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Des troupes africaines prêtes à intervenir en Gambie pour chasser Jammeh

Le président sortant refuse de céder le pouvoir à Adama Barrow, vainqueur des urnes début décembre. Ce dernier doit être investi jeudi.

Le Monde avec AFP et Reuters

Publié le 18 janvier 2017 à 20h06, modifié le 19 janvier 2017 à 11h49

Temps de Lecture 4 min.

Les rues désertes de Banjul, la capitale gambienne, le 18 janvier.

La tension était palpable dans la nuit du mercredi 18 au jeudi 19 janvier en Gambie. Des troupes de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest se tenaient prêtes à intervenir dans le pays à partir du Sénégal, en cas d’échec des efforts diplomatiques pour convaincre le président sortant Yahya Jammeh de céder le pouvoir à Adama Barrow.

  • Dernière médiation de la Mauritanie, l’ONU mobilisée

Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, qui s’était rendu à Banjul mercredi soir pour rencontrer Yahya Jammeh, a rejoint le Sénégal pour d’ultimes pourparlers afin d’éviter la crise. Il s’est entretenu dans la nuit avec Adama Barrow et avec le président sénégalais Macky Sall à l’aéroport de Dakar.

Depuis décembre 2016, deux missions de dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao, qui regroupe quinze pays) se sont déjà rendues dans le pays pour amener M. Jammeh à céder son fauteuil, sans succès. « Notre proposition de solution est indépendante de toutes les autres, nous l’avons minutieusement préparée », a fait valoir auprès de l’Agence France-Presse (AFP) à Nouakchott un haut responsable de la diplomatie mauritanienne. Le pays n’est pas membre de la Cédéao et entretient de bons rapports avec Yahya Jammeh. Le Maroc et le Nigeria ont proposé formellement d’accueillir l’autocrate gambien si ce dernier acceptait de s’exiler.

A l’ONU, le Sénégal a présenté au Conseil de sécurité un projet de résolution pour soutenir les efforts de la Cédéao sur ce dossier. Dakar demande à la communauté internationale de soutenir « toutes les mesures nécessaires » pour assurer la passation de pouvoir, selon le texte consulté par l’AFP. Selon l’ambassadeur suédois auprès des Nations unies, Olof Skoog, qui assure la présidence tournante du Conseil, un vote sur ce projet pourrait intervenir « à tout moment » si les pourparlers échouent.

L’Union africaine et la Cédéao ont prévenu qu’à compter de jeudi, le seul dirigeant qu’elles reconnaîtraient en Gambie est Adama Barrow.

  • L’armée gambienne refuse de s’engager

Dans le même temps, des troupes ouest-africaines se tenaient prêtes à intervenir en cas d’échec de la négociation, la Cédéao ayant à plusieurs reprises averti qu’elle pourrait avoir recours à la force en dernier ressort. Parmi les pays ayant déployé des soldats figurent le Nigeria, poids lourd régional, et le Sénégal, unique voisin terrestre de cette ancienne colonie britannique de moins de 2 millions d’habitants.

Le porte-parole de l’armée sénégalaise avait préalablement annoncé que l’ultimatum fixé à M. Jammeh prenait fin à minuit, heure locale, à l’expiration de son mandat. « Si la solution politique échoue, nous allons engager » les opérations, a affirmé le colonel Ndiaye. L’armée de l’air nigériane a, de son côté, envoyé 200 hommes et des avions au Sénégal.

Dans la soirée, le chef de l’état-major de l’armée gambienne, Ousman Badjie, a assuré que ses hommes ne se battraient pas si des troupes africaines intervenaient dans le pays. « Nous n’allons pas nous impliquer militairement. Ceci est une dispute politique », a-t-il déclaré à des ressortissants étrangers dans un secteur touristique près de Banjul, selon des témoins. « Je ne vais pas impliquer mes soldats dans un combat stupide. J’aime mes hommes. S’ils entrent, nous ferons comme ça », a-t-il ajouté, mimant le geste de la reddition.

  • Doutes sur l’investiture d’Adama Barrow

Le climat en Gambie s’est encore alourdi lorsque M. Jammeh a décrété mardi l’état d’urgence pour quatre-vingt-dix jours, avec l’approbation de l’Assemblée nationale. Au pouvoir depuis le coup d’Etat de 1994, il refuse de le céder à Adama Barrow, vainqueur de la présidentielle du 1er décembre 2016. Les prochaines heures sont cruciales pour le petit pays anglophone d’Afrique de l’Ouest plongé dans une grave crise depuis que M. Jammeh a annoncé, le 9 décembre, qu’il ne reconnaissait plus les résultats du scrutin, une semaine après avoir félicité son adversaire. Yahya Jammeh affirme vouloir rester en place tant que la justice n’aura pas statué sur ses recours électoraux, malgré les pressions internationales.

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L’investiture de M. Barrow est prévue jeudi. Son entourage soutient invariablement qu’il prêtera serment dans son pays, sans expliquer dans quelles conditions. « Il sera investi en Gambie » mais pas dans un stade comme prévu initialement, a simplement précisé mercredi à Banjul son porte-parole, Halifa Sallah, lors d’une conférence de presse. Depuis le 15 janvier, le président élu est accueilli à Dakar et n’est pas apparu en public.

  • A Banjul, ville en sommeil, les touristes fuient

A Banjul, au fil des heures, les partisans de Yahya Jammeh ont continué de faire défection : la vice-présidente Isatou Njie Saidy a démissionné mercredi, le ministre de la santé Omar Sey la veille. Avant eux, plusieurs ministres avaient quitté leurs fonctions, dont ceux des affaires étrangères, des finances et de l’information.

La capitale gambienne avait mercredi des allures de ville en sommeil. La circulation était réduite, de nombreuses boutiques étaient fermées et des denrées commençaient à manquer dans plusieurs quartiers. Par ailleurs, tous les malades, à l’exception des cas les plus graves, admis à l’hôpital Edward Francis Small, le plus grand du pays, ont commencé à être transférés vers d’autres établissements en raison de sa proximité avec le palais présidentiel.

Un représentant de l’agence de voyage Thomas Cook à Banjul aide des touristes à quitter d’urgence la Gambie le 18 janvier, alors que le Sénégal a donné un ultimatum à minuit au président sortant Yahya Jammeh de céder sa place au président élu Adama Barrow.

Une vague de départs était également enregistrée parmi les touristes, en majorité des Britanniques et des Néerlandais attirés par les plages de sable fin de ce pays, suivant les consignes de leurs gouvernements respectifs.

Le Monde avec AFP et Reuters

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