UKRAINE. La chute du président Ianoukovitch, le retour de l'opposante Timochenko : récit d'une folle journée

UKRAINE. La chute du président Ianoukovitch, le retour de l'opposante Timochenko : récit d'une folle journée

    Les événements se sont encore accélérés ce samedi en Ukraine, après la flambée de violence qui a fait des dizaines de morts en trois jours. Au lendemain d'un accord signé par le président ukrainien, en présence des médiateurs européens, l'opposition a pris le contrôle du Parlement dans une ambiance de fin de règne pour Viktor Ianoukovitch. Depuis vendredi soir, des informations contradictoires sur son éventuelle démission circulaient. Mais réfugié à Kharkiv, dans l'est du pays, son fief politique, le président a affirmé qu'il ne donnera pas sa démission et dénoncé un «coup d'Etat».

    En fin d'après-midi, c'est finalement le Parlement, la Verkhovna Rada, qui a voté la destitution du président élu en 2010.

    Depuis le matin, les signes avant-coureurs d'une chute du pouvoir se multipliaient, après la démission du président du Parlement et d'une quarantaine de députés proches de Ianoukovitch. Le bras droit de l'opposante Ioulia Timochenko avait été élu pour lui succéder. Un autre proche de Timochenko a été désigné à la tête du ministère de l'Intérieur, tandis que le Parlement votait une résolution pour libérer «immédiatement» l'opposante. L'ancienne égérie de la Révolution orange de 2005 a été libérée en fin d'après-midi après deux ans d'incarcération et s'est aussitôt rendue à Kiev où elle est apparue place Maïdan. Des dizaines de milliers de personnes ont écouté son discours.

    >>> Les événements de ce samedi :

    22h45.  Ianoukovitch a tenté de corrompre les gardes-frontières pour faire décoller son avion. L'ex-président a quitté Kiev et s'est rendu à Kharkiv (est) où il a donné une interview télévisée, mais on ignorait où il se trouvait samedi soir. «Un avion privé, qui devait décoller de l'aéroport de Donetsk (est), n'avait pas ses autorisations en ordre. Quand les responsables sont arrivés pour vérifier les documents, ils ont été accueillis par des hommes armés qui leur ont proposé de l'argent pour pouvoir décoller sans autorisation», a déclaré le porte-parole des gardes-frontières, Sergiy Astahov, ajoutant que cette offre a été refusée. «Peu après, deux véhicules blindés se sont arrêtés près de l'avion et le président en est sorti et a quitté l'aéroport», a-t-il ajouté.

    Le porte-parole n'a pas pu préciser la destination de l'avion, mais le chef de l'Etat tentait de s'enfuir en Russie, selon le nouveau président du Parlement, Olexandre Tourtchinov, issu de l'opposition.

    21h35. Tusk : «Les difficultés ne font que commencer». C'est ce qu'assure le Premier ministre polonais Donald Tusk dans son intrigante mise en garde sur la télévision privée TVN24. Selon lui, le plus important est à présent de maintenir la paix qui reste très fragile.

    21h30. Les intrigantes déclarations du Premier ministre polonais. «Je ne le dis pas pour faire peur à qui que se soit mais on voit clairement qu'il existe des forces souhaitant remettre en question l'intégrité de l'Ukraine», déclare Donald Tusk à la télévision privée TVN24. «Il faut que l'on dise de façon ferme et claire que ce scénario n'est pas envisageable, mais les menaces sont réelles. (...) Le temps viendra encore et le monde apprendra de façon très précise qui a agi, et pourquoi, pour affaiblir et même désintégrer l'Ukraine», assure-t-il.

    VIDEO. Ukraine : Timochenko, en larmes, acclamée à Kiev

    21 heures. Fin du discours conclu par le slogan de la révolte : «Gloire à l'Ukraine !»

    20h45. En larmes, Timochenko demande le pardon de la foule «au nom de toute la classe politique». Son discours est perturbé par des agitateurs, évacués manu militari du public.

    20h30. Ioulia Timochenko, en fauteuil roulant, prend la parole face à une immense foule qui l'accueille en triomphe. L'opposante s'enflamme : «Vous êtes les héros de l'Ukraine. C'est vous qui avez offert cette nouvelle Ukraine. Les héros ne meurent jamais.» Elle se veut vindicative contre l'ancien pouvoir : «Ceux qui ont tiré seront punis par les tribunaux les plus sévères. Nos héros sont morts pour que nous puissions mettre fin à la dictature. Chaque homme politique doit garder à l'esprit les morts de Maïdan.»

