Article proposé par Exponaute
Imaginez un photographe, boîtier en bandoulière, marcher durant de longues heures dans les campagnes environnantes, à la recherche de plateaux, prés et prairies où la végétation rase offre un paysage épuré, clairsemé, permettant au regard de se perdre vers l’horizon. Puis, l’artiste s’arrête enfin après une longue pérégrination, face à un arbre imposant, d’autant plus impressionnant dans cette campagne plate qu’il est esseulé.
C’est précisément ce que cherche Myoung Ho Lee : des essences aux branches dénudées mais fières, aux troncs offrant des textures complexes, comme trônant fièrement dans un paysage qu’il domine de toute sa majesté. Il ne reste plus au photographe qu’à installer un grand fond blanc uni, de ceux que l’on utilise dans les plus célèbres studios de photographie de mode ; et la scénographie est installée. Place désormais à la rêverie, à l’imagination.
Le coup de génie de Myoung Ho Lee prend tout son sens et fait des miracles. Quoi de plus simple en effet, que de tirer un drap blanc derrière un bel arbre solennel ? Pourtant, ce tour de passe-passe déconstruit brusquement notre vision traditionnelle du paysage, tandis que l’artificiel fait une brusque irruption dans la nature, forçant notre vision à se recadrer sans pour autant que le plan s’en retrouve coupé ; tandis que l’arbre, sujet principal de l’œuvre photographique est isolé du reste de son environnement naturel sans pour autant être déraciné.
Une fois de plus, le photographe prouve que la simplicité, à condition qu’elle soit utilisée avec délicatesse et une touche de fantaisie, peut faire des merveilles et créer des œuvres d’une force surprenante.
Avec une grande économie de moyen, via une idée d’une simplicité déroutante, Myoung Ho Lee propose un œil inédit sur la très classique photographie de paysage. Ce drap blanc tendu découpe minutieusement la silhouette de l’arbre (sapin, saule pleureur, cèdre ou parfois même simple buisson), révèle toutes les complexités de l’essence, le met en valeur tandis qu’autour de lui, tout l’espace paraît faire silence ; comme pour mieux contempler ce spectacle de sérénité et de beauté pure.
Myoung Ho Lee nous susurre qu’il faut savoir rester humble face aux merveilles de la nature, soucieux de ce qui compose un paysage et devant lequel on passe trop souvent, insouciant, indifférent.
Ce nouvel encadrement, artificiel et respectueux à la fois, donne la possibilité au photographe de faire ressortir les différentes ambiances des saisons. Du printemps à l’hiver, les essences photographiées par l’artiste déploient leurs bourgeons, tendent vers le ciel leurs feuilles, ou grelottent, nues, dans la bise hivernale. La séparation n’a rien de brusque, elle s’impose gracieusement à travers un paysage que l’on a soudainement envie de détailler ; comme si notre regard avait été dépouillé de ces habitudes désenchantées qui nous aveuglent.
Contemplons-nous une peinture ? Regardons-nous une photographie ? Admirons-nous une nouvelle contextualisation ? L’arbre, bien sûr, est encore partie intégrante de son paysage, mais d’une manière sensiblement différente. L’étrangeté dispute à la poésie, l’imagination prend le pas sur l’étonnement initial. Myounh Ho Lee nous propose un instant de contemplation, de fantaisie. Et c’est magnifique.
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