« Hoax » : l’instit qui apprend à ses élèves à devenir des détectives du Web

« Hoax » : l’instit qui apprend à ses élèves à devenir des détectives du Web

Rose-Marie Farinella, institutrice en Haute-Savoie, expérimente depuis trois ans un programme d’éducation aux médias. Les élèves apprennent grâce à sa méthode à distinguer l’info de l’intox. Interview.

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Sur la vidéo du youtubeur Hygiène mentale (voir ci-dessous, à partir de 5 min 29), les enfants ont les yeux cachés derrière des masques rigolos en papier journal.

Au tableau, la maîtresse leur montre une photo : on semble voir des supporters se battre dans les tribunes d’un stade. A leurs côtés, un homme en slip brandit une pelle. « Alors, qu’est-ce que vous pensez de cette image ? » les interroge Rose-Marie Farinella, enseignante.

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Capture de la photo montre au tableau
Capture de la photo montrée au tableau

En moins de deux secondes, plusieurs mains se lèvent. Un garçon prend la parole : « c’est faux ». Le pied de l’homme à la pelle « n’est pas bien positionné sur la marche », justifie-t-il pour preuve. La maîtresse se délecte :

« Parfait ! Tu sais qu’un journaliste de RTL s’est fait avoir par cette image ? [...] Il en a parlé à un ministre pendant une interview. »

Et puis on n’arrête pas les élèves qui bombardent une poignée d’autres arguments pour démonter le photomontage.

Introduction : le projet de Rose-Marie Farinella, qui anime des ateliers à l’école de Taninges, par Hygiène Mentale

Savoir détecter un « hoax »

Cette scène se déroule dans l’école primaire de Taninges (Haute-Savoie), en juin 2016, précisément le jour où ces élèves de CM2 ont reçu leur diplôme d’« apprenti hoaxbuster ».

Rose-Marie Farinella, institutrice de maternelle et ancienne journaliste, a conçu et expérimente pour la troisième année consécutive un programme d’éducation aux médias pour lequel elle a été récemment primée. Objectif : que les élèves, en aiguisant leur regard, parviennent à distinguer l’info de l’intox.

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Christophe Michel, enseignant et créateur d’une chaîne YouTube, a diffusé sur sa chaîne (Hygiène mentale) deux intéressantes vidéos qui racontent cette expérience. Deux autres devraient être diffusées prochainement. 

Partie 2, par Hygiène Mentale sur le projet de Rose-Marie Farinella

Dans ces cours d’esprit critique, dont le programme détaillé est en ligne, les élèves découvrent le métier de journaliste, apprennent à décrypter des images, à repérer et à croiser les sources, et ainsi à pouvoir détecter les « hoax ». Un travail de longue haleine, qui court sur l’année scolaire, à raison de 45 minutes hebdomadaires.

Rue89 : Pourquoi avoir mis en place ces ateliers ?

Rose-Marie Farinella : J’ai commencé à y réfléchir en 2014. J’étais très préoccupée de recevoir plein de « hoax ». Comment font les internautes pour se repérer ? Et a fortiori, comment vont faire les jeunes générations ? Je me suis dit qu’il allait falloir créer des outils.

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En parallèle, j’entendais lors des conseils d’école des parents et des enseignants se plaindre qu’ils étaient complètement désarmés face aux réseaux sociaux, de voir notamment que les élèves pouvaient s’envoyer des messages très agressifs.

Il y a un thème commun à ces deux constatations : comment s’informer et communiquer sur Internet et les réseaux sociaux ? Je me suis dit qu’il fallait construire un projet à partir de ces questions.

Avec le temps, je me suis rendu compte de l’importance d’avoir un moment de parole sur Internet que les élèves n’ont pas forcément avec leurs parents. Ils avaient tellement de questions que j’ai instauré un système de petits papiers sur lesquels ils les notent. L’année dernière, même le dernier jour, lors de la remise des diplômes d’apprenti hoaxbuster, je suis repartie avec des petits papiers parce qu’ils avaient encore des questions à poser. Et moi j’ai pas toutes les réponses ! Les réponses, durant l’année, on les a cherchées ensemble.