    Avant de délivrer un message direct aux manifestants : «Vous n'avez pas le droit de quitter le Maïdan tant que votre travail n'est pas terminé».

    20h15. La Maison Blanche salue la libération de Timochenko.

    20 heures. Nouveau bilan du ministère de la Santé des affrontements : 82 morts et 622 blessés.

    19h50. Sur la route de Maïdan, Ioulia Timochenko rend hommage aux morts, «héros de l'Ukraine».

    18h45. Ioulia Timochenko est arrivée à Kiev, selon l'agence de presse ukrainienne Interfax.

    18h20. La Commission européenne salue la libération de Timochenko. Son président José Manuel Barroso souligne aussi sur Twitter «l'indépendance de la justice».

    17h55. Ianoukovitch aurait essayé de prendre un avion pour la Russie selon le président du Parlement.  «Il en a été empêché par des gardes-frontières. Il se cache actuellement quelque part dans la région de Donetsk», région pro-russe dans l'est de l'Ukraine dont il est originaire, a-t-il dit, cité par l'agence Interfax.

    17h45. La Grande-Bretagne prête à soutenir le nouveau pouvoir. Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague salue dans un communiqué les «avancées extraordinaires» en Ukraine, se disant prêt à soutenir «un nouveau gouvernement» et le déblocage d'une aide financière du Fonds monétaire international (FMI).

    17h30. «La dictature est tombée» se félicite l'opposante et ex-Premier ministre Ioulia Timochenko dans sa première déclaration depuis sa libération, sur le site internet de son parti.

    17h05. Le président déchu Ianoukovitch juge sa destitution «illégale».

    16h45. L'opposante Ioulia Timochenko sort de l'hôpital où elle était emprisonnée. Dans une voiture, coiffée de sa tresse emblématique, elle fait un signe de la main aux journalistes et à ses partisans qui l'attendaient devant l'hôpital carcéral où elle était soignée pour hernies discales à Kharkiv (est). Elle va prendre un avion et se rendre à Kiev, sur le Maïdan, indique son allié Arseni Iatseniouk.

    16h15. Le Parlement vote la destitution du président Ianoukovitch. Les députés fixent aussi l'élection présidentielle au 25 mai.

    VIDEO. Le parlement vote la destitution de Victor Ianoukovitch

    16 heures. Moscou dénonce l'opposition et une menace sur la souveraineté. Selon la Russie, «l'opposition n'a non seulement pas rempli une seule de ses obligations mais avance de nouvelles exigences, se soumettant aux extrémistes armés et aux pillards dont les actes constituent une menace directe pour la souveraineté et l'ordre constitutionnel de l'Ukraine», d'après un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

    15h50. La Pologne refuse de parler de coup d'Etat. Le ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski estime que les événements à Kiev ne constituent pas un coup d'Etat. «Les bâtiments gouvernementaux ont été abandonnés. Le président du Conseil élu légalement. Le président Ianoukovitch a 24 heures pour signer l'entrée en vigueur de la Constitution de 2004» affirme le diplomate.

    15h45. L'armée refuse de s'impliquer dans le conflit. L'armée ukrainienne ne sera «impliquée en aucune manière» indique le personnel du ministère de la Défense dans un communiqué qui se termine par la phrase «Gloire à l'Ukraine!», slogan favori des manifestants.

    15h15. Ianoukovitch dénonce «un coup d'Etat» et refuse de démissionner. Une télévision ukrainienne rapporte les propos du dirigeant depuis son fief pro-russe l'est du pays. «Le pays assiste à un coup d'Etat», déclare-t-il. «Je n'ai pas l'intention de donner ma démission. Je suis un président élu de manière légitime. Je n'ai pas l'intention de quitter le pays», martèle le président en exercice. Il fait un parallèle avec l'arrivée des Nazis en Allemagne dans les années 30.

    Il affirme que sa voiture avait été visée par des coups de feu à Kiev. «Mais je n'ai pas peur» ajouté le leader contesté.

