Pollution

La «circulation différenciée» démarre à Paris

Ce lundi, les véhicules immatriculés avant 2002 seront interdits de circulation dans la capitale et en petite couronne en raison d’un épisode de pollution de l’air. Le système de pastilles numérotées permettra de repérer les contrevenants.
par Philippe Brochen
publié le 22 janvier 2017 à 17h39

Exit la «circulation alternée». Place à la «circulation différenciée». A l’occasion d’un nouvel épisode de pollution de l’air aux particules fines, la Préfecture de police de Paris inaugure ce lundi le système de vignettes numérotant les véhicules de 0 à 5, du moteur électrique le moins polluant au vieux diesel immatriculé entre 1997 et 2000. Les véhicules les plus polluants ne pourront pas circuler ce lundi à Paris et en petite couronne, a annoncé la préfecture de police de Paris.

Pourquoi cette nouvelle mesure antipollution ?

Cette décision est liée à «une situation anticyclonique et un temps froid et sec, associé à peu de vent et à une inversion de températures qui va créer une cloche au-dessus de l'Ile-de-France et plaquer les polluants au sol»,explique Charles Kimmerlin, prévisionniste chez Airparif, l'organisme chargé de la surveillance de la qualité de l'air. Il s'agit de faire baisser le taux des particules fines dans l'air que nous respirons.

Les particules proviennent de l'activité industrielle, des feux de cheminée et des pots d'échappement. Parmi elles, les plus fines et donc les plus dangereuses pour la santé (les PM 2,5), provenaient à 58% du trafic routier à Paris en 2012. En région parisienne, le «seuil d'alerte» pour la pollution aux particules fines a été dépassé dès samedi soir avec une concentration de 90 µg/m3. Et la situation s'est aggravée dimanche avec une concentration comprise entre 90  et 110 µg/m3. Pour lundi, Airparif «prévoit également un dépassement du seuil d'alerte avec une fourchette un peu plus basse comprise, entre 70 et 90 µg/m3»

Quels sont les véhicules concernés par l’interdiction de circulation?

Ce sont les véhicules dits «non classés» – immatriculés avant 1997 – qui n'ont pas droit à la pastille sur le pare-brise et les véhicules de classe 5 (pastille grise) – diesel immatriculés entre 1997 et 2000 – selon la classification des vignettes Crit'Air, obligatoires depuis mi-janvier, dans la capitale et dans 69 communes de la région parisienne. Tous les autres véhicules disposant des vignettes Crit'Air de classe 1 à 4 pourront circuler: il s'agit de ceux dont le moteur répond au minimum aux normes Euro 3 pour les diesel (immatriculés entre 2001 et 2005) jusqu'aux derniers modèles essence et hybride répondant aux normes Euro 5 et 6 (immatriculés depuis janvier 2011).

Quelle différence entre «circulation alternée» et «circulation différenciée»?

La «circulation alternée», qui a été mise en place six jours durant en décembre dernier en Ile-de-France, concernait les numérotations des véhicules. Exemple: si, le lundi, les voitures dotées de plaques paires pouvaient circuler, le mardi c'était au tour des autos possédant des immatriculations impaires. Désormais, avec la «circulation différenciée», c'est le potentiel polluant des véhicules, en rapport avec leur âge, qui est pris en compte. A Lyon et Villeurbanne, où les vignettes ne sont pas encore obligatoires, la préfecture met en place un double système de circulation alternée et différenciée : les véhicules avec une plaque paire ne pourront pas circuler, sauf ceux dotés de vignette verte (zéro émission), violette (1), jaune (2) et orange (3)…

Que risquent les contrevenants?

Une amende de classe 2 (22 euros si elle est payée immédiatement) et l'immobilisation du véhicule. Pour ce faire, les policiers vérifieront la couleur de la vignette ou à défaut, demanderont la carte grise du véhicule pour s'assurer qu'il est autorisé à rouler. Pourtant, seulement «20 à 25% des véhicules sont actuellement ou seront prochainement équipés de vignettes Crit'air», reconnaît Marc Meunier, secrétaire général de la zone de défense et de sécurité de Paris. Lequel demande aux conducteurs «de se doter de ces vignettes obligatoires» et avance que, «dans un premier temps, les forces de l'ordre feront preuve de pédagogie pour les automobilistes qui n'en auront pas. Mais, à terme, le fait de ne pas avoir de vignette sera sanctionné».

Le transport en métro et en RER sera-t-il toujours gratuit?

Non. En coordination avec la préfecture de police, le Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif), qui gère les transports en commun dans la région capitale, a décidé de mettre en place ce lundi un «forfait antipollution» toutes zones au tarif de 3,80 euros par jour, alors qu'il varie habituellement entre 7,30 (zone 1-2) et 17,30 euros (zone 1-5). Selon le Stif, la mise en place de ce tarif incitatif aura un coût de 500.000 euros par jour. Le 11 janvier, le syndicat a décidé d'instaurer ce forfait en raison du refus du gouvernement de prendre en charge le coût de la gratuité dans les transports en commun en cas de pic de pollution: «La poursuite de la gratuité totale des transports en commun générerait un manque à gagner de l'ordre de 80 millions d'euros par an, qui serait financièrement intenable pour le Stif et limiterait sa capacité d'investissement dans des transports propres.»

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