Quels type de questions vous posaient-ils ?

« C’est quoi un “creepypasta” ? » « Qu’est-ce que tu penses de la zone 51 ? » « Des illuminati ? » Dans la classe, 8 élèves avaient entendu parler des illuminati, 9 de la zone 51 alors que moi je ne connaissais pas.

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Plusieurs enfants y croyaient, dur comme fer.

Ça tombait bien parce que c’est pile dans mon sujet : on a utilisé mon approche méthodologique pour vérifier. Est-ce que c’est vrai qu’il y a des extraterrestres sur la zone 51 ? Je peux vous dire qu’ils doutaient, au début.

Comment apprenez-vous aux élèves à faire la différence entre l’info et l’intox ?

Pendant toute la première partie de ma séquence, je n’aborde pas les fausses informations. Pour reconnaître les fausses informations, il faut d’abord, à mon avis, bien comprendre ce qu’est une vraie information.

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Je commence par leur expliquer la différence entre publicité et rédactionnel. Est-ce que c’est vrai qu’on est plus jeunes parce qu’on boit de l’eau d’Evian ? Que la vie est plus belle quand on mange des Haribo ? On évoque à ce moment-là la notion de vérité.

Je consacre beaucoup de temps à explorer les médias et la profession de journaliste en montrant bien que c’est un métier qui exige un travail scrupuleux de recherche, de collecte, de recoupage, d’analyse, encadré par des règles déontologiques. J’espère ainsi que les élèves accorderont du crédit à ce métier, en cette période de grande méfiance à l’égard de la presse.

A travers des exercices d’improvisation et des jeux de rôle, j’essaie enfin de leur montrer combien il est difficile de retranscrire la réalité. L’année dernière, ils ont choisi de partir d’un accident de voiture, à Taninges.

Comment organisez-vous le jeux de rôle ?

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Avant de commencer l’improvisation, on définit d’abord la situation (qui ? quand ? où ? comment ? pourquoi ?) et je leur demande de déterminer qui le journaliste, incarné par l’un des élèves, va pouvoir interviewer. Une fois qu’ils ont décidé qu’il interrogera la police, un ambulancier, des témoins, la famille de la victime, on passe à l’impro.

L’un des enfants joue le policier qui, très clair, raconte en détails au journaliste ce qu’il s’est passé. On passe à l’interview d’un des témoins. A un moment (l’élève était sans doute dans la lune), le témoin répond qu’il y a trois morts alors que le policier avait plus tôt parlé d’un seul décès. Les autres lui font remarquer : « Non, c’est un ! » Mais lui répond qu’il a vu trois morts.

Je leur ai dit de le laisser parler car dans la réalité, le journaliste peut très bien interviewer un témoin qui dit qu’il y a trois morts et non un. Et pourquoi t’as vu trois morts ? Il a justifié. Qu’est-ce que va écrire le journaliste ?

Cela pose plusieurs questions : est-ce que tous les témoignages ont la même valeur ? Quelles sont les sources plus ou moins fiables ? Et je leur explique pourquoi c’est intéressant d’interviewer tout le monde : cela donne malgré tout au journaliste une vision de la réalité, un éclairage le plus complet possible. Ça permet à mes élèves de comprendre quelle est la différence entre une opinion et un fait prouvé.

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C’est compliqué à leur âge de comprendre ?

Bien sûr mais ils le sentent – et on a évidemment abordé cela plusieurs fois.

A un moment, alors qu’on travaillait sur les sites complotistes, c’est parti tout seul en scène d’impro. Je leur ai montré un article sur les attentats de Charlie hebdo dans lequel l’auteur expliquait qu’untel était un agent du Mossad. « Quelques femmes m’ont dit que... », écrivait l’auteur. Quand on a lu sa source, on rigolait comme des baleines. Et les enfants ont commencé à imaginer « quelques amis nous disent que sur Mars il y avait des sapins... », etc. Ils ont bien compris qu’il s’agissait d’une opinion, pas de faits prouvés.

