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Comprendre le "Brexit dur" de Theresa May en trois questions

Theresa May, la Première ministre britannique arrivée au pouvoir suite au vote du Brexit

© ISABEL INFANTES - AFP

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Par RTBF

Ce mardi, la Première ministre britannique, Theresa May, va dévoiler sa vision du Brexit lors d’un discours à Londres. Selon plusieurs quotidiens britanniques, elle devrait faire le choix d’un Brexit dur. Nathalie Brack, politologue au Cevipol de l’ULB, s'est prêtée au jeu des trois questions pour éclairer la lanterne des auditeurs de Matin Prem1ère dans le brouillard politique londonien.

Pourquoi un Brexit dur et est-ce viable pour le Royaume-Uni?

Theresa May interprète le vote lors du référendum comme étant un stop à l’immigration et une restriction à la libre circulation. Et donc, elle s’orienterait vers un Brexit dur, c’est-à-dire une sortie de l’Union douanière, un retrait du marché intérieur et, surtout, un stop à l’immigration et un stop à la primauté du droit européen sur le droit national britannique. 

Alors, pour l’instant, il y a encore beaucoup d’incertitudes. Ce qu’on a vu pour l’instant, c’est que les prévisions étaient beaucoup plus pessimistes que ça ne l’est en réalité, donc ce n’est pas aussi grave que prévu. Le chômage reste assez stable, il y a une croissance stable, voire en hausse, il y a juste une chute de la livre sterling. Ça s’explique par le fait qu’il n’y a pas eu de longues périodes d’instabilité ou d’incertitude, que May, en tant que Première ministre, elle se ferme.

Mais à long terme, ça reste très difficile à savoir puisque certains anticipent une hausse de l’inflation et donc une hausse des prix, d’autres estiment qu’il y aura une amélioration du marché de l’emploi. Donc, c’est plus l’incertitude puisqu’on ne sait pas si elle sort du marché intérieur et de l’Union douanière, qu’est-ce qui va se passer en termes de droits de douane, et est-ce que, si le Royaume-Uni n’obtient pas ce qu’il veut dans les négociations, il a déjà annoncé qu’il y aurait une possibilité de mettre en place des mesures de dumping fiscal et social. Donc là, à nouveau, on ne sait pas trop comment ça va se passer à long terme au niveau économique, tant pour le Royaume-Uni que pour l’Union européenne.

Quels sont les obstacles, les questions légales pour entamer cette procédure ? Est-ce qu’il faut que le Parlement, finalement, se prononce sur le Brexit ?

Alors là, c’est la grande question. Traditionnellement, le Parlement au Royaume-Uni, c’est l’instance souveraine, c’est la souveraineté parlementaire, ça a été historiquement acquis comme ça. Mais il y a eu, pour cette fois-ci, un référendum et donc se pose la question de l’implication du Parlement. La Cour doit se prononcer à la fin du mois, si le Parlement doit être consulté sur le Brexit. Alors, ça ne va pas, contrairement à ce que certains espèrent, bloquer le Brexit puisque début décembre, il y avait eu le vote d’une motion non contraignante qui a prouvé au Parlement, à une large majorité, le lancement des négociations. Mais tous l’enjeu, c’est le pouvoir du Parlement et le degré de transparence dans les négociations, donc soit la Cour va décider que non le Parlement ne doit pas être consulté, mais c’est assez peu probable, sinon ça va être le Parlement doit être consulté, mais est-ce qu’il doit juste dire oui ou non sur le lancement des négociations et approuver le lancement, soit il a un droit de regard sur les négociations en tant que telles et sur le deal final qui sera obtenu à la fin des négociations.

À l’heure actuelle, au Parlement britannique, y a-t-il une majorité parlementaire pour voter le Brexit ?

Oui, pour la simple raison que c’est très difficile pour des députés d’aller à l’encontre de la volonté populaire. C’était ric-rac, mais ce qu’on voit, c’est qu’il y a une assez forte discipline, il y a eu des dissidents, donc ceux par exemple qui sont issus de circonscriptions électorales, où on a voté en faveur du "rester dans l’Union européenne", là ils peuvent faire dissidence et plutôt voter contre le lancement du Brexit, mais c’est une petite minorité. La plupart de la ligne de leur parti est la ligne qui a été donnée par la majorité populaire, à savoir le Brexit.

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