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Les pharmaciens veulent percevoir des honoraires comme les médecins

La baisse du prix des médicaments fragilise les marges des officines.

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Par Solveig Godeluck

Publié le 26 janv. 2017 à 01:01

Journée d'action pour les pharmacies. Ce jeudi, le deuxième syndicat de la profession, l'USPO, a appelé ses adhérents à fermer boutique et à manifester devant les caisses primaires d'assurance-maladie. Un petit coup de pression avant l'ouverture de la négociation de la convention quinquennale des pharmaciens, le 22 février, en vue d'une signature début avril.

« Nous sommes d'accord pour nous réformer, mais nous voulons un financement et de la visibilité sur l'avenir », explique Gilles Bonnefond, le président de l'USPO. Les officines sont fragilisées par la politique de maîtrise des coûts de l'assurance-maladie, insiste le syndicat. Alors que les dépenses de médicaments remboursables, qui représentent les trois quarts du chiffre d'affaires des pharmaciens, croissaient encore de 7,2 % par an en 2002, elles sont en baisse depuis 2011. Du coup, la marge réglementée des pharmaciens a chuté de 2,10 % en 2015, à 5,2 milliards d'euros. Pour 2016, l'Assurance-maladie estime que la marge devrait légèrement progresser, d'au moins +0,7 %. Mais selon une note de l'Union des caisses d'assurance-maladie (Uncam) à laquelle « Les Echos » ont eu accès, la politique du médicament devrait impacter les officines à hauteur de 123 millions d'euros, avec « une évolution de la marge qui sera au mieux stable, au pire en décroissance de 2 % ».

« Honoraires de dispensation » introduits en 2015

En 2015, l'impact des mesures de maîtrise du coût du médicament sur les pharmacies a été réduit « de l'ordre de 24 % » grâce à la réforme de la rémunération des pharmaciens. Les « honoraires de dispensation » introduits en 2015, dont le montant n'est plus lié au prix des médicaments, ont eu « un effet protecteur avéré sur l'économie officinale », selon l'Uncam. 2,5 milliards d'euros ont été ponctionnés sur la marge réalisée à l'ancienne pour être affectés à un nouvel honoraire par boîte. Un honoraire à l'ordonnance complexe (au moins cinq lignes) a aussi été créé, financé par une enveloppe supplémentaire de 44 millions d'euros.

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Les deux syndicats représentatifs des 54.800 pharmaciens veulent aller plus loin. Ils se sont entendus sur une plate-forme commune. « Notre ambition est de transformer le modèle économique, avec un honoraire-socle, puis un complément en fonction de la longueur de l'ordonnance, ou bien du public visé, comme les médecins », explique Philippe Besset, président de la FSPF, le premier syndicat. La Fédération demande la création d'honoraires supplémentaires de 2 euros par ordonnance en moyenne, en plus des éléments de rémunération actuels. Elle veut aussi introduire une rémunération pour les interventions du pharmacien sur l'ordonnance - lorsqu'il doit appeler le prescripteur pour signaler un risque d'iatrogénie, une incohérence avec les prescriptions antérieures -, pour la coordination des soins, la tenue du dossier patient, la préparation des doses... Dans sa lettre de cadrage, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, demande justement de « prévoir une modification progressive des paramètres de la rémunération pour atténuer encore la sensibilité de la rémunération des pharmaciens aux baisses de prix ». La modification devra « prendre place sur plusieurs années », et la marge réglementée devra évoluer de façon « cohérente ». Autrement dit, un plus grand volume de médicaments devront être vendus à prix coûtant si le pharmacien est payé à l'honoraire.

Solveig Godeluck

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