Affaire Penelope Fillon : les deux notes de lectures de "la Revue des deux mondes"

Affaire Penelope Fillon : les deux notes de lectures de "la Revue des deux mondes"
Penelope Fillon à la mairie de Sable-sur-Sarthe le 10 décembre 2010. ((JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP))

A côté de sa rémunération d’attachée parlementaire, Penelope Fillon touchait aussi un coquet salaire de "la Revue des deux mondes". Le fruit de son travail ? "Marianne" exhume ses deux uniques notes de lecture. 

Par Le Nouvel Obs
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Elle écrivait sous pseudo. Plus simple, quand on est une femme de ministre et de député. C'est le cas de Penelope Fillon. Sous le nom de Pauline Camille, elle a écrit deux notes de lecture pour "la Revue des deux mondes". C'est la seconde face du "PenelopeGate".

Outre sa rémunération d’attachée parlementaire de 500.000 euros en huit ans, Penelope Fillon touchait aussi un coquet salaire de "la Revue des deux mondes", révélait mercredi "le Canard enchaîné".

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Du 2 mai 2012 au mois de décembre 2013, l'épouse de François Fillon été payée 5.000 euros brut par mois : soit la coquette somme de 100.000 euros. "J'ai découvert comme vous, l'existence de ce poste", témoigne auprès de "l'Obs" Michel Crépu, le directeur de la rédaction de l'époque. Il assure :

"Je n’ai jamais rencontré Penelope Fillon, je ne lui ai jamais parlé, je ne l’ai jamais vue."

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100.000 euros pour 3.500 signes

Il se souvient bien de deux notes de lecture rédigées par Penelope Fillon… mais c'est tout. "Marc Ladreit de Lacharrière m'a téléphoné une fois pour me dire : 'Pourriez-vous me transmettre des livres qu'on pourrait donner à traiter à Mme Fillon qui s’ennuie ?'", rapportait-il à l’hebdo satirique.

L'hebdomadaire "Marianne" a retrouvé ces notes signées par "Pauline Camille" :

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  • La première fait 2.500 signes et porte sur un ouvrage du romancier Lucien Azay : "Trois excentriques anglais", "l'occasion de regarder une nation à travers les images en négatif qu'ils présentent", écrit l'auteure de la note. Il y est question de l'écrivain Thomas Lovell Beddoes, "dernier des romantiques anglais [qui] a passé sa vie à chercher le sens de la mort" ; de John Gray, "'modèle rétrospectif' du héros du 'Portrait de Dorian Gray' d'Oscar Wilde" ; et d'Aleister Crowley, "l'une des inspirations pour la génération des années soixante dans sa poursuite des expériences extrêmes". L'ouvrage, présenté de façon assez scolaire, avait été récompensé par le prix de "la Revue des deux mondes" en 2012.
  • La seconde note a été publiée le mois suivant, et fait 1.000 signes. Ces courtes lignes portent sur l'essai de William Marx intitulé "le Tombeau d'Oedipe. Pour une tragédie sans tragique". L'auteure s'aventure sur le terrain de la tragédie grecque. "La quête de l'insaisissable vérité de la tragédie antique devient un beau plaidoyer pour avouer l'impossibilité de l'atteindre, comme le lieu secret du tombeau où repose le héros de la dernière pièce de Sophocle, 'Oedipe à Colone'" : c'est la première phrase de la note. L'ouvrage avait été sélectionné par le prix de "la Revue des deux mondes" en 2012.

Dans les commentaires de l'article, les internautes ont calculé le prix de la pige par signe : 25,57 euros. Peu de journaux, en France, peuvent se targuer de proposer une telle rémunération.

"Réflexion stratégique informelle"

"Ces fiches étaient correctes", expliquait à "l'Obs" Michel Crépu, tout en précisant que ça ne lui "posait pas de problème" de les publier. "On me les avait fait parvenir, mais je n’ai jamais été en contact avec elle." A ce jour, ces deux notes sont la seule trace du travail de Penelope Fillon pour "la Revue des deux mondes".

Marc Ladreit de Lacharrière, l'homme d'affaires propriétaire de la revue, justifie au "Monde" l'embauche de Penelope Fillon :

"La revue voyait son chiffre d’affaires baisser chaque année. J’ai donc demandé à quelques amis et personnalités de réfléchir à son devenir, notamment en l’ouvrant vers l’étranger."

"Penelope Fillon était de ceux-là", assure-t-il. Selon l’homme d’affaires, cette "réflexion stratégique informelle" n'a débouché sur aucune réunion.

Le Nouvel Obs
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