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Les Français réclament un fort renouvellement des pratiques politiques

EXCLUSIF + DOCUMENT et VIDEO - Les Français affichent une défiance record envers le personnel politique dans le baromètre annuel de la confiance du Cevipof. Mais ils expriment beaucoup d’intérêt pour le débat public et le vote.

Par Stéphane Dupont

Publié le 18 janv. 2017 à 06:15

Plus de 4 millions de votants à la ­primaire de la droite, plusieurs milliers de personnes aux meetings et de Jean-Luc Mélenchon, des émissions de télévision toujours plus nombreuses et souvent très suivies : l’intérêt des Français pour la politique ne faiblit pas, bien au contraire. Ils n’ont pourtant jamais été aussi défiants à l’égard de leurs dirigeants, des élus, des partis et des grandes institutions, montre le ­huitième Baromètre annuel de la confiance politique du Cevipof (le centre de recherches politiques de Sciences po), dont les « Echos » révèlent les résultats en exclusivité.

« Corrompus », « méfiance », « dégoût »...

Le tout dans un climat de désenchantement, de lassitude, de morosité ou de pessimisme très prononcé. Comme si le lien entre les citoyens et leurs représentants était très profondément altéré, voire rompu. « La classe politique est ­perçue comme non empathique, ­corrompue, parlant de manière ­abstraite, ne se souciant que des riches et des puissants, qui n’inspire que peu le respect et ne tient pas ses promesses », résume Bruno Cautrès, chercheur CNRS au Cevipof et enseignant à Sciences po.

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Les réponses rassemblées par OpinionWay auprès de plus de 2.000 personnes durant la deuxième quinzaine de décembre sont de fait sans appel. Pour 89 % des sondés, les responsables politiques « ne se préoccupent pas de ce que pensent les gens comme nous » ; pour 75 %, ils sont « plutôt corrompus »; 40 % des personnes interrogées éprouvent de la « méfiance » en pensant à la politique et 28 % du « dégoût » ; seules 11 % d’entre elles ont « confiance » dans les partis et près des trois quarts (70 %) estiment que « la démocratie ne fonctionne pas bien en France ».

Une hostilité qui est particulièrement forte dans les classes populaires les plus exposées aux conséquences de la mondialisation et qui se retrouve en partie dans le vote en faveur du FN.

« Citoyens critiques »

Les Français ne se passionnent pas moins pour la politique et le débat d’idées. « L’intérêt pour la chose publique ne se dément pas », constate Bruno Cautrès. Une majorité de personnes sondées (56 %) déclare s’intéresser à la politique et le vote aux élections demeure de très loin le moyen privilégié pour peser sur les décisions. Les Français sont « attachés à la démocratie représentative, mais ne sont satisfaits ni de son fonctionnement ni de son efficacité, relève le politologue. Ce sont des citoyens critiques. » Ce qui conduit même 17 % et 49 % d’entre eux à souhaiter respectivement que « l’armée dirige le pays » ou que celui-ci ait à sa tête un « homme fort qui n’a pas à se préoccuper du Parlement ni des élections ». Les sondés expriment une forte aspiration au renouvellement du personnel dirigeant et des pratiques politiques. Une revendication qui, dans certaines couches de la population, peut conduire à une remise en cause de la démocratie.

De ce point de vue, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, qui se présentent à l’élection présidentielle en dehors des partis et de la primaire organisée par le PS, à la tête de deux mouvements citoyens, La France insoumise et En Marche, ont bien saisi l’air du temps. Leurs candidatures, qui se veulent anti-système, le lien direct qu’ils tentent d’établir avec les électeurs et la mobilisation qu’ils organisent sur des valeurs correspondent à une attente forte de l’opinion, si l’on se fie au baromètre du Cevipof.

POUR EN SAVOIR PLUS :

DOCUMENT L'intégralité de l'étude

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