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Primaire à gauche : les tweets de quatre candidats décortiqués

LE CERCLE - Julien Longhi, linguiste, a analysé les messages postés sur Twitter par les candidats de la primaire de la gauche.

Par Julien Longhi (professeur en sciences du langage à l’Université de Cergy-Pontoise)

Publié le 12 janv. 2017 à 12:04

17 minutes chacun pour convaincre. Les candidats de débattront pour la première fois ce jeudi 12 janvier à 21 heures, sur TF1, LCI, Public Sénat et RTL. Ils n’ont pas attendu le début du sprint télévisé pour décliner leur programme sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, Vincent Peillon, Manuel Valls, Benoît Hamon et Arnaud Montebourg notamment, sont déjà passés à l’offensive. Une analyse lexicale fait ressortir leurs sujets de prédilection ainsi que leur vision de l’action publique.

1. Vincent Peillon : «devoir» et «pouvoir» avec l’Europe

Dans les tweets de Peillon, «devoir», «pouvoir» et «européen» sont particulièrement saillants. On peut ainsi caractériser son discours comme lié à une nécessité à laquelle la France est confrontée, et une possibilité d’action qu’il propose. Avec par exemple «Les Français doivent prendre la mesure des défis auxquels nous devons faire face avec courage et force #peillon2017», il met les électeurs devant une nécessité de réaction.

Ce «devoir» est parfois même combiné au «pouvoir», comme dans «La France peut et doit gagner la bataille de l’intelligence #peillon2017». Il y a donc avec ces deux modalités, celle du «devoir» et celle du «pouvoir», une vision active de l’action politique, une nécessité qui s’impose, et l’incarnation par le candidat d’une solution. Ceci passe notamment par un discours important sur l’Europe.

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L’Europe est en effet vue comme un élément de solution, comme dans «Je veux que, face à la crise européenne et mondiale, nous soyons capables de marquer notre engagement européen avec force #peillon2017», où il met en valeur que les leviers d’action évoqués plus haut passent par l’Europe. Ce profil est très différent de celui de Manuel Valls.

2. Manuel Valls, «vouloir» pour la «République» et la France, «faire gagner la gauche»

En effet, ce candidat se distingue par l’emploi de «vouloir». Ceci signifie qu’il y a une implication personnelle du candidat, une intention, un projet, qui est différente de la capacité ou de la nécessité utilisée par Peillon. Ce projet concerne à la fois la France, et la République.

Il affirme une volonté politique pour la France et les Français : «Je veux que la France, que les Français reprennent pleinement leur destin en main !» ou «La République forte, celle qui tient ses promesses, c’est le chemin vers une France plus juste. #Valls2017». On voit que «République» n’est jamais loin de France. Mais stratégiquement, cette volonté pour la France et la République est mise au service de la victoire de la gauche.

Puisque «gagner» concerne la gauche : «Faire gagner la gauche, c’est pour moi faire gagner la France. #LEmissionPolitique #Valls2017» ou «Je suis au cœur des progressistes. Je veux convaincre et faire gagner la gauche à la présidentielle. #LEmissionPolitique #Valls2017». Se dessine donc un profil de Valls plutôt habile : prise de hauteur avec une volonté pour la France, mais prise en compte de la base d’électeurs de la primaire, avec la valorisation de la gauche par la victoire.

3. Benoît Hamon, du «social» et du «travail»

Ce candidat incarne lexicalement l’aile gauche du PS, avec le recours à social et travail. Le social est essentiellement lié à la question du revenu universel, et donc du travail : «Le #RevenuUniversel est la protection sociale de demain, la raréfaction du travail rend le système actuel obsolète» ou «#RevenuUniversel, renouveau démocratique et justice sociale attirent ce soir encore beaucoup de monde à #Bizanos» par exemple.

Ceci est très différent de l’usage de social par Manuel Valls par exemple, où il est question de « modèle social ». Il affirme donc une vision radicalement différente du travaill : «Sans partage organisé du temps de travail, nous ne parviendrons pas à lutter contre le chômage ou le burn out», liée à des questions sociales larges (qualité de vie, questions médicales).

4. Arnaud Montebourd en embuscade sur le travail

Si Hamon truste la question du travail, Arnaud Montebourg essaye néanmoins d’en faire son sujet de prédilection, comme dans «Je suis le candidat du travail, et de la fiche de paie. Je baisserai la CSG pour les salaires inférieurs à 2000 euros #PouvoirDachat». Cependant, son profil est moins fort sur ce terme car il l’investit de manière plus hétérogène, et sans le corréler directement à d’autres termes-clés, comme «social» pour Hamon.

Finalement, ce sont trois grands pôles qui se distinguent : celui de la nécessité et de la possibilité avec Peillon, dans une approche européenne ; celui de la volonté pour la France dans une perspective de victoire de la gauche pour Valls ; celui de changement de paradigme du travail et du social pour Hamon, dont le discours sur ce sujet semble plus audible que celui de Montebourg (grâce au maillage avec le revenu universel et le social).

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Julien Longhi est professeur en sciences du langage à l’université de Cergy-Pontoise

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