On a aussi fait une impro sur l’ouverture de la chasse durant laquelle on a interviewé des écolos. Le journaliste entendait des arguments contradictoires. Alors comment fait-il ? Il va utiliser des mots comme « selon », « d’après ». On a discuté du fait que la difficulté, c’est aussi que le journaliste a ses goûts, ses idées, ses centres d’intérêts.

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Le dessin d'un enfant de CM2 de l'cole primaire de Taninges, 2015-2016 :
Le dessin d’un enfant de CM2 de l’école primaire de Taninges, 2015-2016 : « Tous contre les hoax, faisons barrage aux rumeurs »

Ce qui vous permet d’aborder la subjectivité, l’objectivité, l’impartialité...

Oui. Je leur ai proposé un autre jeu. Un journaliste doit suivre un match de foot entre Taninges et le village d’à côté. Comment va-t-il être objectif alors que son cœur bat très fort pour l’équipe de Taninges ?

L’objectivité est un concept difficile à utiliser. Leur mot à eux, c’est « être neutre », comme un arbitre.

Je leur ai appris l’importance de vérifier les sources et de croiser les infos, y compris avec des journaux dits fiables. Un journaliste peut se tromper. Que doit-il faire, dans ce cas ? Les enfants naturellement répondent « il le dit ». Et c’est vrai, il y a des règles déontologiques.

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L’année dernière, on a commencé la séquence juste après les attentats de novembre à Paris. On est partis entre autres sur un fait divers qui est arrivé localement. Dans un village près de Taninges, quelqu’un était soupçonné de djihadisme car il avait des vidéos djihadistes chez lui et un drapeau de Daesh. Il a été arrêté. On a étudié plusieurs articles, de journaux nationaux et locaux.

On y a lu des informations complémentaires mais il y avait aussi un petit détail qui variait. Certains disaient que l’homme avait 25 ans, d’autres 28. Ce n’est pas très grave en soi. Mais comment fait le lecteur ? Il peut se dire que l’homme a entre 25 et 28 ans.

Croiser les sources permet aux élèves de se forger leur propre opinion. Je ne leur dit pas ce qu’ils doivent penser mais je leur conseille de croiser les infos si possible avec des supports très variés pour se faire leur opinion. 

Je ne leur ai pas parlé des « bulles de filtre » mais ils s’en rendent compte par eux-mêmes : quand on croise les infos entre des journaux sérieux, les infos se recoupent quand même. Et quand on recoupe les infos entre plusieurs sites douteux, on retrouve les mêmes informations aussi. Ils s’en sont rendu compte quand on a travaillé sur le 13 novembre.

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Je leur apprends la distanciation, l’esprit critique : elle est encore plus importante sur Internet où n’importe qui peut publier n’importe quoi.

Dans une seconde partie du programme, les élèves revêtent des masques qu’ils ont fabriqué avec des coupures de journal.

Oui, ils se transforment en apprentis hoaxbusters, ils deviennent des détectives du web.

On travaille au début sur les moteurs de recherche. Je leur demande qu’est-ce qui fait d’après eux qu’un lien arrive en premier dans les résultats Google. Certains pensent que c’est parce qu’il s’agit du lien le plus ancien, pour d’autres c’est le lien le plus récent, d’autres encore me disent « c’est parce que c’est le plus intéressant ».

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Argh.

Ah ben oui, comment voulez vous qu’ils sachent ? Assez vite, ils répondent que c’est parce que c’est le lien le plus cliqué (je ne rentre pas dans le détail, car l’algorithme de Google est un peu plus complexe).

C’est important en tout cas qu’ils sachent que ce qui arrive en premier dans les résultats d’un moteur de recherche, ce n’est pas forcément vrai.

Leur travail de hoaxbuster, c’est de disséquer l’information. Quand je leur donne une information, je les fais réfléchir à son degré de crédibilité. Puis je les fais remonter à la source. Il y a trois questions pour cela qu’ils doivent se poser – pour moi c’est la base, le B.A-ba.

