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MULHOUSE LE 23 02 2016  ; Illustration serviette et tampons hygiéniques.

TAMPON HYGIENE SERVIETTE PROTEGE SLIP (MaxPPP TagID: maxstockworld339935.jpg) [Photo via MaxPPP]

Actuellement, faute de législation sur le sujet, les composants utilisés pour fabriquer les tampons hygiéniques ne sont pas indiqués sur les emballages. Or, ils peuvent être à l'origine de chocs toxiques.

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Les utilisatrices de tampons vont-elles enfin savoir quels composants contient la protection hygiénique qu'elles utilisent chaque mois? La marque Tampax, leader sur le marché, va faire apparaître dès le printemps prochain la composition de ses tampons sur leurs emballages cartonnés, annonçait 20 Minutes lundi. Une information confirmée auprès de L'Express par le groupe Protect & Gamble qui ajoute avoir pris la mesure de "l'attente des consommatrices par rapport à une transparence sur la composition des produits".

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Depuis la médiatisation au printemps 2015, du choc toxique d'une mannequin américaine, qui avait dû subir une amputation, la composition des protections hygiéniques inquiète.

La pétition d'une jeune étudiante française, Mélanie Doerflinger, lancée en août 2015 et demandant aux fabricants de "rendre visible la composition des tampons" a recueilli près de 260 000 signatures. L'annonce de Tampax vient donc couronner la forte mobilisation d'utilisatrices, depuis plus d'un an et demi.

Une composition pas assez détaillée

Quelles indications seront désormais portées sur les emballages? La liste des composants écrite sur les boîtes "sera identique à celle figurant déjà sur le site et sur les prospectus à l'intérieur des packs", précise à L'Express le service communication du leader du marché des tampons périodiques. Cette composition propose déjà, selon Tampax, une "liste exhaustive" des éléments de fabrication du tampon.

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Sur le site internet, la présentation du produit demeure néanmoins succincte. On peut ainsi lire pour l'élément "applicateur": "carton composé de papier enroulé sur lui-même ou plastique". Même réponse vague et générale pour le "support absorbant", dont la composition est ainsi décrite: "coton et/ou rayonne"... Si les matières premières sont citées (coton, viscose [ou rayonne] ou encore plastique), il n'est fait aucune mention des colorants, encres, additifs et parfums parfois utilisés. Pour ces derniers, par exemple, il est seulement indiqué "parfums conformes aux strictes exigences appliquées par l'association internationale des parfums (IFRA)". "Dans la mesure où il sont conformes, cela suffit", assure-t-on chez Tampax.

"Ce n'est pas ça du tout qu'on demande"

"Si c'est cela, ça ne sert à rien. Ce n'est pas ça du tout qu'on demande. La composition reste très générale et cette histoire de parfum, ce n'est pas du tout précis", déplore Mélanie Doerflinger, contactée par L'Express.

"On sent les plus grosses marques très réticentes" à la collaboration, abonde pour sa part le professeur Gérard Lina, médecin au laboratoire de Bactériologie du CHU de Lyon, désigné Centre national de référence des staphylocoques, et qui les sollicite régulièrement pour ses recherches sur les chocs toxiques.

"Je ne pense pas que le cordon en lui-même ait beaucoup d'impact, explique le chercheur à L'Express. Mais le moyen par lequel celui-ci est fixé avec la partie absorbante, si. En plus de la composition de la partie absorbante, celle de son revêtement et du voile le recouvrant sont aussi importantes."

"Les femmes doivent savoir ce qu'elles utilisent"

"J'aimerais comprendre pourquoi c'est si compliqué de donner la composition complète. Quand j'achète un tee-shirt, je sais s'il est en coton ou en Licra", pointe de son côté Victoire N'Sondé, journaliste chez 60 Millions de consommateurs. En mars 2016, elle avait collaboré à l'enquête révélant la présence - certes, faible - de résidus "potentiellement toxiques" sur certaines protections intimes.

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Des traces de polluants industriels, soupçonnés d'être des perturbateurs endocriniens, et des résidus de pesticides avaient été retrouvés sur les produits de certaines marques. Tampax avait de son côté été épinglé pour la présence de "dérivés halogénés", utilisés dans le traitement de matières premières. Si "leur toxicité n'a, pour l'heure, pas été établie. Leur présence reste cependant indésirable", notait le magazine, notamment car ils peuvent être irritants.

"Les femmes doivent savoir ce qu'elles utilisent, c'est quand même le minimum, s'agace Victoire N'Sondé. Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de réglementation légale qu'on ne doit pas cette information au consommateur."

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