    15h05. Des opposants visitent la résidence présidentielle de Ianoukovitch. Dans le calme, les manifestants de Maïdan ont investi la somptueuse résidence de 60 ha du président afin de la mettre sous leur protection.

    VIDEO. Les manifestants investissent la luxueuse résidence présidentielle

    14h45. Le nouveau président du Parlement promet un retour au «fonctionnement normal des institutions». Olexandre Tourtchinov, bras droit de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko, a déclaré que «le principal objectif, c'est de reprendre le fonctionnement des institutions. Le Parlement m'a chargé de coordonner l'activité du gouvernement et de stabiliser la situation».

    14h30. La démission de Ianoukovitch démentie. Alors que la presse annonce la démission du président ukrainien, la conseillère de Viktor Ianoukovitch dément cette information.

    14 heures. Le président Ianoukovitch a promis de démissionner, selon un député. Le président Ianoukovitch a promis de donner sa démission lors d'une conversation téléphonique avec l'un des leaders de l'opposition Arseni Iatseniouk, a indiqué le député d'opposition Mykola Kateryntchouk. «Iatseniouk a exigé au nom du Maïdan (haut lieu de la contestation) que Ianoukovitch donne sa démission. Ianoukovitch a promis de le faire. Nous attendons la confirmation écrite», a déclaré M. Kateryntchouk devant la presse.

    VIDEO. En direct de Kiev :

    13h40. Où est Ioulia Timochenko ? Après avoir dit que l'opposante avait été libérée, son porte-parole assure désormais à Associated Press que ce n'est pas encore le cas.

    13h15. L'Allemagne intervient. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, appelle le gouvernement et l'opposition en Ukraine à respecter l'accord de sortie de crise. «Il dépend désormais des deux parties au conflit - aussi bien du côté du gouvernement que de celui de l'opposition - de s'en tenir à ce qui a été convenu et de commencer à édifier un rapport de confiance», estime le ministre.

    12h50. Ianoukovitch devrait s'exprimer à la télévision. Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch se trouve actuellement à Kharkiv, ville de l'est de l'Ukraine, affirme sa conseillère Ganna German, au moment où son pouvoir semble vaciller à Kiev. «Le président remplit ses fonctions constitutionnelles. Il va s'exprimer aujourd'hui à la télévision à Kharkiv», affirme-t-elle, précisant que le président ne participe pas au congrès des régions ukrainiennes pro-russes qui se déroule à Kharkiv. L'objectif de ce congrès, auquel participent près de 4.000 délégués est d'«éviter le bain de sang dans les régions», indique le gouverneur de la région de Kharkiv Mikhaïlo Dobkine en ouvrant la réunion.

    12h38. Le Parlement vote la libération de l'opposante Ioulia Timochenko. Le texte, voté à 322 voix, «prévoit la libération immédiate de Ioulia Timochenko sur la base d'une décision de la Cour européenne», explique à l'AFP le député Viktor Chvets, juriste du parti Batkivchtchina dont fait partie l'opposante emprisonnée.

    VIDEO. Ukraine : le Parlement vote pour la libération de Timochenko

    12h30. Un proche de Timochenko devient ministre de l'Intérieur. Un proche de l'opposante emprisonnée IouliaTimochenko devient ministre de l'Intérieur par intérim. Arsen Avakov a été élu lors d'une séance parlementaire avec 275 voix sur un total de 324 votants.

    12h05. La police est aux côtés du peuple. La police ukrainienne déclare être «aux côtés du peuple» et partager ses aspirations «aux changements rapides», dans un communiqué publié au nom de l'ensemble des effectifs du ministère de l'Intérieur sur son site officiel. «La police est au service du peuple et partage entièrement ses aspirations aux changements rapides», souligne le texte. «Nous rendons hommage aux morts dans les violences cette semaine à Kiev», dont le bilan est de 80 morts.

    11h40.  Le bras droit de l'opposante Timochenko élu président du Parlement. Le bras droit de l'opposante Ioulia Timochenko, Olexandre Tourtchinov est élu président du Parlement ukrainien, lors d'une séance parlementaire avec 288 voix sur un total de 450. Il remplace un proche du président Viktor Ianoukovitch démissionnaire dans la matinée. «Le pouvoir en Ukraine reprend son travail pour stabiliser la situation», déclare le nouveau président.