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  • Qui a écrit l’article ?

Ils ne connaissent pas les journalistes professionnels mais ils peuvent se renseigner, en cliquant sur des liens ou en faisant une recherche – ils font un vrai travail de détective.

  • A quelle date ?
  • Et sur quel site ?

Est-ce que c’est un site sérieux ? Comment savoir s’il s’agit d’un site parodique ? Ils ont appris à trouver les onglets « à propos », « qui sommes-nous ? » ou les « mentions légales », où il est généralement précisé qu’il s’agit d’un site pour rigoler.

Je leur ai raconté que des adultes se sont faits berner par Le Gorafi – et même des adultes qui sont dans la vie politique [comme Christine Boutin, ndlr] !

Le dessin d'un lve de CM2 de l'cole primaire de Taninges (2015-2016)
Le dessin d’un élève de CM2 de l’école primaire de Taninges (2015-2016)

S’ils ont des doutes sur le site, je les invite à consulter l’annuaire des sites de fausses informations de l’Express (qui n’est pas à jour) et je suis impatiente de pouvoir utiliser le plugin des Décodeurs du Monde pour repérer les sources douteuses. J’explique à mes élèves que sur ces sites, ils peuvent trouver de vraies comme des fausses informations. Que c’est plus ou moins douteux.

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Je constate qu’avec Internet, mes élèves (comme les adultes) sont devenus à la fois des consommateurs et des producteurs d’informations. Ils publient des commentaires, partagent, relaient... A partir du moment où ils sont producteurs d’informations, je pense qu’ils sont tenus, à l’instar des journalistes, de croiser les informations (de manière moins approfondie évidemment).

C’est pour ça je passe un temps fou sur l’importance des sources pour le journaliste et l’importance des sources pour les internautes. C’est compliqué, et je ne leur raconte pas comme cela mais ils le ressentent et comprennent cette notion à travers les exercices d’improvisation.

Le dessin sur un hoax d'un lve de CM2 de Taninges (2015-2016)
Le dessin sur un hoax d’un élève de CM2 de Taninges (2015-2016)

Vous consacrez aussi une partie de votre programme à l’étude des images.

Je leur montre qu’on peut manipuler une photo. J’ai travaillé à partir de différents types d’images.

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On voit comment on peut retoucher une image avec des logiciels. Ils ont vu la photo de leur école transformée en hôtel à partir de la photo du film « Grand Budapest Hotel » de Wes Anderson.

Capture du montage de l'cole de Taninges
Capture du montage de l’école de Taninges

On a aussi regardé une vidéo où l’on voit un visage en train de se faire maquiller puis retoucher sur Photoshop. Ou encore la photo modifiée d’un jeune homme qui tient un iPad dans la main, transformée en Coran.

Ils ont compris qu’il faut analyser la perspective, les proportions pour détecter un éventuel photomontage.

Je leur montre aussi que que le choix du cadrage peut modifier le message d’une photo. C’est facile à comprendre : on a pris une photo de leur maîtresse qu’on voit avec des enfants en train de couper un gâteau avec un gros couteau. Si on recadre l’image sur le couteau, on a l’impression qu’elle coupe les doigts des enfants (voir ci-dessous).

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Rose-Marie Farinella montre aux lves la photo de leur institutrice
Rose-Marie Farinella montre aux élèves la photo de leur institutrice - Capture d’écran de la vidéo d’Hygiène mentale

Je leur montre qu’on peut mentir sur l’histoire d’une photo, sur le lieu ou la date de prise de vue – d’où l’intérêt de savoir analyser les détails de l’image et d’utiliser des outils comme Google Maps et Street View pour identifier où la photo a été prise.

Je leur ai montré une photo où l’on ignorait si elle avait été prise à Chinatown ou en Chine. Ils apprennent à regarder tous les détails : l’architecture, les vêtements, le panneau, la signalisation, la météo. Certains ont même voulu regarder les plaques d’égouts ! Je n’y avais même pas pensé.

