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Fessenheim, cinq ans de débats et toujours autant d’incertitudes

Le conseil d’administration d’EDF a validé le montant de son indemnisation par l’Etat. Il doit encore demander l’abrogation de l’autorisation d’exploitation de la centrale nucléaire.

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La centrale de Fessenheim, qui « fêtera » ses 40 ans cette année, est la plus ancienne centrale nucléaire française en activité.

Par Véronique Le Billon

Publié le 24 janv. 2017 à 19:07

Une chose est sûre : le 7 mars prochain, la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) pourra fêter le quarantième anniversaire de la fission du premier noyau d’uranium (la « divergence ») dans son réacteur numéro 1. Mardi, le conseil d’administration d’EDF a approuvé les conditions d’indemnisation de son préjudice, négociées avec l’Etat pour le projet de fermeture de la centrale : 490 millions d'euros qui seraient en 2019 et 2021, une fois les deux réacteurs de 900 mégawatts fermés, suivis éventuellement d’une indemnité supplémentaire en fonction des prix de marché, jusqu’en 2041.

Comme prévu, cet accord a permis à la ministre de l’Energie, Ségolène Royal, de souligner que l’exécutif respectait la promesse présidentielle, en saluant une décision « équilibrée et progressive », « dans le calendrier prévu, avec un délai jusqu’à l’ouverture de Flamanville ».

Un arrêt sous conditions

En réalité, rien n’est encore gravé dans le marbre. Rappelant que la fermeture de Fessenheim n’est imposée que par le plafonnement des capacités de production nucléaire (à 63,2 GW) inscrit dans la loi de transition énergétique, le conseil d’EDF a subordonné l’étape suivante du processus -sa demande d’abrogation de l’autorisation d’exploiter Fessenheim- à trois autorisations concernant l’EPR de Flamanville, la poursuite d’exploitation de Paluel et la validation de l’accord d’indemnisation par la Commission européenne. « Notre objectif, c’est de respecter le plafond de la loi mais d’être au plafond », a expliqué le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy mardi. Le calendrier est encore flou. « L’Etat est pressé mais pas EDF », résume un connaisseur du dossier. « L’histoire n’est pas écrite », a d’ailleurs réagi la fédération Mines et Energie de la CGT.

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Si certains évoquent un délai de trois à six semaines pour réunir les autorisations, rien n’est certain, et le conseil d’administration d’EDF devra à nouveau se réunir. « Il y aura une deuxième délibération, dans un délai difficile à estimer. Un mois, trois mois... », dit-on au sein d’EDF. L’association antinucléaire Greenpeace, qui avait dans un premier temps salué « une décision qui va dans le bon sens », a finalement jugé dans un deuxième communiqué que les conditions associées à la demande d’abrogation étaient « inacceptables et sans aucun fondement légal ».

Fillon et Le Pen opposés à la fermeture

Hostiles à la fermeture de A Fessenheim, « il y a toute une vie autour de la centrale » les syndicats espèrent que la demande d’abrogation arrivera trop tard pour que le décret puisse être publié par le gouvernement avant la présidentielle -le 22 avril. Et si c’était le cas, rien ne dit que la fermeture serait irréversible.

« Soit le futur gouvernement confirme le plafond de 63,2 gigawatts de capacités installées pour le nucléaire, et alors la décision s’imposera. Soit il y a une vision différente et il y aura plusieurs manières de modifier le plafond », résume un expert. Parmi les candidats déclarés à la présidentielle, François Fillon (LR) et Marine Le Pen (FN) sont à ce stade hostiles à la fermeture des réacteurs alsaciens. Seul Benoît Hamon, qui a viré en tête à la primaire socialiste, a jugé qu’« il faut engager cette diminution de la part de l’électricité liée au nucléaire ».

En jouant la montre, EDF a réussi jusqu’ici à préserver son ADN nucléaire, contre la volonté même de son premier actionnaire l’Etat (à 85,6 %). Certains commencent toutefois à s’interroger, au sein même d’EDF, sur le devenir des centrales actuelles. « On est très mauvais en France pour réfléchir sur le devenir des industries en fin de vie », jugeait ainsi un élu du personnel. Ségolène Royal a dit mardi avoir demandé à Berlin de créer « une commission mixte franco-allemande pour mettre en œuvre les projets industriels nouveaux » pour le bassin d’emplois. Sans précision sur l’état des travaux de la mission interministérielle censée y travailler depuis quatre ans à Paris.

Véronique Le Billon

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