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HaïtiLa vidéo d'un viol collectif suscite l'indignation

(Photo d'illustration).

Une vidéo qui circule en Haïti, montrant une adolescente subir un viol collectif, suscite l'indignation alors que la police, qui a procédé jeudi à plusieurs arrestations, recherche encore activement les auteurs du crime.

La jeune fille de 16 ans a été sexuellement agressée par cinq hommes le 4 janvier dans un quartier populaire de Pétionville, sur les hauteurs de la capitale, mais elle n'a porté plainte qu'après la diffusion cette semaine de la vidéo, tournée par ses agresseurs. Le film de moins de 3 minutes a été rapidement partagé sur les messageries instantanées des téléphones portables provoquant un vif débat sur les réseaux sociaux.

Suite à ces réactions, deux sénateurs et le chef du parquet de Port-au-Prince ont annoncé offrir un demi-million de gourdes (un peu moins de 7500 US$) pour toute information qui permettrait l'arrestation des agresseurs, dont certains sont reconnaissables sur la vidéo.

Douze personnes arrêtées

La police nationale annonce avoir déjà procédé à l'arrestation de douze personnes, âgé de 16 à 44 ans, mais le chef du gang incriminé et «ses soldats», comme le précise un communiqué diffusé jeudi, «sont activement recherchés par la police pour viol collectif et association de malfaiteurs.»

Ce fait divers et le débat qu'il suscite mettent à nouveau en lumière la prévalence et l'impunité des crimes sexuels à travers le pays.

«Les violences à l'égard des femmes, dont le viol, demeurent un problème systémique en Haïti» indiquait déjà en 2012 la section Droits humains de la mission de l'ONU en Haïti (Minustah).

Absence de justice

Dans son rapport de 2013 sur la réponse policière et judiciaire aux plaintes pour viol, l'Onu a regretté qu'aucune des 62 cas enregistrés sur une période de trois mois dans les commissariats de la capitale n'avait été jugé.

Pour Florence Elie, la directrice de l'Office de protection du citoyen, cette absence de justice pour les crimes sexuels est symptomatique du machisme qui domine la société haïtienne

«Dans les familles, il y a deux traitements, surtout dans les familles les plus pauvres: la petite fille va chercher de l'eau, le garçon reste à la maison, la femme va aux champs, au marché tandis que beaucoup d'hommes agriculteurs jouent au domino le reste du temps» explique Mme Elie.

«J'espère que cette vidéo va servir de réveil, que ça va secouer un peu les esprits et les coeurs et que certaines dispositions seront prises au niveau de l'éducation nationale par exemple» a-t-elle déclaré à l'AFP.

Comme les organisations féministes d'Haïti, Florence Elie dénonce l'hypocrisie de la société face aux violences contre les femmes. «Nous avons tellement d'autres problèmes vitaux comme boire et de manger que souvent on choisit de ne pas voir les problèmes (...) Tout le monde sait que la chose existe mais, mais comme ça n'était pas sur les réseaux sociaux, on met tout ça sous le tapis» regrette-t-elle.

AFP