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L'Allemagne affiche une croissance record

L’Allemagne a enregistré en 2016 une croissance de 1,9%, selon les chiffres provisoires publiés ce jeudi.

Par Thibaut Madelin

Publié le 12 janv. 2017 à 10:56

Mise en cause par ses partenaires, la Commission européenne ou le Fonds monétaire international (FMI) pour sa consolidation excessive, censée freiner la croissance européenne, l’Allemagne a profité des bons chiffres de croissance et d’excédent budgétaire, publiés jeudi, pour leur adresser un signal.

« Il y a pas mal de gens qui défendent une théorie selon laquelle on peut soutenir la croissance seulement si on s’endette, souligne-t-on dans l’entourage du ministère des Finances. Nous montrons que les deux sont possibles : on peut faire des excédents et soutenir la croissance. C’est un bon signal pour l’Europe et le monde. »

La première économie européenne a enregistré l’an dernier une croissance de 1,9%, selon les chiffres provisoires publiés par l’Office fédéral des statistiques (Destatis). Il s’agit de la plus forte croissance enregistrée depuis cinq ans, après 1,7% en 2015 et de 1,6% en 2014. Les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne une hausse de 1,8% du PIB.

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La bonne santé du marché de l’emploi et les hausses de salaires, qui ont soutenu la demande intérieure, elle-même devenue le premier moteur de la croissance, ont aussi profité aux comptes publics. L’Allemagne a ainsi enregistré un excédent budgétaire de 19,2 milliards d’euros en 2016, soit 0,6% du PIB.

« C’est unique au niveau européen et même au monde »

Au niveau de l’Etat fédéral, c’est-à-dire sans compter les Länder, les communes et les comptes sociaux, l’excédent budgétaire a atteint 6,2 milliards d’euros. Une somme qui parait astronomique quand on sait que le gouvernement a consacré quelque 20 milliards d’euros à l’accueil et l’intégration de réfugiés, dont près de 1,3 million sont venus depuis 2015.

Malgré cette charge exceptionnelle, et une augmentation des investissements, l’Etat fédéral a enregistré un excédent budgétaire pour la troisième fois de suite. « C’est unique au niveau européen et même au monde », souligne-t-on avec fierté dans l’entourage du ministre des Finances Wolfgang Schäuble.

L’impression d’abondance attise les convoitises

Le gouvernement se prépare toutefois à une discussion, aussi bien sur le plan national et international. A neuf mois des élections, l’impression d’abondance attise les convoitises. Tout en plaidant pour un remboursement de la dette, l’Union chrétienne-démocrate (CDU) veut baisser les impôts.

Le Parti social-démocrate (SPD) n’exclut pas cette option mais préfère préparer l’avenir et investir davantage. Alors que certaines cotisations sociales, dont l’assurance dépendance ou retraite, sont appelées à augmenter, et que l’inflation repart, le débat sur le partage de la cagnotte promet de s’accentuer.

Mais il devrait également croître au niveau international. Avec ses poches pleines, l’Allemagne aura plus de mal à justifier son opposition à un effacement de la dette grecque, une position trop rigide dans les négociations du budget de l’Union européenne sans la Grande-Bretagne ou son retard relatif en matière de dépenses militaires.

Le sujet pourrait s’inviter dans la campagne française

Le gouvernement n’en demeure pas moins droit dans ses bottes et juge faire les efforts nécessaires. Il met en avant la hausse de ses investissements dans les infrastructures, qui a juste l’inconvénient d’être freinée par les capacités techniques de planification des Länder ou des communes, ou encore les coups de pouce aux salaires et retraite.

Le sujet pourrait s’inviter dans la campagne française. « La sur-consolidation budgétaire n‘est pas bonne pour l’Allemagne et pas bonne pour la zone euro », a déclaré mardi à Berlin Emmanuel Macron , qui est pourtant un ardent défenseur de l’Europe et du couple franco-allemand. Le candidat d’En Marche propose que la France se réforme et l’Allemagne investisse.

Il aurait pu ajouter que l’Allemagne, qui critique volontiers la Banque centrale européenne, est le premier profiteur de sa politique. Grâce aux taux historiquement bas, l’Etat fédéral a payé 17,5 milliards d’euros pour le service de sa dette, contre 21 milliards en 2015 et le double du niveau des années 2000.

Thibaut Madelin

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