    11h15. Des manifestants dans l'enceinte de la présidence, dans le centre de la capitale. «Nous tenons le périmètre de l'administration par sécurité pour protéger la propriété», déclare Mykola Velitchkovich, responsable adjoint du Groupe d'autodéfense du Maïdan. Aucun policier ni soldat n'est en vue.

    VIDEO. Les manifestants ukrainiens dans le bâtiment de la présidence

    11 heures. Les manifestants occupent toujours le Maïdan. Sur la place de l'Indépendance transformée en quasi-zone de guerre depuis le début de la crise il y a trois mois, des milliers de personnes sont toujours rassemblées, se restaurant auprès des tentes ou portant du matériel destiné aux barricades. Nul signe de démontage des installations n'est visible.

    10h45. Personne ne sait où se trouve Ianoukovitch. Le lieu où se trouve le président ukrainien est inconnu, après qu'un responsable américain a affirmé dans la nuit de vendredi à samedi qu'il s'était rendu à Kharkiv (est du pays). Depuis, personne ne sait où le président ukrainien se trouve.

    10h30. L'opposition veut que le Parlement lance une procédure de destitution.  L'opposition appelle le Parlement à lancer une procédure de destitution du président Viktor Ianoukovitch, qui pourrait avoir déjà quitté le pays. Selon un journaliste de France 24, les parlementaires s'apprêteraient à voter une motion de défiance en vue de cette destitution.

    9h50. Vitali Klitschko affirme devant les députés que Viktor Ianoukovitch a quitté Kiev. Un autre député affirme qu'il a même quitté le pays.

    9h40.  Des journalistes dans la résidence du président. Corroborant la thèse d'une fuite possible du président, des journalistes de la télévision Kanal 5 racontent avoir pénétré sans difficulté dans la résidence du président, placée d'habitude sous très haute protection, dans la banlieue de Kiev. Par ailleurs, des manifestants se trouvent à une cinquantaine de mètres de l'entrée de la présidence, dans le centre de la capitale.

    9h40. Klitschko appelle à une élection présidentielle d'ici au 25 mai. L'opposition appelle à la destitution du président Viktor Ianoukovitch et à la convocation d'une élection anticipée d'ici au 25 mai. «Nous exigeons une présidentielle anticipée d'ici au 25 mai», déclare Vitali Klitschko, l'un des leaders de l'opposition. «Le Parlement doit adopter une résolution exigeant que Ianoukovitch donne sa démission», ajoute-t-il.

    9h30. Klitschko : «Le Parlement doit contraindre Ianoukovitch à démissionner immédiatement». Vitali Klitschko, opposant ukrainien et ancien champion de boxe, demande au parlement la démission du président ukrainien : «Le Parlement doit contraindre Ianoukovitch à démissionner immédiatement», dit-il.

    9 heures. Le président du Parlement, un proche de Ianoukovitch, démissionne. Le président du Parlement ukrainien, un proche du président Viktor Ianoukovitch, a donné samedi sa démission, annonce le vice-président du parlement pendant la séance. Volodymyr Rybak a démissionné après qu'une quarantaine de députés du Parti des régions, au pouvoir, ont annoncé qu'ils quittaient cette formation.

    8h50. Klitschko veut demander la démission de Ianoukovitch. L'opposant ukrainien et ancien champion de boxe, Vitali Klitschko, veut déposer un texte au parlement pour demander la démission du  président ukrainien Viktor Ianoukovitch

    0h05. Rumeurs de fuite du président ukrainien. Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch s'est rendu vendredi dans l'est du pays pour assister à une réunion politique, a indiqué un haut diplomate américain interrogé à propos de rumeurs de «fuite» du président ukrainien de Kiev, après avoir scellé un accord avec l'opposition. «Selon nos informations et j'ai parlé au ministre des Affaires étrangères il y a une heure et demie, le président Ianoukovitch est allé à Kharkiv dans l'Est pour une sorte de réunion qui se tient là-bas», a dit ce responsable rappelant que cette région de l'Ukraine était le fief politique du chef de l'Ã?tat.

    CHRONOLOGIE INTERACTIVE. Le récit de la crise ukrainienne

    VIDEO. Ukraine : les manifestants prennent acte des élections anticipées

    VIDEO. Ukraine : accord signé, prudence sur la place Maïdan