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Justice sociale

Emmaüs décrète «l’état d’urgence sociale»

Dix ans après sa mort, le mouvement a salué, ce dimanche, la mémoire de son fondateur, l’abbé Pierre, tout en appelant la société civile à continuer son combat et à peser sur la campagne présidentielle.
par Amandine Cailhol
publié le 22 janvier 2017 à 16h35

«En 2017, faisons campagne ensemble !» A l'occasion de la célébration des dix ans de la mort de son fondateur, l'abbé Pierre, Emmaüs entend peser sur le débat politique. Au programme : flashmob, performance d'artistes de rue, soupe populaire, mais surtout un «meeting de la société civile» organisé, ce dimanche matin, à la Bourse du travail. Face à des «candidats à l'élection présidentielle […] dans les starting-blocks», Emmaüs appelle les citoyens à se «réapproprier» les sujets de justice sociale, de transition écologique et partage des richesses. Autant d'«enjeux du XXIsiècle à propulser au cœur de la campagne 2017», afin d'«inspirer vision et imagination aux aspirants à la plus haute fonction de l'Etat».

«Incapacité des responsables politiques»

A la tribune, devant le logo «On continue!» ils sont nombreux – responsables associatifs, militants, experts – à répéter ce même message, déjà exposé, deux jours plus tôt, dans les colonnes de Libération. Du président de la Fondation pour la nature et l'homme, Nicolas Hulot, qui veut faire de la solidarité «le premier parti de France», à la féministe Caroline de Haas, qui parle de «résistance», «conscience» et «rapport de force» et invite la société civile à «prendre le pouvoir».

Problème, reconnaît la militante : «Il existe un décalage entre nos réalités quotidiennes et l'incapacité des responsables politiques à faire face à ces réalités.» Pourtant, poursuit-elle, «on sait comment faire, comment régler les problématiques d'exclusion, de logement, de précarité.» Exemple à la tribune, avec les propositions d'Aurélie Trouvé, porte-parole d'Attac, qui défend le plan «un million d'emplois pour le climat», soutenu par plusieurs organisations, qui ont rendu, il y a dix jours, un rapport à ce sujet. Ou encore «l'imposition du salaire minimum vital» dans le monde, évoqué par Vincent Brossel, de la plateforme française de Peuples solidaires.

Crédibilité sociale

Reste que, du côté des politiques en lice pour le poste de président, ces enjeux restent trop minoritaires, selon les militants. Certes, le sujet était bien à l'ordre du jour du dernier débat télévisé de la primaire organisée par le PS. Arnaud Montebourg y a défendu un objectif «aucun SDF» (une promesse déjà formulée par nombre de politiques), là où Manuel Valls a pointé la nécessité de se «méfier des slogans». Quant à Sylvia Pinel et Benoît Hamon, ils ont plaidé pour le renforcement des hébergements d'urgence, tandis que François de Rugy a proposé, à cette occasion, un «quota d'hébergements par collectivités locales».

Début janvier, le candidat LR, François Fillon a bien, quant à lui, poussé la porte d'une antenne Emmaüs, à Paris, pour se faire une crédibilité sociale. A cette occasion, il a expliqué vouloir «changer les choses». Tout en ajoutant que «la première cause de la grande pauvreté, c'est le chômage». De quoi, justifier, selon lui, son programme économique «radical». Mais l'homme a eu du mal à convaincre. Et ce dans les rangs mêmes de Emmaüs, puisque, dans la foulée, le président de Emmaüs France, Thierry Kuhn, a demandé à François Fillon une «évolution» de son programme, notamment sur les questions du logement, du service public, du partage du travail et des richesses.

A lire aussi dans nos archives : Les dix vies de l'abbé des sans logis, l'article de Libé il y a dix ans

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