Présidentielle : Macron s'incruste

FAIT DU JOUR. Ses détracteurs lui prédisaient la durée de vie d'un météore, mais la candidature d'Emmanuel Macron prend corps et inquiète ses adversaires.

    En privé, Emmanuel Macron affiche une assurance tranquille : « Je ne peux pas dire que je suis aujourd'hui à un tournant. Si je n'y avais pas cru depuis le début, je n'aurais pas livré ce combat. » Comme si cela coulait de source, il ajoute : « Il y a des gens qui ne veulent pas s'habituer au réel, donc ils vous disent que vous êtes virtuel. » Ces derniers jours, le président d'En marche fait monter la pression sur le PS, qui joue très gros avec sa primaire. Il l'assure, cette compétition, il n'y croit guère. Mais son résultat sera, pour lui, décisif. En attendant, il profite d'être seul dans son couloir pour installer sa candidature.

    Ses meetings font le plein

    Macron a frappé un grand coup en réunissant 10 000 personnes, porte de Versailles (Paris XV e ), en décembre. Depuis, ses meetings ne désemplissent pas : 4 000 personnes ont encore afflué à Lille (Nord), samedi. En marche a mis en place une organisation millimétrée. Le mouvement peut compter sur 12 000 volontaires. Leurs compétences identifiées, ils constituent une force mobilisable partout en France. Et bénévole! Ce qui est bienvenu, puisque le mouvement — qui n'a pas d'élus — subsiste grâce aux dons (quelque 5 M€ auraient été récoltés).

    Au lendemain des meetings, des questionnaires de satisfaction sont désormais adressés aux participants pour leur demander ce qu'ils en ont pensé, mais aussi de citer les propositions qui les ont le plus marqués. Le but, en savoir plus sur le profil de ces sympathisants. Résultat ? La majorité d'entre eux assistent à leur premier meeting. Et les moins de 35 ans viennent en masse. « Il y a de plus en plus de participants qui ne sont pas adhérents, cela permet d'élargir la base », se satisfait-on chez Macron.

    Il engrange les soutiens

    Le centriste Jean-Marie Cavada, l'écologiste Corinne Lepage et le communicant Claude Posternak. L'ancien ministre de Jacques Chirac, Jean-Paul Delevoye. Des cadres du MoDem. Mais surtout l e président de France Stratégie, Jean Pisani-Ferry, désormais en charge du programme. Les ralliements ont afflué cette semaine. « Pisani-Ferry, en termes de crédibilité et de fond, c'est majeur », s'emballe un proche du candidat, quand un autre lâche : « C'est notre Zidane à nous! » Cela manque toutefois de têtes d'affiche. L'entourage de Macron a bon espoir d'obtenir le soutien de Ségolène Royal. Et ne rompt pas le fil des discussions avec les amis de François Hollande, pas plus qu'avec François Bayrou et certains écologistes de poids. Surtout, il s'attend « à des ralliements de l'UDI » et parie que « si Valls est éliminé à la primaire, il y aura un appel de députés PS en faveur de Macron ».

    Il peaufine sa stature internationale...

    Jamais élu, Emmanuel Macron, 39 ans, pose question. A-t-il les épaules? Ses proches veulent croire qu' il a marqué les esprits, la semaine dernière, à Berlin. Il a déroulé sa vision de l'Europe et rencontré des économistes et syndicalistes allemands, Martin Schulz, le président du Parlement européen, mais pas, comme escompté, le ministre de l'Economie, Sigmar Gabriel. La semaine prochaine, il se rendra au Liban et en Jordanie, où il compte s'entretenir avec les plus hautes autorités de l'Etat.

    ... et son programme

    Autre problème, les propositions de Macron restent mal identifiées. Sa candidature serait creuse. Il s'en défend. Assurant être « le candidat le plus clair », épinglant les revirements de Manuel Valls et de François Fillon, mais aussi « le projet à géométrie variable » du FN. Mêlant des mesures libérales, et d'autres ancrées à gauche, Macron arpente le terrain. Santé, crise migratoire, sécurité, environnement, il décline, ce mois-ci, de nouvelles propositions. En février, il présentera le chiffrage de son programme. Puis l'intégralité de son « plan de transformation ». Indispensable pour gagner en crédibilité.

    QUESTION DU JOUR. Présidentielle : est-ce qu'Emmanuel Macron peut aller au bout?

    VIDEO. Qui vient écouter Macron ?