Que nécessite une investiture d’un président des Etats-Unis ? Officiellement, seulement un homme élu (sinon par le peuple, au moins par le collège électoral), une bible et la récitation d’un serment de trente-cinq mots. C’est tout ce qu’il y a autour – la foule, l’infrastructure temporaire, les locations et les décorations, les dîners et les bals, la sécurité – qui coûte cher.
Le clou de la semaine de célébrations sera le serment du 45e président des Etats-Unis, Donald Trump, qui se déroulera le 20 janvier en milieu de journée (à 18 heures, heure française). La fête a commencé dès lundi dans une ambiance « de retour au travail », comme l’a voulu le principal planificateur, Tom Barrack (oui, c’est son vrai nom).
Malgré des doutes et des approximations, des chiffres circulent, qui demanderont à être vérifiés. Pour les personnes attendues à Washington – M. Trump promet « que c’est en train de devenir encore plus grand que prévu » – on estime qu’elles seront plusieurs centaines de milliers, sûrement autant que pour l’investiture de Barack Obama en 2013 (800 000), mais bien moins que pour celle de 2009 (1,8 million).
Combien est-ce que ça coûtera ?
Le coût de la semaine d’investiture pourrait atteindre les 200 millions de dollars (187,37 millions d’euros), selon les estimations de plusieurs médias américains, ce qui en ferait la plus chère de l’histoire. En 2009, elle aurait coûté près de 170 millions de dollars. On parle en estimations, car il est impossible de savoir combien a coûté, au dollar près, une cérémonie d’investiture. Les financements sont répartis entre dons privés et dotations publiques à plusieurs niveaux, dont les traces se perdent dans les comptes de diverses agences et organismes.
Ce dont on peut être sûr, pour l’arrivée de Donald Trump à Washington, c’est que la part de dons privés dans ce financement, et en particulier ceux de grosses entreprises, sera sans précédent. Le Presidential Inaugural Committee revendique 90 millions de dollars de dons (84,31 millions d’euros), « bien plus que les deux comités de Barack Obama avec 55 millions en 2009 et 43 millions en 2013 », calcule l’agence Associated Press (AP).
Que paiera le contribuable américain ?
La part publique de l’addition sera dépensée par le Joint Congressional Committee on Inaugural Ceremonies, un organisme ad hoc qui organise la cérémonie du serment, notamment l’immense plate-forme près du Capitole pour près de 6 millions de dollars. Mais le plus gros ira au dispositif de sécurité immense dans la capitale américaine : 28 000 hommes, fermeture partielle de la ville, caméras, tireurs d’élite, détecteurs de radiation. La ville de Washington prévoit de dépenser 30 millions de dollars, remboursés par le gouvernement. Les calculs les plus larges voient cette somme atteindre les 100 millions.
Qui sont ces généreux donateurs et à quoi ont-ils droit ?
Avec ses 90 millions de dollars attendus, le comité d’investiture de Trump gère tout ce qu’il y a autour de la cérémonie officielle : les bals, le défilé, les concerts, les dîners privés, les rencontres de networking entre futurs membres de l’administration et hommes à la recherche d’influence à Washington.
Le comité a jusqu’à quatre-vingt-dix jours après l’investiture pour dévoiler l’identité de tous les donateurs. Certains, pour la plupart des grandes entreprises, l’ont fait d’eux-mêmes (Boeing, Chevron, AT&T, UPS, JPMorganChase, Bank of America, Deloitte). Officiellement, il n’y a aucune législation qui encadre le financement d’une investiture américaine. Chacun fait ce qu’il veut.
L’administration Trump a banni les contributions des lobbyistes, mais permet aux entreprises de donner jusqu’à 1 million de dollars. Les individus peuvent donner autant qu’ils veulent. En comparaison, Barack Obama avait banni toute contribution de lobbyistes et d’entreprises et plafonné celles d’individus à 50 000 dollars en 2009. En 2013, il avait autorisé les dons corporate d’1 million de dollars, comme Trump le fait aujourd’hui.
Comme le note le New York Times, ces donateurs privés deviennent non seulement des membres VIP de la cérémonie, ils obtiennent aussi « un accès à ce qui se révèle être une semaine d’investiture parallèle, très organisée et loin du public ». Une dynamique habituelle pour un changement de régime à Washington. Sauf qu’en 2017, la logique est poussée à son extrême :
« Des experts d’éthique disent que les donateurs de M. Trump auront droit à un accès bien plus important et à moins de limitation financière que par le passé, malgré sa promesse de “vider le marécage” des groupes de pression à Washington. »
Comme il reste toujours un peu d’argent après la fête, chaque comité a aussi sa façon de gérer les excédents. Côté Donald Trump, on a promis de donner ce qui restera à des œuvres caritatives, sans préciser lesquelles. Interrogé par AP, Steve Kerrigan, qui a organisé la première cérémonie de Barack Obama, se rappelle que le surplus avait notamment servi à monter une chasse aux œufs de Pâques géante sur la pelouse de la Maison Blanche.
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