Quels autres outils utilisent-ils ?

Google images et TinEye, pour retracer l’origine d’une image sur la Toile. Je m’appuie notamment pour cette séquence sur une vidéo de France 24. C’est très pertinent et tout à fait à leur portée. Ce que j’essaie aussi d’apprendre aux enfants c’est le temps de réflexion.

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C’est-à-dire ?

Se garder le temps de réfléchir. Avoir un temps pour ne pas se laisser avoir par l’émotion de l’image. On se pose, on attend, on réfléchit. Surtout si c’est une image sensationnaliste.

Le dessin sur les hoax d'un lve de CM2 de l'cole primaire de Taninges (2015-2016)
Le dessin sur les hoax d’un élève de CM2 de l’école primaire de Taninges (2015-2016)

Pour chaque fausse information, je leur demande pourquoi, à leur avis, cette image a été diffusée. Pour faire rire ? Par négligence ? Pour faire du clic ou de la pub ? Pour convaincre ? Pour nuire ? On a notamment étudié une photo où l’on voit des hommes et des femmes noirs dans une piscine ; la légende dit que ça se passe à Créteil alors qu’elle a été prise au Sénégal. Pourquoi écrire cela ? Ils ont trouvé la réponse tout seuls : pour nuire !

Ça nous amène à des discussions sur le racisme – là je déborde de ma séquence. Ça nous permet de réfléchir aux contenus haineux, racistes, complotistes et à la cybercitoyenneté. Que faire face à ces contenus ? Eux étaient très radicaux : ils ne comprenaient pas comment ça se fait qu’on a pas tout interdit. Alors on a été obligé de parler de liberté d’expression.

Dans la classe, un élève disait qu’il faudrait des millions d’années aux humains pour contrôler tous les contenus sur Internet. Un autre lui a répondu que ça ne peut qu’être le travail des robots et des algorithmes. Un autre a fait remarquer que l’avantage d’un algorithme ou d’un robot, c’est qu’ils n’ont pas de religion, pas de partis pris...

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Mis à part celui ou celle qui le programme...

Oui, je suis obligée de leur expliquer qu’il y a quand même quelqu’un qui écrit ce programme. Et à leur niveau, que peuvent-ils faire ? Ils peuvent signaler une fausse information à des hoaxbusters, signaler des contenus haineux au site gouvernementale.

Et surtout, ils le disent avec leur mots, « c’est à nous de ne pas partager ».

Le dessin d'un lve de CM2 de Taninges (2015-2016)
Le dessin d’un élève de CM2 de Taninges (2015-2016)

A la fin de l’année, vous leur faites passer une évaluation avant la remise de leur diplôme de hoaxbuseter.

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Oui. L’année dernière, on a été tellement loin qu’ils l’ont trouvé trop facile. Pour moi, rien que le fait qu’ils aient posé toutes ces questions et donné des analyses pertinentes, signifie qu’ils ont appris des choses.

Il me semble fondamental que les enfants, avant d’aller au collège, avant qu’ils ne soient trop vulnérables et manipulables, parce qu’ils sont plus fragiles à l’adolescence, aient un petit bagage avec des outils d’autodéfense intellectuelle.

Est-ce que ça suffit ? Certainement pas. Pour moi, l’idéal serait que mes collègues du secondaire continuent à enfoncer le clou. Un élève m’a dit « je suis content d’avoir appris tout ça, peut être que j’y aurais cru, moi, aux chemtrails »...

En fin d’année, un élève m’a posé une question intéressante. Il m’a demandé si mes cours allaient lui servir plus tard, quand les technologies allaient changer.

Je lui ai répondu que ce qu’il avait appris lui servirait toute sa vie car même si on verra se développer la réalité virtuelle ou apparaître d’autres technologies révolutionnaires, il aura toujours besoin d’identifier les sources, de croiser les informations, de contextualiser les images et de solliciter son esprit critique. Ça, ça ne changera pas.

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