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Pour Valls, une deuxième place synonyme d'échec programmé

Manuel Valls au soir du premier tour de la primaire de la gauche. AFP PHOTO / Eric FEFERBERG

VIDÉO - L'ancien chef du gouvernement s'est très vite heurté aux difficultés de cette campagne éclair et low-cost.

«Si on fait plus de 35 % au premier tour, on gagne. Sinon, ça va être compliqué.» Ce présage, esquissé par un très proche de Manuel Valls quelques jours avant le premier tour, risque de se concrétiser dimanche prochain. Avec moins d'un tiers des voix obtenues au premier tour de la primaire (sur 3090 bureaux de vote dépouillés), l'ex-premier ministre a réalisé un score nettement inférieur à celui qu'il espérait. Et, comme il ne bénéficie que d'un très faible réservoir de voix pour le second tour, Valls court à l'échec.

De cela, il n'ignore rien. Mais, il a bon an mal an tenté de donner le change dimanche soir quand, ému et sonné, il a pris la parole à la Maison de l'Amérique latine où étaient réunis ses soutiens. «Rien n'est écrit. Et je suis heureux de me retrouver face à Benoît Hamon. Un choix très clair se présente désormais à nous et à vous: le choix entre la défaite assurée et la victoire possible. Le choix entre des promesses irréalisables et infinançables, et une gauche crédible qui assume les responsabilités du pays.» «Une nouvelle campagne commence dès ce soir», a-t-il encore lancé, alors que rien n'a été simple pour lui depuis son départ de Matignon, début décembre.

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L'ancien chef du gouvernement s'était lancé tête baissée dans la campagne, effectuant son premier déplacement moins de 24 heures après avoir démissionné de Matignon. Mais, il s'est très vite heurté aux difficultés de cette campagne éclair et low-cost...

Aussi, le candidat a-t-il réappris à voyager en seconde classe, à déjeuner au wagon-bar, ou encore à traîner lui-même sa petite valise à la gare. «Ça a été plus dur que ce qu'on croyait, il ne faut pas se mentir », reconnaît-on aujourd'hui dans son équipe. Une manière d'admettre que plusieurs erreurs ont été commises ? «C'est une campagne intense, ramassée, où chaque jour compte et où chaque événement ou prise de parole est déterminant », glissait Manuel Valls en privé. Bien qu'il refuse de l'admettre explicitement, il est conscient qu'il a globalement raté sa campagne.

Flop de mobilisation

Preuve de ce retard à l'allumage : ce premier slogan trop long pour être mémorisé («Faire gagner tout ce qui nous rassemble») et changé en catastrophe pour faire taire les critiques. Les vaines tentatives de l'entourage de l'ex-maire d'Évry d'en faire un non-sujet n'ont fait que mettre en relief leur fébrilité sur le sujet.

Idem concernant l'attitude du candidat, qui a lui-même semblé chercher ses marques pendant presque deux mois. Trop raide sur le terrain, il a d'abord été incapable de se montrer chaleureux, enthousiaste avec les rares badauds qu'il croisait au cours de ses différentes déambulations. «Maintenant, quand on voit quelqu'un qui nous sourit, on attrape discrètement Valls par le bras et on le pousse à aller dire bonjour et échanger quelques mots », soufflait un membre important de son équipe de campagne, presque résigné. Valls a finalement compris qu'il lui fallait s'ouvrir davantage aux autres. Mais, lorsqu'il a commencé à changer d'attitude, l'ancien premier ministre a immédiatement été refroidi par l'accueil que lui ont réservé certains détracteurs.

Le coup de barre à gauche qu'il a effectué après sa démission de Matignon a surpris ses partisans.

Flop de mobilisation lors de ses réunions publiques, enfarinage en marge d'un déplacement à Strasbourg, claque au visage reçue en Bretagne, interruption en plein meeting par des manifestants d'extrême gauche... Les incidents se sont multipliés. Avec, chaque fois, un dénominateur commun: le 49-3. Un véritable sparadrap dont il n'a jamais réussi à se défaire. Valls a d'abord cru bon d'en proposer la suppression. Mais il a très vite compris que cela avait été contre-productif, puisque, au mieux, incompris, au pire moqué... De même, le coup de barre à gauche qu'il a effectué après sa démission de Matignon a surpris ses partisans, tant il contraste avec les accents droitiers et libéraux qui étaient les siens en 2011 et jusqu'à ce qu'il démissionne de son poste de premier ministre. Exit le «déverrouillage » des 35 heures ou la suppression de l'ISF ; exit la vision ferme de la laïcité de celui qui dénonçait hier encore «l'islamo-gauchisme »... «J'ai changé », a-t-il avancé dans un premier temps pour justifier ses contradictions. Mais, de son propre aveu, il a compris ensuite qu'il lui fallait «refaire du Valls ». Il a donc tenté de se réapproprier ses thèmes de prédilection dans la dernière ligne droite de la campagne, persuadé que «la cristallisation » se déroulerait à cette période. Ça n'a pas été suffisant.

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