Les affaires d'emplois fictifs, une tradition française

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Les affaires d'emplois fictifs, une tradition française

La mairie de Paris, théâtre des affaires des emplois fictifs sous Jacques Chirac puis Jean Tibéri
La mairie de Paris, théâtre des affaires des emplois fictifs sous Jacques Chirac puis Jean Tibéri
© Maxppp - Pierre HECKLER

François Fillon est empêtré dans les accusations d'emploi fictif envers son épouse Penelope. Mais c'est loin d'être la première affaire du genre que connait la France.

La Mairie de Paris : Jacques Chirac , Alain Juppé

À ce jour, c'est l'affaire d'emplois fictifs la plus marquante : Jacques Chirac, ancien Président de la République, a été condamné en 2011 à deux ans de prison avec sursis. L'affaire remonte au début des années 1990, quand Chirac était maire de la capitale. Elle sera révélée après la plainte d'un contribuable en 1998. L'affaire comporte deux volets : l'un, instruit à Paris, porte sur vingt et un faux emplois et concerne Jacques Chirac. L'autre, instruit à Nanterre, porte sur sept postes. Les emplois en cause ont été rémunérés par la Mairie de Paris de 1990 à 1995, alors qu'il s'agissait de permanents du RPR, tremplin de Jacques Chirac.

Maitre Georges Kiejman, avocat de Jacques Chirac, à la sortie du procès des emplois fictifs en 2003
Maitre Georges Kiejman, avocat de Jacques Chirac, à la sortie du procès des emplois fictifs en 2003
© Maxppp - Gaël Dupret

Alain Juppé, alors adjoint au maire de Jacques Chirac, a été condamné en 2004 à une peine de 18 mois de prison avec sursis et dix ans d'inéligibilité, ramenée en appel à 14 mois avec sursis et un an d'inéligibilité. Cette condamnation est liée au volet des 7 emplois traité par le parquet de Nanterre.

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Les époux Tiberi

L'affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris couvre également la période où Jean Tiberi a succédé à Jacques Chirac.

Les époux Tiberi en 2003 à la sortie de l'un de leurs procés
Les époux Tiberi en 2003 à la sortie de l'un de leurs procés
© Maxppp - GAEL CORNIER

L'épouse du maire de Paris Xavière Tiberi est, elle, renvoyée devant le tribunal correctionnel d’Évry. Elle doit y répondre des délits de «recel de détournement de fonds publics» et «recel d'abus de confiance», après trois ans d'enquêtes. Trois autres personnalités comparaîtront aux côtés de Xavière Tiberi : Alain Aubert, vice-président du conseil général des Hauts-de-Seine, Bruno Tellenne, alias Basile de Koch (frère de Karl Zero), et Xavier Dugoin, ancien président du conseil général de l'Essonne. Tous ont du s'expliquer sur le système d'emplois fictifs en vigueur dans le département de l'Essonne durant les années 90.

Xavière Tiberi est également soupçonnée d'avoir bénéficié d'un emploi fictif en ayant rédigé une "étude" sur la francophonie, commandée par le conseil général de l'Essonne et saisie à son domicile lors d'une perquisition. L'épouse du maire de Paris a été employée, du 9 mars au 14 décembre 1994, comme collaboratrice au cabinet de Xavier Dugoin. Elle a perçu 32 000 euros pour avoir rédigé 20 pages. La procédure a été annulée pour vice de forme.

Les époux Balkany

Les époux Nalkany, visés par de nombreuses enquêtes
Les époux Nalkany, visés par de nombreuses enquêtes
© AFP - LIONEL BONAVENTURE

En 2014, Isabelle Balkany, épouse et première adjointe du maire Les Républicains de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) a été placée en garde à vue. Elle était visée par une enquête pour "détournement de fonds publics", soupçonnée d’avoir fourni un emploi fictif à Jean Testanière, un magnétiseur-guérisseur surnommé "le mage", qui aurait travaillé dans la mairie de la ville de 2006 à 2010. Jean Testanière est aussi connu pour avoir été l'un des gérants de fait du cercle de jeux Wagram à Paris, détenu par le gang corse de "la brise de mer". Isabelle Balkany n'a pas été mise en examen dans cette affaire.

Jean-Christophe Cambadélis

Le premier secrétaire du Parti socialiste a été condamné à deux reprises. La première en janvier 2000 : cinq mois de prison avec sursis et 15 000 euros d'amende pour avoir bénéficié d'un emploi fictif au sein d'une société gestionnaire de foyers de travailleurs immigrés. La deuxième fois, en juin 2006, où il a été reconnu coupable de recel d'abus de confiance et condamné à six mois de prison avec sursis et 20 000 euros d'amende dans l'affaire des emplois fictifs de la MNEF pour une supposée mission.

La MNEF

La gestion de la mutuelle étudiante MNEF s'est retrouvée au cœur d'un scandale dévoilé par Libération en 1998, alors qu'il durait de puis plusieurs années. Au bout de huit ans de procédure, 17 prévenus ont été condamnés dans le procès des emplois présumés fictifs de la MNEF.

Harlem Désir

Harlem Désir, actuel secrétaire d’État aux affaires européennes, a été le prédécesseur de Cambadélis à la tête du PS. Il a également été condamné en 1998 à 18 mois de prison avec sursis et 4 500 euros d'amende dans une affaire d'emploi fictif. Entre 1986 et 1987, alors qu'il est président de SOS Racisme, il percevait 1 600 euros par mois d'une autre association, l'Association régionale pour la formation et l'éducation des migrants, basée à Lille. Il n'y a jamais travaillé.

Le Front national

En mars 2015, une enquête est ouverte par le parquet, saisi par le Parlement européen, sur des soupçons de salaires indûment versés à 20 assistants parlementaires d'élus du Front national. Ils sont soupçonnés de ne pas travailler pour l'Union européenne à Strasbourg ou à Bruxelles, mais de travailler comme permanents pour le FN. Le préjudice pour l'institution s'élèverait à 7,5 millions d'euros. En parallèle du parquet, l'Organisme antifraude de l'Union européenne (Olaf) a demandé au Parlement européen de recouvrer 339 946 euros auprès de Marine Le Pen, une somme correspondant aux salaires versés à deux de ses assistants parlementaires, Thierry Légier en 2011 et Catherine Griset de 2010 à 2016. Le premier a longtemps été le garde du corps de Jean-Marie Le Pen, avant de devenir celui de Marine Le Pen, tandis que la seconde a été chef de cabinet de la présidente du FN au sein du parti. Interrogée ce mercredi sur l'affaire Penelope Fillon, la présidente du FN Marine Le Pen a d'ailleurs refusé d'entrer "dans cette politique des boules puantes."

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