Accéder au contenu principal
Médias/Livres

La Ve République passée au crible par le Canard Enchaîné dans un livre

Les Plaisirs du journalisme, un livre cosigné par l’ancien rédacteur en chef du Canard Enchaîné Claude Angeli et Pierre-Edouard Deldique, de RFI, retrace à travers une foule d'anecdotes les principales affaires révélées par l’hebdomadaire satirique au cours de ces cinquante dernières années. Il souligne aussi les conséquences toutes relatives subies par les fautifs.

La couverture du livre «Les Plaisirs du journalisme», illustrée par Pétillon.
La couverture du livre «Les Plaisirs du journalisme», illustrée par Pétillon. DR
Publicité

Se plonger dans Les Plaisirs du journalisme, ce livre cosigné par l’ancien rédacteur en chef du Canard Enchaîné Claude Angeli et Pierre-Edouard Deldique, de RFI, c’est passer en revue plus de cinquante ans d’Histoire de France vus à travers le prisme des « affaires ». On y voit défiler un invraisemblable cortège de malversations, combines et autres magouilles à la française révélées par l’hebdomadaire satirique, de de Gaulle à Hollande ; un florilège dont la vie politique de notre pays – et, par extension, le mode de pensée de sa population qui, finalement, s'en accomode – ne sortent pas grandis. L’idée du livre a surgi l’été dernier, à l’occasion d’une série d’entretiens entre les deux auteurs diffusés huit vendredi durant, du 8 juillet au 26 août, sur l’antenne de RFI.

Tourner ces pages, c’est voir aussi ressurgir des noms et des associations de mots que l’on avait presqu’oubliés : Gabriel Aranda, Yvon Chotard, Roger-Patrice Pelat, l’amiral Lacoste, Christine Deviers-Joncour, Robert Bourgi et aussi le Service d’Action Civique, les diamants de Bokassa, Kolwezi, le Carrefour du développement, les frégates de Taïwan, l’UIMM etc. « Les gouvernants se considèrent souvent comme intouchables », regrettent les auteurs en préambule et l’on se dit qu’ils n’ont pas tout à fait tort puisque la justice française, particulièrement docile et frileuse à quelques exceptions près, se montre la plupart du temps d’une indulgence anormale et d’une lenteur inconcevable pour châtier les fautifs et leurs subalternes.

L’illusion du quatrième pouvoir

Pierre-Edouard Deldique et Claude Angeli en studio.
Pierre-Edouard Deldique et Claude Angeli en studio. RFI/Pierre René-Worms

Personnage récurrent du livre, le sympathique Jacques Chirac, le haut-dirigeant français qui a certainement le plus abusé de l’argent public durant ses mandats électifs, est pour le moment le seul président à avoir été condamné, précisément pour « détournement de fonds publics » et « abus de confiance ». Mais sa condamnation (deux ans de prison avec sursis en 2011), assez légère compte-tenu de l’accumulation des charges, est intervenue quinze ans après les faits. « En France, le droit d’étouffer les affaires politiques devrait être inscrit dans le Code pénal, ce serait plus honnête », ironise Claude Angeli qui balaie d’un revers de plume le concept totalement erroné de « quatrième pouvoir » attribué à la presse « par tradition ou par paresse intellectuelle », juge-t-il.

Les Plaisirs du Journalisme nous apprend aussi, ce que l’on ne sait pas forcément, que c’est à partir du début des années 1970 – date qui coïncide avec l’arrivée de Claude Angeli – que l’hebdomadaire satirique fondé en 1915 s'est véritablement lancé dans le journalisme d’investigation, pratique rendue possible par des finances saines qui lui ont permis, et lui permettent encore, de consacrer plusieurs mois à enquêter sur une affaire lorsque c'est nécessaire. Jusqu’alors, le Canard était surtout alimenté par des informateurs issus le plus souvent des arcanes du pouvoir, des administrations et du secteur privé, ce qui continue d’être le cas, évidemment.

Comédie et tragédie

« A travers ce livre, indique Pierre-Edouard Deldique, on voit toute l’expérience de Claude qui a enquêté depuis très longtemps. Et l’on voit aussi l’ancienneté des affaires en France dans tous les domaines, même si, aujourd’hui, quand il y a une affaire, on en parle davantage ». « L’une des conclusions du livre, poursuit-il, c’est que, malgré toutes les enquêtes qu’a pu sortir Le Canard Enchaîné, et tout ce que sort aujourd’hui la presse électronique, Mediapart et autres, rien ne change fondamentalement. C’est ça qui est assez désespérant ».

Le désespoir n’empêche cependant pas l’humour et quelques passages du livre sont assez savoureux, notamment ceux concernant le ministre de l’Intérieur de Charles de Gaulle puis de Georges Pompidou, Raymond Marcellin, dont les efforts pour coincer Le Canard s’avèrent totalement vains. On pense en particulier à ce rapport d’une platitude totale que lui rendent les Renseignements généraux mis à contribution, mais sans succès, par l’hôte de la place Beauvau. Les rapports troubles de l’Etat français avec l’Afrique ne sont pas en reste non plus, avec en « guest-star » Mouammar Kadhafi, lequel occupe, à lui seul, un chapitre entier du livre, c’est dire s’il y avait de la matière ….

Les Plaisirs du Journalisme, par Claude Angeli et Pierre-Edouard Deldique, éditions Fayard, 266 pages, 20,90 euros 

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.