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Société

Une nouvelle étude dresse le portrait de la communauté catholique française

Publiée ce jeudi par La Croix et par Le Pèlerin, l'étude démontre une grande diversité d'opinions parmi le groupe des catholiques.
Des croix et des crucifix dans une boutique de Lourdes, France, le 5 novembre 2016. (REUTERS/Regis Duvignau)

Une enquête commandée par le groupe de presse catholique Bayard à l'institut de sondage Ipsos dresse le portrait des catholiques français à l'orée de la présidentielle française. Publiée ce jeudi par La Croix et par Le Pèlerin, l'étude indique qu'il ne suffit pas qu'un candidat soit de droite ou qu'il se déclare catholique pour acquérir les voix de ce groupe, fort hétérogène.

L'enquête a été conduite sous la supervision de deux sociologues, Philippe Cibois et Yann Raison du Cleuziou, qui ont pu quantifier les différentes composantes de la croyance catholique. Pour l'établir, ils ont dépassé la traditionnelle distinction selon le degré de pratique ou de fréquentation des messes. Ces derniers, selon le sociologue, « ne permet[ent] pas de tout comprendre ». L'étude ne s'est donc pas restreinte aux 5 pour cent de la population française qui vont à la messe régulièrement, ni interrogé les 53 pour cent qui se disent catholiques. Mais plutôt le nouveau chiffre des 23 pour cent de catholiques « engagés ». Ces derniers seraient rattachés à la pratique catholique de manière plus ou moins forte : par le mariage à l'église, le catéchisme, une action caritative ou catholique, la spiritualité, entre autres.

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Six genres de catholiques

De ces 23 pour cent de la population, on regroupe les catholiques français dans six ensembles, selon leur engagement plus ou moins fort et sa forme, ainsi qu'à partir de leur position envers les migrants et leur position politique — notamment envers le Front National. Toutefois, on retrouve des mêmes clivages à l'intérieur même de chaque groupe qui défient les stéréotypes, comme le note l'auteur Yann Raison dans Le Monde : « Dans chacun de ces univers, il y a de l'hétérogénéité. On y retrouve divers rapports à la pratique ou à l'offre politique, mais dans des proportions différentes. »

« Les festifs » représentent la plus grande partie — soit 45 pour cent — des catholiques. Ce sont ceux qu'on qualifie normalement de « non-pratiquants ». Ils le font lors de rites de passage de la vie et sont très faiblement engagés. Sociologiquement issus surtout de milieu populaire, ils votent surtout à droite : il s'agit du groupe qui a le plus fort électorat FN, soit 22% — en ligne avec la moyenne française. Ils sont très hostiles envers les migrants et ont très peu participé à la Manif pour tous.

Suivent alors les « saisonniers fraternels », qui forment 26 pour cent. Ce sont les plus hostiles au Front National et sont placés à gauche et au centre droit de l'échiquier politique. Selon l'étude, ils manifestent une grande hospitalité envers les migrants, à l'image de leur « chouchou » le pape François. Ils ont un niveau assez faible d'engagement, manifesté lors des grandes dates catholiques. Ce sont les plus hétérogènes sociologiquement.

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Attachés au concile Vatican II, les « conciliaires » représentent 14 pour cent et ont un haut niveau d'engagement religieux : participation à la messe et aux pèlerinages. À l'image des saisonniers, ils souhaitent un accueil inconditionnel des migrants. Ils votent surtout à gauche et sont majoritairement opposés au FN. Toutefois, ils ont souvent soutenu la Manif pour tous.

Puis les «observants », qui sont très pratiquants et attachés à la messe en latin, sont très marqués par le style de vie bourgeois. Votent surtout à droite et sont très proches de la Manif pour tous — le seul groupe où la mobilisation a été majoritaire. Ce groupe représente 7 pour cent des « engagés »et se veut porteur du modèle de la famille, défiant majoritairement les migrants.

Proches des « observants », les « inspirés » représentent 4 pour cent. Très attachés à la liturgie et à la communauté de la messe, ils votent majoritairement à droite et pour le FN. Ils se montrent favorables au pape François mais frileux à l'égard des migrants.

Finalement, les « émancipés » (4 pour cent) sont engagés contre les injustices de manière politique ou dans les luttes sociales, au lieu de pratiquer leur spiritualité dans les cultes. Communément appelés « cathos de gauche », toutes les classes d'âge sont présentes. Ils votent centre droit ou pour le parti socialiste (PS). Même s'ils se démarquent de la Manif pour tous, ce sont eux qui sont les plus hostiles aux migrants, car ils les assimilent aux musulmans qui à leurs yeux mettent en péril l'émancipation des femmes et la liberté des homosexuels.

L'enquête démontre donc une grande diversité d'opinions parmi le groupe des catholiques. Contrairement du stéréotype véhiculé, l'étude démontre que la plupart des catholiques français n'ont pas souhaité prendre part à la Manif pour tous. 73 pour cent ont refusé de participer aux manifestations contre le mariage homosexuel en 2013. Ainsi, seulement 6 pour cent des catholiques « engagés » ont participé à ces manifestations.


Suivez Henrique Valadares sur Twitter : @HenriqValadares