Harcèlement : une blogueuse dénonce puis se fait harceler sur Twitter

En publiant la capture d'écran du SMS qu'elle venait de recevoir, cette internaute ne se doutait pas qu'elle allait par la suite être violemment insultée sur Twitter. 

ILLUSTRATION. Alors qu'elle voulait dénoncer le SMS dragueur d'un technicien à domicile, la jeune femme a reçu une marée de tweets insultants.
ILLUSTRATION. Alors qu'elle voulait dénoncer le SMS dragueur d'un technicien à domicile, la jeune femme a reçu une marée de tweets insultants. (LOIC VENANCE / AFP.)

    Depuis lundi, le hashtag #harcèlementdomicile a été utilisé plus de 1300 fois sur Twitter. Moins pour dénoncer le harcèlement à domicile que pour se moquer et parfois insulter la jeune blogueuse qui s'était plainte d'avoir reçu un sms de drague de la part d'un technicien Orange qui était intervenu chez elle. 

    Tout commence lorsque la blogueuse, qui se fait appeler Buffy Mars, poste sur Twitter la capture d'écran d'un SMS envoyé par un employé de son fournisseur internet. «Rebonjour, c'est le technicien orange. Juste pour vous dire que vous étiez très jolie et que vous avez un très beau sourire .J'ai pas osé devant mon collègue en formation. Et c'est pas très pro. Voilà, désolé pour la gêne», peut-on lire sur la capture d'écran. La jeune femme commente dans son tweet : «Voilà pourquoi je hais quand des techniciens viennent chez moi.»

    Buffy Mars publie également la réponse cinglante qu'elle a envoyée à l'indélicat : «Bonjour, en effet, ce n'est pas très pro. J'ai pris contact avec le service réclamation orange. Cela va être remonté à votre service. Très bonne journée.»

    «Un livreur de médicaments me demande si "j'ai des tatouages de partout"»


    Le SMS envoyé par le technicien ne peut être qualifié de «harcèlement» car le comportement n'est pas répété comme le stipule la loi, cependant, @CrêpeGeorgette, une féministe connue sur Twitter propose de populariser le hashtag #harcèlementdomicile pour dénoncer. L'appel est lancé et des témoignages affluent. «Quand j'avais 19 ans, un mec de France Loisirs en a profité pour essayer de me toucher et m'embrasser», raconte une internaute. Une autre se rappelle : «Un livreur de médicaments me demande si "j'ai des tatouages de partout"». «Le plombier qui commence à me poser des questions perso, qui fait des remarques déplacées et râle quand je réponds pas», ajoute-t-on encore. 

    Voilà pour les témoignages. Car le hashtag #harcèlementdomicile a surtout servi de défouloir aux internautes qui ont considéré que Buffy Mars avait eu une réaction disproportionnée lorsqu'elle a reçu le SMS du technicien. Depuis lundi, la jeune blogueuse a été mentionnée des centaines de fois dans des tweets tous plus ironiques, moqueurs et insultants les uns que les autres. A tel point que dans l'après-midi, le mot Buffy était inscrit dans les tendances du réseau social au moineau bleu.


    Rappelons tout de même qu'il existe l'article 6 de la loi Informatique et liberté. Cette dernière encadre notamment l'utilisation des données personnes collectées par une entreprise. «Une donnée personnelle, comme un numéro de portable, ne peut être utilisée par la personne l'ayant collectée, en l'occurence Orange directement ou par l'intermédiaire de l'un de ses préposé, le technicien», explique sur son blog Me Thierry Vallat, spécialiste du droit numérique. L'avocat souligne également que le cyberharcèlement, tel que le subit la blogueuse depuis lundi, est inscrit au code pénal depuis août 2014.

    En attendant, Buffy Mars ne permet plus à n'importe qui de la contacter sur Twitter. Son compte est désormais protégé.