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Peut-on encore ressusciter la solution des deux Etats?

Jamais l'Etat hébreu n'accepterait d'évacuer massivement ses quelque 600 000 citoyens vivant dans les implantations juives en Cisjordanie occupée ou dans la Jérusalem-Est annexée.

Même les optimistes la disent moribonde, voire à l'agonie. Pour les pessimistes, c'est carrément trop tard: elle serait morte et enterrée. La «solution des deux Etats» pour régler le conflit israélo-palestinien fera l'objet d'une opération de sauvetage in extremisdimanche après-midi à Paris, lors d'une grande conférence réunissant les représentants de 70 pays pour réaffirmer l'engagement de la communauté internationale. Objectif: tenter, avant qu'il ne soit trop tard, une réanimation forcée du processus de paix suspendu depuis près de trois ans. Et cela, en dépit du refus israélien de participer à cette rencontre «truquée par les Palestiniens sous les auspices de la France pour adopter de nouvelles positions anti-israéliennes», selon les mots du premier ministre Benjamin Netanyahou.

L'entreprise serait-elle vouée à l'échec? On est tenté de le croire. Bien que tout le monde ou presque continue de soutenir officiellement la solution des deux Etats, les deux tiers des Palestiniens et une partie non négligeable des Israéliens jugent désormais impossible d'y parvenir. Jamais l'Etat hébreu n'accepterait d'évacuer massivement ses quelque 600 000 citoyens vivant dans les implantations juives en Cisjordanie occupée ou dans la Jérusalem-Est annexée. Entre quatre yeux, bien des diplomates en conviennent.

Dépités, de plus en plus de Palestiniens abandonnent l'idée de souveraineté et appellent de leurs vœux un unique Etat binational entre la Méditerranée et les rives du Jourdain. Après cinquante ans d'occupation israélienne (entamée en 1967 suite à la guerre des Six Jours), il y aurait désormais en Cisjordanie 36% de la population arabe souhaitant avoir la citoyenneté de l'Etat hébreu, selon un sondage réalisé le mois dernier par le Palestinian Center for Policy and Survey Research.

Ceux-là veulent bien sûr améliorer leurs conditions de vie, mais ils comptent aussi devenir majoritaires dans un très proche avenir, ce qui marquerait la fin du caractère juif de l'Etat d'Israël. A moins bien sûr d'aboutir à un régime d'apartheid mettant le pays au ban de la communauté internationale.

Tentés par l'annexion

Côté israélien, la proposition qui fait débat, c'est celle du très controversé Naftali Bennett, ministre de l'Education issu de la droite religieuse, qui suggère d'annexer tout bonnement 60% de la Cisjordanie, englobant du coup la plupart des implantations juives et seulement 100 000 Palestiniens. Quant au reste du territoire, il bénéficierait d'une «autonomie boostée aux stéroïdes». Mais pas question de perdre le contrôle sécuritaire.

Pour l'instant, il n'en est évidemment pas question. Mais force est de constater que la coalition de partis formée par Benjamin Netanyahou est très favorable aux colons. Certains ministres vivent dans des implantations juives, tel l'inénarrable Avigdor Lieberman, actuel ministre de la Défense. Par ailleurs, les Etats-Unis, grand allié et protecteur d'Israël, vont désormais être gouvernés par Donald Trump. Or celui-ci vient de nommer David Friedman au poste d'ambassadeur à Tel-Aviv, un homme qui a lui-même financé le développement d'une implantation et qui n'apprécie guère la solution des deux Etats. Celui-ci a déclaré en décembre que le président Trump ne chercherait pas à dicter à Israël sa politique.

Dernière minute

Autant dire que la conférence de Paris intervient dans un climat pour le moins défavorable. L'initiative française paraît même désespérée, à cinq jours de l'entrée en fonctions de Donald Trump le 20 janvier. En théorie, le Conseil de sécurité de l'ONU pourrait encore voter ce mardi des sanctions contre la colonisation israélienne, faisant suite à la résolution adoptée le 23 décembre lorsque les Etats-Unis se sont exceptionnellement abstenus d'opposer leur veto. Mais cela paraît peu vraisemblable.

Dimanche, sans doute, la communauté internationale appellera les deux chefs de gouvernement israélien et palestinien à réaffirmer leur engagement en faveur de la solution des deux Etats et à se séparer des ministres qui s'y opposent. Un vœu pieux.