connaissait pas la tumeur de départ. De quoi mieux cibler les traitements pour les patients.