Notre-Dame-des-Landes : les Verts «très sereins» après la mise en garde d'Ayrault

Notre-Dame-des-Landes : les Verts «très sereins» après la mise en garde d'Ayrault

    Au lendemain des scènes d'émeutes en plein centre de Nantes (Loire-Atlantique), le Premier ministre hausse le ton. Jean-Marc Ayrault demande aux écologistes de «sortir de l'ambiguïté» au sujet de leur soutien aux opposants à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, alors que de nombreux élus ont défilé aux côtés des manifestants samedi. Mais EELV affirme avoir «toujours dénoncé» la violence et assure qu'«il n'y a aucune ambiguïté».

    Interrogé par Presse Océan, le chef du gouvernement a répété dimanche que «ces violences sont inacceptables dans un Etat de droit. Tous ceux qui exercent des responsabilités publiques doivent condamner les squatteurs de la Zad (zone d'aménagement différé dédiée à l'aéroport, ndlr), organisateurs délibérés de ces violences». «EELV doit sortir de l'ambiguïté», affirme-t-il.

    Sur Twitter, Duflot renvoie à la réponse d'EELV

    Première visée sans que Jean-Marc l'ait nommée : Cécile Duflot. La ministre verte avait apporté son soutien aux opposants à l'aéroport dans une interview au Monde parue samedi avant la manifestation. Après les débordements, samedi soir, elle n'a pas réagi, tandis que le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, montaient au créneau pour condamner les «exactions» commises en marge de la manifestation. Europe-Ecologie-les-Verts avait de son côté condamné les heurts, mais salué le succès de la mobilisation qui a réuni 20 000 opposants.

    Ce dimanche, c'est par un tweet qu'elle répond à Jean-Marc Ayrault, et de manière indirecte. La ministre renvoie à la réponse faite par la numéro un des Verts, Emmanuelle Cosse, selon qui «Il n'y a aucune ambiguïté de la part d'EELV». «On a toujours dénoncé les actes de violence donc les choses sont très simples», a-t-elle déclaré à l'AFP. Cécile Duflot indique être «en général et en particulier tjs d'accord» avec elle.

    QUESTION DU JOUR. Manif Notre-Dame-des-Landes : Cécile Duflot peut-elle rester au gouvernement ?

    Emmanuelle Cosse précise, en outre, s'être entretenue au téléphone dimanche avec Jean-Marc Ayrault pour lui rappeler la prise de distance «claire» de son parti par rapport aux violences. «Il en convenait lui-même» affirme-t-elle. La présence de Cécile Duflot au gouvernement est-elle menacée ? «Il n'y a pas de débat», a rétorqué Emmanuelle Cosse. Et de rappeler que le projet de Notre-Dame-des-Landes est depuis longtemps un «sujet de désaccord majeur», «acté des deux côtés». Et ce dès 2011, quand écologistes et socialistes négociaient un accord programmatique pour gouverner ensemble.

    Pascal Canfin, l'autre ministre écologiste du gouvernement Ayrault, l'a d'ailleurs répété lors de l'émission «Tous Politiques». «Ce désaccord sur Notre-Dame-des-Landes a été acté lors de la signature du contrat de coalition qui nous lie avec le PS», a-t-il rappelé. «Personne n'envisage à court terme que les choses puissent bouger», a-t-il répondu à une question sur une sortie des écologistes du gouvernement. «Les choses sont extrêmement simples et nous sommes très sereins», a-t-il assuré.

    A l'UMP, on y voit un manque d'autorité de Hollande et d'Ayrault

    L'opposition s'est aussitôt emparée du sujet. Le député UMP de la Marne, Benoît Apparu, a dénoncé l'absence «d'unité au sein même du gouvernement». L'ancien ministre du Logement s'est dit «profondément choqu?que François Hollande et Jean-Marc Ayrault n'aient pas réagi aux déclarations de l'écologiste samedi dans Le Monde, qui a dit être «de tout coeur» avec les opposants à l'aéroport. «Si elle n'est pas d'accord avec la ligne du gouvernement, à elle d'en tirer les conséquences», a ajouté le député UMP, interrogé dimanche midi sur RCJ, la Radio de la communauté juive.

    Brice Hortefeux, ancien ministre et proche de Nicolas Sarkozy, partage la même analyse. A ses yeux, c'est symptomatique d'une absence d'autorité au plus haut sommet de l'Etat. «Je serais Premier ministre, je déciderais de laisser du temps à la ministre qui conteste mon projet et donc je la libérerais de ses responsabilités gouvernementales», assure-t-il sur BFM-TV.

    Le FN accuse Valls de «complaisance avec l'extrême gauche antifasciste»

    Auparavant, c'est le Front national qui en a profité pour taper sur le gouvernement. D'abord sur la ministre écologiste : «Cécile Duflot, on ne l'a pas entendu condamner les violences, donc elle soutient aussi les casseurs si elle ne les condamne pas !» a soutenu Marine Le Pen interrogée sur France 3. Puis sur Manuel Valls. Le ministre de l'Intérieur «n'a rien fait» face «une mise à sac par des groupes armés, ultras violents d'extrême gauche qu'il refuse de dissoudre», a fustigé la présidente du FN. Dans un entretien au Parisien, son bras droit, Florian Philippot a lui aussi accusé Valls de «complaisance» vis à vis «de groupes d'extrême gauche antifascistes».

    Samedi soir, le locataire de la place Beauvau a dénoncé une «guérilla urbaine» à Nantes, qualifiant d'«inadmissibles» cette «violence qui vient de l'ultragauche radicalisée».