L'antiépileptique Dépakine, dont la dangerosité a été démontrée pour le foetus, ferait courir de graves risques aux enfants de moins de 4 ans, selon le Pr Philippe Even qui sonne l'alarme, dans les colonnes du JDD.
De nouveaux soupçons planent sur la Dépakine. L'antiépileptique, commercialisé par le laboratoire Sanofi, est déjà sur la sellette, comme tous les médicaments à base de valproate de sodium, à cause d'un risque élevé - de l'ordre de 10 % - de malformations congénitales mais également d'un risque accru d'autisme et de retards intellectuels. Un nouveau scandale sanitaire désormais dans les mains des juges d'instruction. Mais aux yeux du Pr Philippe Even, ancien doyen de la faculté de médecine de Necker, à Paris, « ce produit est non seulement dangereux pour le foetus mais aussi pour le jeune enfant », à qui il est prescrit contre les crises d'épilepsie, soutient-il dans les colonnes du JDD.
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Notre rubrique "Santé"Le professeur Even a épluché la littérature scientifique la plus récente. Les résultats de cette plongée dans les moteurs de recherche spécialisés sont inquiétants : « Des chercheurs se sont aperçus que cette vieille molécule est capable de modifier l'expression des gènes ». Selon lui, ce « risque épigénétique crucial, dont les détails restent encore mystérieux », a été sous-estimé par les autorités sanitaires. « C'est l'ouverture de la boîte de Pandore », craint-il. « Il y a urgence : en nombre de victimes, cette négligence a des conséquences plus graves que le Mediator », souligne le Pr Even.
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Dépakine. Un lanceur d'alerte bretonDe son côté, toujours dans le JDD, le Pr Stéphane Auvin, neuropédiatre à l'hôpital Robert-Debré, à Paris, appelle à la plus grande prudence avant de tirer des conclusions dramatiques de publications scientifiques. Le praticien souligne aussi que la Dépakine est malheureusement le seul médicament efficace pour certains patients. « Ses effets secondaires possibles sont bien connus et devraient sans cesse être traqués par les prescripteurs », martèle-t-il.
Enfin, le Dr Hubert Journel, généticien à l'hôpital de Vannes (Morbihan), l'un des premiers en France à avoir alerté sur les risques d'exposition du foetus à la Dépakine, a aussi lu les publications qui inquiètent le Pr Even et, selon lui, « il y a une potentialité épigénétique en lien avec le médicament mais ses répercussions possibles demeurent mystérieuses ».