Val-de-Marne : les communistes menacés de mort après leur campagne propalestinienne

 Ivry-sur-Seine, ce lundi soir. Fabien Guillaud-Bataille, secrétaire départemental du PCF 94 a révélé dans son discours de vœux les menaces subies par le parti et des membres du MJCF 94.
Ivry-sur-Seine, ce lundi soir. Fabien Guillaud-Bataille, secrétaire départemental du PCF 94 a révélé dans son discours de vœux les menaces subies par le parti et des membres du MJCF 94. LP/A.V.

    « Rien ne nous fera dévier d'un centimètre sur nos engagements, nos convictions, nos solidarités avec le peuple palestinien ». Le ton était grave ce lundi soir aux vœux du PCF du Val-de-Marne. Le secrétaire départemental Fabien Guillaud-Bataille a révélé devant plusieurs dizaines d'élus et de militants réunis dans l'espace Robespierre à Ivry-sur-Seine, « les menaces de mort de la part de hackers et fanatiques » dont ont été victimes le parti et des membres du Mouvement Jeunes Communistes français (MJCF) du Val-de-Marne en décembre. Une plainte contre X a été déposée. Une enquête a été ouverte.

    « Nous avons reçu des appels de menace au standard de la fédération, jusqu'à voir débarquer en pleine nuit une entreprise de pompes funèbres pour lever un corps dans nos locaux, corps qui n'existait pas », raconte au micro Fabien Guillaud-Bataille. Cette nuit-là à la mi-décembre, vers 1 heure du matin, un corbillard attendait Mehdi Belmecheri-Rozental, responsable national des questions internationales chez les Jeunes Communistes. Une sorte de canular appelé « swatting » dont s'était rendu célèbre le hacker franco-israëlien Ulcan. En 2015, Jean-Claude Lefort, ancien député communiste du Val-de-Marne, ex-président de l'association France-Palestine Solidarité en avait été victime lui aussi. Des policiers avaient débarqué chez lui, alertés pour un soi-disant délit. Il était absent à ce moment-là.

    Les premiers appels menaçants démarrent au tout début décembre. « Juste après notre action BDS, Boycott désinvestissement sanction, au Leclerc de Vitry le 3 décembre », constate Mehdi. BDS est une campagne propalestinienne, qui se réfère aux campagnes de boycott conduites contre le régime d'apartheid d'Afrique du Sud, pour appeler à des pressions sur Israël, avec notamment le boycott des produits issus des colonies israéliennes. Le MJCF 94 avait filmé en direct son action. Une vidéo qui déclenche les hostilités.

    Pendant deux semaines, tous les jours, le jeune homme reçoit des appels sur son portable. Une trentaine au total. « On menaçait de me tuer, de me violer, de faire du swatting chez mon père », confie la victime. Le harcèlement va durer jusqu'à Noël. « Je dormais mal, j'étais tendu », avoue le jeune communiste. Parallèlement, piratage de boîtes mail, tentative sur le compte Facebook, les attaques se multiplient. Le MJCF 94 est pris à partie par un groupe extrémiste pro israélien qui a repris la vidéo de l'action BDS. « Des membres ont été insultés sur notre Facebook, sur leurs profils, ou directement dans les commentaires sur le site de ces extrémistes », poursuit Mehdi. Ainsi, parmi l'avalanche de messages, peut-on lire encore « un bon communiste est un communiste mort ».

    Depuis décembre, les jeunes communistes n'ont plus rien reçu. Mais les responsables du parti voudraient bien mettre un nom sur ces hackers. « L'enquête doit avoir lieu et les auteurs de ces menaces retrouvés et jugés », insiste Fabien Guillaud-Bataille. A sa connaissance, les investigations n'ont toujours pas abouti.