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Il est peut-être temps de ressortir votre réveil obsolète

Si vous l’avez jeté, ou si vous n’en avez jamais eu, trouvez-en un. Une désintox numérique commence dès le matin, avec son téléphone loin de son lit.

Publié le 18 janvier 2017 à 11h05, modifié le 18 janvier 2017 à 13h33 Temps de Lecture 3 min.

De tous les objets que le smartphone a rendus quasiment obsolètes, il y en a un dont la résurrection pourrait être utile pour nous guider loin de la technodépendance.

Votre téléphone est constamment avec vous, collé à la peau, dans la poche arrière, dans le sac à main, près du clavier, du plateau déjeuner, près des plaques de cuisson, au restaurant. C’est l’outil indispensable de communication écrite, visuelle, auditive, un accès à l’information, à la distraction, un agenda, une boussole, un moyen de paiement, un appareil photo.

Peut-être vous permet-il même de lire cet article ? Mais si vous avez lu le paragraphe sans tripoter votre téléphone, vous n’êtes pas au stade d’addiction terminal. Mais si vous avez grimacé à mesure de l’énumération, en vous imaginant dans chaque situation décrite, continuez à lire.

Discipline et tentation

Le concept de désintoxication numérique a pris de l’ampleur avec l’ubiquité des smartphones. Rien de plus logique dans une société mercantile et saturée par les objets connectés que des conseils, guides et exercices, payants ou non, réglos ou non, pour vous en débarrasser. Vous pouvez supprimer la béquille technologique en payant quelqu’un pour le faire pour vous. Vous pouvez aussi le tenter tout seul.

Comme toute entreprise d’amélioration de soi, cela exige volonté et discipline. Plutôt que de mettre 20 euros par mois dans une salle de sport où vous n’irez jamais, commencez par faire dix pompes matin et soir. Un geste symbolique pour se mettre dans le droit chemin.

L’équivalent, pour le technodépendant, est de sortir son téléphone de sa chambre et de remplacer sa seule fonctionne dans ce contexte – le bruit strident – par une machine dont c’est le seul but : donner l’heure et réveiller.

Bien qu’on trouve sans cesse des comparaisons tirées du champ lexical de la drogue, les communautés scientifique et psychiatrique ne reconnaissent aucune pathologie addictive aux smartphones. Ils préfèrent parler de « pratiques excessives », comme l’expliquait récemment un article du Monde sur « Ce que l’on sait (ou pas) des effets du smartphone ».

Les différents sondages et études, parfois contradictoires, font pourtant émerger une tendance : une part de plus en plus importante se considère bien « dépendante » au petit objet. En France, cela englobe notamment ceux qui regardent leur téléphone 5 minutes avant de se coucher (18 %), 5 minutes après s’être réveillés (16 %, sûrement les mêmes), 30 minutes après s’être réveillés (42 %) et 1 heure après (59 %). Si la dépendance commence dans la chambre, c’est là qu’il faut commencer à l’affronter.

Comme le note très bien 20 Minutes, autre militant pour la sortie du téléphone de la chambre à coucher, « l’achat du réveil est un grand classique des conseils pratiques mis en avant par les adeptes de la digital detox ». Ils citent Simon Sinek, un « conférencier motivateur » (sic) qui touche juste en disant :

« Aucun de nous ne devrait charger son téléphone à côté de son lit, on devrait le charger dans le salon. Eliminer la tentation. »

A force de concentrer tant de fonctionnalités, le téléphone de 2017 ne peut plus en incarner une seule. En se penchant pour éteindre le beep-beep-beep, le reflex est d’effleurer les applis, lire les mails, notifications, les SMS, Facebook, Whatsapp, Instagram, Snapchat, tout ce qu’on a raté. Pas de tentation avec un radio-réveil. Pas non plus d’applis calculant le rythme de sommeil ou qui vous demandent de noter votre nuit.

Equilibrer son rapport à la technologie

Mettre son portable à charger dans le salon ou la cuisine. C’est une décision assez simple, qu’il ne faut pas voir comme un retour en arrière, un acte de Luddisme militant, mais comme un geste symbolique pour tenter un équilibre dans son rapport à la technologie.

Le flux d’informations accumulées pendant la nuit sera là, à vous attendre, après ce temps de respiration sans téléphone avec lequel vous avez grandi si vous avez plus de 30 ans – et que vous avez peut-être oublié. C’est aussi une façon de montrer l’exemple à vos enfants, de leur montrer qu’un monde matinal sans téléphone a existé, un jour, après les guetteurs du Moyen Âge et les réveils à « bougie graduée à clochette ».

Pas besoin d’un réveil du XXe siècle, il peut avoir du Wi-Fi, il peut secouer votre lit ou être monté sur des roulettes, pour partir en sonnant et vous obliger à vous lever pour le poursuivre. Ça peut être un vieux Nokia 3310 sans possibilité d’accès à autre chose qu’une alarme et Snake. Le but n’est pas d’atténuer la contrainte du réveil. Le réveille-matin est un prétexte. Pour grappiller quelques minutes (ou des heures, pour les extrémistes) en coupant le cordon avec la connexion permanente. Juste pour voir si on en est capable, avant que les assistants connectés, Alexa, Google Home, s’occupent de la suite de votre journée.

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