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Sur Twitter, un Prix Nobel d’économie rappelle les principes du commerce mondial au président des Etats-Unis

L’économiste Paul Krugman a décrit sur Twitter les conséquences qu’aurait la taxe de 20 % sur les produits importés, proposée par la Maison Blanche pour financer le « mur » à la frontière mexicaine.

Publié le 27 janvier 2017 à 19h28, modifié le 27 janvier 2017 à 19h28 Temps de Lecture 3 min.

Paul Krugman, à Tokyo, le 22 mars 2016.

A la « diplomatie Twitter », peut-être faut-il répondre par des cours d’économie, également sur Twitter. Prix Nobel et éditorialiste au New York Times, Paul Krugman a pris la parole sur le réseau social pour répondre directement sur le canal favori du nouveau président des Etats-Unis. Car c’est là que Donald Trump et Enrique Pena Nieto, président mexicain, se sont mutuellement fait savoir, jeudi 26 janvier, que leur rencontre à Washington la semaine prochaine était annulée, en raison du refus du second de payer pour le « mur » du premier.

Paul Krugman revient sur la proposition de la Maison Blanche de financer le mur à la frontière mexicaine avec une taxe de 20 % sur les produits importés. Cette solution a été proposée par le porte-parole de la Maison Blanche après que le président mexicain a rappelé fermement que le Mexique ne financerait pas l’opération.

Pour Paul Krugman, c’est bien simple : Donald Trump s’est senti humilié par le refus des Mexicains. Et a cherché, très vite, trop vite sans doute, une parade. Raté : l’annonce en question est à la fois dangereuse, irresponsable et impossible à mettre en pratique, explique l’économiste.

« Beaucoup de gens – y compris l’Agent orange – ne se rendent probablement pas compte à quel point ceci est irresponsable et peu documenté. »

« Le commerce international est gouverné par des règles ; à l’origine, l’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (1947), aujourd’hui inclus dans les règles de l’OMC », poursuit l’économiste, qui rappelle les principes fondamentaux du commerce mondial : « Un aspect essentiel de ces régulations est que les Etats s’accordent à ne pas imposer des nouvelles taxes douanières et des quotas d’importation de manière unilatérale ». De cette manière, imposer une taxe de 20 % sur les produits importés du Mexique remet tout le système en cause. « Système que les Etats-Unis ont eux-mêmes créé ! », ajoute Paul Krugman.

Résolument simple et didactique, le propos de Paul Krugman ressemble à une initiation aux grands principes de l’économie libérale, qui lui rappelle d’ailleurs ses propres cours d’économie : « Comme on me l’a appris il y a bien longtemps, le danger d’une telle mesure n’est pas tellement les représailles mais les idées que cela pourrait donner à d’autres. » Une telle mesure aurait rapidement l’effet d’élever des « barrières commerciales » partout dans le monde, donc de détricoter la mondialisation.

« Des enfants gâtés qui jouent avec un pistolet chargé »

Peu après, Paul Krugman semble recevoir une nouvelle information : Sean Spicer, le porte-parole de la Maison Blanche, fait machine arrière sur ces fameux 20 %, annonçant qu’il s’agit d’une « idée » parmi plusieurs modèles de financement étudiés par la Maison Blanche. Le Prix Nobel d’économie n’y tient plus. « Apparemment, Spicer dit que ce n’était qu’une idée comme ça. Mon Dieu. Ces gens sont des enfants gâtés qui jouent avec un pistolet chargé. »

Et de poursuivre avec une analyse de cette séquence et de ce qu’elle révèle, selon Paul Krugman, de « dysfonctionnements », d’« ignorance » et d’« incompétence à différents niveaux ». Car selon lui, Donald Trump s’est senti humilié par le refus répété du président mexicain de financer le mur. « Quelqu’un a eu l’idée brillante de prétendre qu’une taxe douanière allait payer à la place des Mexicains », juge-t-il avec ironie. « Mais ce n’est pas le pire », continue-t-il. Car les taxes douanières se répercutent plutôt sur les prix à l’achat pour les consommateurs. Pour le dire autrement, les Américains paieraient les conséquences de cette décision, pas les Mexicains. Et à l’inverse d’une TVA, une taxe douanière n’est pas sans effet sur les flux commerciaux, outre qu’elle est, de toute façon, illégale au regard des règles de l’OMC.

« Pour résumer, Trump se sentait nul, ses conseillers lui ont dit qu’ils avaient une réponse à faire à ses détracteurs. Mais ils ne comprennent pas le fonctionnement économique des règles du commerce mondial et n’ont pas réalisé à quel point le sujet était explosif. Maintenant, ils essaient de faire marche arrière, en se ridiculisant encore un peu plus. Comment va-t-on survivre à cela plusieurs années ? »

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