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GHANA

En plein centre d’Accra, les morts reposent sous les déchets

Cimetière à Accra, Ghana - Source des photos : Kenn Carr
Cimetière à Accra, Ghana - Source des photos : Kenn Carr
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À Accra, capitale du Ghana, le système de gestion des déchets municipaux est encore très insuffisant. Seuls 67 % des déchets sont collectés et le pays manque d’infrastructures pour les gérer. Résultat : même un cimetière, lieu de recueillement et de mémoire, peut devenir un dépotoir, comme le montrent des images, qui ont choqué notre Observateur.

Kenn Carr vit à Accra où il est entrepreneur digital. Il a pris des photos d’un cimetière, situé à proximité du Parlement. Le lieu est "enterré sous les déchets", regrette-t-il.

"Des cannettes, des bouteilles et sacs en plastique, du papier et même des excréments !"

Y a-t-il plus douloureux que de perdre un proche ? Non, certainement. Mais voir un cimetière où ceux que vous aimez sont enterrés sous un tas d’ordures ajoute à la peine causée par l’absence. Des cannettes, des bouteilles et sacs en plastique, du papier et même des excréments ! Une vision insupportable qui est pourtant la réalité : c’est celle du cimetière d’Osu, à Accra, à 250 m à peine de la mythique place de l’indépendance et du Parlement du Ghana – c’est en plein centre-ville.

Je n’en ai pris conscience que le jour de l’investiture de notre nouveau président, Nana Addo Akufo-Addo, le 7 janvier 2017. J’étais à bord d’un taxi en route pour chez moi. Le jour était historique et j’étais fier de notre pays. Alors que la voiture était arrêtée à un feu, j’ai senti un flot d’odeurs nauséabondes. Un panneau indiquait "cimetière". J’ai d’abord cru que cette odeur était celle des corps en décomposition dans leur tombe, mais en réalité c’était l’odeur des ordures !

"Les habitants des environs font preuve de manque de civisme"

Quel manque de respect pour les morts ! J’ai arpenté tout le cimetière, interloqué et stupéfait. Même les tombes les plus chères étaient recouvertes de déchets en tout genre. L’aile Ouest était dans un état encore plus affligeant. J’ai demandé au gardien d’où venaient ces ordures et il s’est plaint du comportement des habitants des environs du cimetière. Ils n’ont pas à disposition assez de bennes et font preuve de manque de civisme en jetant leurs déchets par-dessus le mur du cimetière. Les familles des morts enterrés là se sont plaintes à plusieurs reprises. Le gardien également. Mais cela n’a rien changé. Les habitants continuent de jeter leurs poubelles dans le cimetière.

Cette situation m’a fait réfléchir sur l’attitude de notre peuple. Nous dépensons énormément d’argent dans l’organisation de rites funéraires mais finalement, nous insultons leur mémoire en les couvrant d’ordures. J’espère que ces photos inviteront d’autres à réfléchir et que les autorités prendront des dispositions pour que ces lieux soient respectés.

Plus de 13 000 tonnes de déchets sont produits chaque jour par les Ghanéens. Elles représentent un défi que les autorités ne parviennent manifestement pas encore à relever. Les infrastructures de gestion de déchets continuent à manquer. Sans compter que le Ghana est par ailleurs un des principaux pays récepteurs des déchets électroniques. Plus de 100 000 tonnes d’ordinateurs, téléviseurs, réfrigérateurs ou encore téléphones portables arrivent d’Europe par bateau chaque année et contribuent à la pollution générale.

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