Publicité

Quand l'industrie automobile se lance dans la chasse aux geeks

¤ Les géants du secteur comme BMW, Renault-Nissan ou Volkswagen recherchent de plus en plus de profils digitaux. ¤ De l'intelligence artificielle au Big Data, en passant par le traitement de l'image, les besoins sont très variés.

ECH22367071_1.jpg

Par Maxime Amiot

Publié le 23 janv. 2017 à 01:01

« La voiture s'électrifie, se connecte, s'automatise », indique d'emblée l'offre d'emploi de Renault-Nissan. Et « 75 % de nos prestations client s'appuient sur des logiciels embarqués de plus en plus complexes ». Depuis quelques mois, les constructeurs automobiles multiplient des annonces d'un genre nouveau. A savoir des embauches en série de profils axés sur le numérique, bien éloignés des spécialistes de l'ingénierie mécanique, de l'organisation industrielle ou du moteur à explosion que les industriels courtisent habituellement... Quelque 1.000 recrutements de ce type ont été annoncés du côté de Volkswagen, 300 chez Renault-Nissan. 600 pour BMW...

Même chose du côté des équipementiers. « Nous comptons 5.000 ingénieurs software. D'ici à 2020, nous en aurons le double », indiquait au Salon CES de Las Vegas Kevin Clark, le PDG de l'américain Delphi. De même chez Valeo, qui va embaucher cette année 4.200 ingénieurs en R&D, dont une bonne part de profils digitaux, tandis que Bosch, qui compte déjà 15.000 ingénieurs software, est en cours de recrutement de 14.000 salariés dont les deux tiers auront des profils d'informaticiens. « Tout le monde accélère », s'amuse Ogi Redzic, le patron technologies de Renault-Nissan.

Une recherche ciblée

Tous ces industriels font face au même enjeu. Entre avènement de la voiture autonome, généralisation de la connectivité, montée en puissance de l'électrique, vogue des services à la mobilité, les compétences de la voiture de demain sont devenues essentielles. « Les besoins sont très variés, on fait plus de la recherche ciblée que quantitative », indique Guillaume Devauchelle, de Valeo. L'équipementier est notamment en tension sur les systèmes de traitement de l'image, avec des ingénieurs capables de concevoir des algorithmes qui restituent l'environnement immédiat du véhicule. Autre profil en vogue : les spécialistes de l'intelligence artificielle et de « deep-learning », qui permettront aux voitures d'apprendre en continu sur route, ou du Big Data, capables d'analyser les millions de données recueillies par les voitures connectées.

Publicité

Au total, les profils sont multiples, que ce soit des petits génies en sécurité informatique pour protéger les véhicules face au risque de piratage, des cadres maîtrisant les nouveaux outils de l'usine du futur (robots, impression 3D, réalité virtuelle), des familiers du cloud, des maîtres de l'interface homme-machine, des spécialistes de la cartographie 3D... « Les compétences software deviennent fondamentales. A l'avenir, ce sera un élément clef de différenciation, et c'est pour cela que nous cherchons à les intégrer. Il n'est pas question de tout externaliser sur ces sujets d'avenir, qui sont des métiers coeurs », indique Oliver Ferschke, le patron des ressources humaines et marketing de BMW, qui intègre aussi nombre de compétences sur la voiture électrique. Un mouvement inverse de ce qui se voyait dans l'industrie depuis des décennies, à savoir un recours généralisé à la sous-traitance.

Du côté des dirigeants aussi, le mouvement s'amorce, même s'il est plus timide (lire ci-dessous). Chez les constructeurs français, on note l'arrivée de Frédéric Vincent, ancien directeur technique de Canal+, à la direction des systèmes d'informations et du digital de Renault, ou, dans un autre style, de Thomas Houdré, de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui a pris en charge la sûreté de fonctionnement du constructeur. Chez PSA, Brigitte Cantaloube est depuis un an la « chief digital officer » (CDO) chargée de la transformation digitale. Au-delà de ces noms, les exemples restent rares. Les patrons technologiques de General Motors et de Ford ont fait toutes leurs classes au sein du constructeur. A l'inverse, Apple ou Google ne se privent pas, eux, d'embaucher des spécialistes de chez Ford, Hyundai ou Daimler.

La bataille est rude pour recruter ces nouveaux venus. « Ces profils sont non seulement très courtisés par des acteurs de la technologie, des start-up, mais ils veulent aussi la garantie de pouvoir bouger et évoluer en interne. Rester trois ans dans un même job, c'est pour eux un aveu d'échec. Il faut donc bâtir de vrais parcours d'évolution », indique Patrick Hoffstetter, l'ex-CDO de Renault, qui a quitté l'été dernier le constructeur français.

Intégrer de nouveaux talents

Plusieurs leviers d'action permettent du reste d'intégrer de nouveaux talents. Rachat de start-up, implantation de centres dans la Silicon Valley, partenariats avec les universités (Valeo travaille avec Télécom Paris)... « La puissance de la marque est clef pour attirer », indique Oliver Ferschke.

Pour l'intégration, chacun a sa recette. A Berlin, le CDO Johann Jungwirth a installé son équipe de 50 ingénieurs dans un open space, avec son bureau au milieu, à côté de l'espace ping-pong et baby-foot. BMW, qui compte encore recruter 1.400 salariés sur la voiture autonome, va construire un campus flambant neuf à Munich pour y installer 2.000 ingénieurs au total. Un vaste écosystème, qui fera forcément évoluer la culture interne.

Maxime Amiot

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

qfkr8v3-O.jpg

La baisse de la natalité est-elle vraiment un problème ?

Publicité