Depuis l’ISS, la Station spatiale internationale, l’astronaute français Thomas Pesquet nous envoie des nouvelles du cosmos et nous offre une flopée d’instants sidéraux, et sidérants, de sa vie quotidienne en apesanteur.
Publié le 17 janvier 2017 à 07h00
Mis à jour le 08 décembre 2020 à 03h33
Thomas Pesquet, alias Thom_astro, l’un des six membres d’équipage de la mission Proxima, est arrivé sur l’ISS (Station spatiale internationale) le 19 novembre 2016 avec sa mini-valisette de 1,5 kilos d’effets personnels (contenant des photos de famille, ses galons de pilote d’Air France et sa ceinture noire de judo, histoire de calmer des velléités de bagarre cosmique). L’astronaute français de l’ESA (European Space Agency) s’y est installé pour six mois. Un séjour dans le néant à la vitesse de à 28 000 km/h !
Avant de quitter la Terre, Thomas Pesquet avait publié son journal de bord dans la presse spécialisée (Ciel et espace). Un récit absolument passionnant, qui aborde tous les aspects techniques de sa préparation (comme la manipulation du bras-robot de 17 mètres de long Canadarm 2), mais aussi la formation médicale que suivent les spationautes. Sans oublier quelques scénarios catastrophes qui peuvent advenir en apesanteur ou lors de leur retour sur Terre : même si la capsule Soyouz amerrissait dans l’océan Pacifique ou tombait dans les neiges de la Sibérie, Thomas et ses camarades sauraient comment réagir (en enfilant leur combinaison étanche ou en construisant un tipi avec la toile de parachute du Soyouz en attendant les secours…). C’est le petit côté « scout toujours » des astronautes.
De la vie à bord de l’ISS, que savait-on ? Beaucoup de choses, puisqu’au fil des missions elle a fini par être largement documentée grâce à une série d’expériences et de petits films.
On avait pu admirer la fleur (comestible) que l’Américain Scott Kelly avait réussi à faire pousser dans l’espace (alors à quand de la roquette et des framboises ?).
On connaissait la façon de faire fondre un comprimé effervescent d’aspirine dans une goutte d’eau sans utiliser de verre (substantielle économie de vaisselle). En 2013, Chris Hadfield tentait – en vain – d’essorer une serviette gorgée d’eau. C’est le côté un peu magicien des cosmonautes.
Grâce à l’Américaine Sunita Williams, chevelure hirsute et collier ondulant comme une anguille, le Terrien avait découvert, à la faveur d’une visite guidée de l’ISS, les chambres à coucher, ainsi que la « salle du trône » (les WC) et leurs astucieux mécanismes d’aspiration et de succion des fluides.
Mais, en deux mois, Thomas Pesquet est allé beaucoup plus loin en communiquant tous azimuts : musique, nourriture, habitudes… Non seulement le spationaute français partage la playlist de l’équipage (#songs4space, avec des titres de David Guetta à DieAntwoord), mais il cause menu de Noël, repas d’anniversaire et recettes du quotidien (cinq cent quarante repas quand même, rien que pour lui !). Côté salle à manger, la cuisine de l’ISS ressemble furieusement à une kitchenette étudiante, un brin fouillis, dans laquelle la vaisselle aurait tendance à s’empiler. Mais ici, pas d’évier. Thomas boit de l’eau dans de grands sachets équipés d’une paille. Il avoue avoir la main lourde sur les épices pour rehausser le goût des plats lyophilisés ou en conserve. En effet, l’absence de gravité augmente l’afflux sanguin à l’intérieur du crâne, qui affecte le goût. « Mon goût aussi a fortement régressé. Tous les aliments me paraissent insipides. Je ne devrais pas faire ça, mais j’ai donc tendance à ajouter beaucoup de sel, de poivre, de Tabasco, pour retrouver des sensations gustatives. »
Enfin, Pesquet est devenu le premier photographe du cosmos, balayant d’un revers d’objectif 800mm les clichés d’un Yann Arthus-Bertrand ou supplantant les images prises par drone. Un plongeon vers le hublot de l’ISS ("la Cupola"), quelques clics au survol des Alpes, des dunes d’Arabie saoudite ou d’un volcan de Hawaii, et un clic final pour éditer ces photographies sur son compte Twitter. C’est le côté intersidéral de @Thom_astro.
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