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Vivarte vend André et Naf Naf et ferme 147 magasins La Halle aux chaussures

Confronté à des ventes en baisse et asphyxié par un endettement colossal, le groupe a annoncé mardi qu’il se séparait d’André dans le cadre d’une nouvelle restructuration.

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Publié le 24 janvier 2017 à 10h57, modifié le 24 janvier 2017 à 13h49

Temps de Lecture 4 min.

La direction du groupe Vivarte a annoncé un nouveau plan de restructuration lundi 23 janvier, qui passera par deux nouveaux plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) pour La Halle aux chaussures et Vivarte Services

La rumeur circulait depuis début janvier, elle vient d’être confirmée : le groupe d’habillement et de chaussures Vivarte (La Halle, Caroll...) a annoncé mardi 24 janvier la cession du chausseur André (135 magasins, 786 salariés), ont révélé les représentants des salariés à l’issue d’un comité central d’entreprise extraordinaire (CCE).

L’enseigne sera mise en vente dès mercredi 25 janvier et un repreneur, dont l’identité n’a pas été précisée, a été trouvé, selon les mêmes sources citées par l’AFP. Depuis vendredi 20 janvier déjà, les rumeurs avançaient le nom de Christopher Descours pour reprendre l’enseigne. A la tête du groupe EPI, le propriétaire de J. M. Weston et Bonpoint, qui n’est autre que le petit-fils de Jean-Louis Descours, président d’André de 1960 à 1996, a toutefois démenti.

La cession d’André n’est pas la seule annoncée. Contre toute attente, le groupe met aussi en vente la marque de mode Naf Naf, qui s’ajoute à celles de Kookaï, Pataugas et Chevignon décidées l’année dernière.

D’autres mauvaises nouvelles de cette dure semaine pour les 16 000 salariés de Vivarte sont confirmées. Le plan d’action présenté par le PDG, Patrick Puy, prévoit la fusion des sièges de La Halle aux vêtements et de La Halle aux chaussures, la réorganisation de Vivarte Services (les fonctions supports du groupe), la rationalisation des points de vente et la recherche de repreneurs pour d’autres enseignes…

147 magasins La Halle aux chaussures fermés

Pour La Halle aux chaussures (680 boutiques emploient 3 900 salariés), la cession en novembre 2016 de 132 magasins a été revue à la hausse. 147 magasins sont désormais concernés. Faute de repreneur, la direction aurait annoncé leur fermeture.

Selon la CGT, plus de 730 postes seront supprimés avec la fermeture sèche de 141 magasins, la fusion de 41 autres avec des points de vente La Halle, ainsi qu’en raison de la fusion des sièges des deux enseignes. La CFDT a évalué de son côté à environ 800 le nombre de postes qui seront supprimés avec la fermeture de 133 à 140 magasins.

L’annonce du rapprochement des deux Halles était attendue, mais La Halle aux vêtements (480 magasins et 4 100 salariés) reste sous le choc :

« Après la perte de 250 magasins et de 1 500 salariés en 2015 et en 2016, on ne pensait pas que les nouvelles annonces concerneraient cette enseigne », poursuit M. Cheboub.

La fusion des deux Halles pourrait entraîner la suppression de 79 postes au siège et la transformation de 41 magasins la Halle aux chaussures en Halle aux vêtements.

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D’ici à mercredi, la direction devrait encore donner des informations sur les repreneurs de Kookaï, Chevignon et Pataugas, mis en vente en 2016.

Que restera-t-il du groupe Vivarte (16 000 salariés pour un chiffre d’affaires de 2,2 milliards d’euros), au terme des décisions communiquées cette semaine ? Une Halle unique amaigrie, un groupe recentré autour des marques Minelli, San Marina, Besson et Caroll. Pas si simple…

La nomination de Sandrine Lilienfeld à la tête de l’enseigne Caroll interroge aussi les observateurs. Le retour dans le groupe de l’ancienne présidente de Naf Naf, passée chez Gérard Darel (placé en redressement judiciaire en 2015), fait planer le doute sur les intentions de la direction en ce qui concerne l’une de ses seules enseignes à avoir réussi à rajeunir son image et son offre pour attirer une nouvelle clientèle de quadras.

La chronique : Article réservé à nos abonnés Vivarte, une mode qui ne passe pas

Dette de 1,3 milliard d’euros

Même si l’intersyndicale veut profiter jusqu’au bout de la période électorale, la position du gouvernement est claire. Oui, le groupe a touché 44 millions d’euros de l’Etat depuis 2014, dont 14 millions en 2016, au titre du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, mais Christophe Sirugue, secrétaire d’Etat chargé de l’industrie auprès du ministre de l’économie, a encore rappelé sa position à l’Assemblée nationale il y a quinze jours.

Il n’est pas question pour Bercy d’accompagner des entreprises dont les cessions de marques ou de magasins servent uniquement à rembourser les créanciers. D’autant plus quand ces anciens créanciers sont devenus actionnaires, comme c’est le cas pour le groupe Vivarte.

Toute tentative de renégocier une nouvelle fois la dette semble, pour le moment, extrêmement compliquée pour la direction du groupe.

En 2014, Oaktree, Alcentra, Babson et GLG ont accepté de faire une croix sur 2 milliards d’euros de créances en échange de leur montée au capital du groupe français. Ces actionnaires, qui occupent six des neuf sièges au conseil d’administration, ont plutôt intérêt à se rembourser rapidement, ce qui n’est pas exactement le cas des fonds Hayfin ou Anchorage, qui ont apporté 500 millions d’euros de nouvelle dette à Vivarte. Les deux camps ne sont pas sur la même longueur d’onde, et toute tentative de renégocier une nouvelle fois la dette semble, pour le moment, extrêmement compliquée pour la direction du groupe.

Erreurs stratégiques en série

A cette dette de 1,3 milliard d’euros, qui empêche le groupe de réaliser les investissements industriels et commerciaux nécessaires, s’ajoutent d’autres handicaps, qui affectent Vivarte depuis 2007, date à laquelle PAI Partners a vendu sa participation dans l’entreprise à Chaterhouse pour… 3,2 milliards d’euros.

Le management a multiplié les erreurs stratégiques : le virage du numérique n’a pas été pris à temps, la montée en gamme de La Halle, en termes de produits et de prix, a éloigné la clientèle de l’enseigne… Sans parler de la succession de cinq dirigeants en quatre ans, qui n’a pas favorisé l’émergence d’une vision à long terme capable de repositionner Vivarte face à la concurrence de H&M, Inditex ou Primark, et de moderniser les magasins.

Le tout intervient dans un contexte morose pour l’ensemble du commerce du textile et de habillement en France, des grands magasins aux chaînes traditionnelles. Vivarte n’est pas un cas à part et, malgré les – 70 % qu’affichent actuellement les vitrines La Halle, le manque d’activité en magasin est flagrant.

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