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Etats-UnisTrump prend des risques en soutenant la torture

Le waterboarding, ou simulation de noyade, a été intensément utilisé par l'administration Bush après le 11 septembre.

Le président américain Donald Trump affirme que la torture est efficace. Son administration devra toutefois y regarder à deux fois avant de rétablir les pratiques de la CIA sous George W. Bush, qui ont scandalisé la planète.

La torture fonctionne «absolument» a estimé mercredi soir sur ABC le président Donald Trump, au moment où circulent à Washington des rumeurs sur un projet de décret ré-autorisant les prisons secrètes de la CIA, où les détenus étaient soumis à des «interrogatoires poussés».

Mais la perspective d'un retour aux méthodes de l'époque de l'après 11 septembre 2001 a suscité de nombreuses réactions hostiles, y compris dans le camp républicain. «La torture n'est pas légale. Et nous sommes d'accord pour qu'elle ne le soit pas», a déclaré jeudi Paul Ryan, président de la chambre des représentants et l'un des principaux chefs de file républicains.

«Je pense que quasiment tous mes collègues (républicains) sont satisfaits de l'état actuel de la loi en la matière» a renchérit Mitch McConnell, le président du Sénat.

Immorales et inefficaces

De leur côté, les ONG américaines de défense des droits de l'homme sont prêtes à reprendre le combat initié sous la présidence de George W. Bush La simulation de noyade et autres méthodes «d'interrogation poussées» sont «complètement immorales et inefficaces», a estimé Donna McKay, qui préside Physicians for Human Rights, une ONG de médecins américains qui aide à documenter les violations de droits de l'homme à travers le monde.

Raviver le débat sur l'utilisation de la torture «ne fait que nuire à la stature morale et à la sécurité nationale des Etats-Unis», a-t-elle ajouté.

Donald Trump a bien pris soin de préciser que quelle que soit sa conviction personnelle, il s'en remettrait à l'avis de son équipe et notamment de James Mattis, son secrétaire à la défense, et Mike Pompeo, le directeur de la CIA.

Pour le général Mattis, la question semble réglée. L'ancien général des marines a déjà fait part de son opposition à la simulation de noyade et autres méthodes assimilées à la torture et il «n'a pas changé de position», a indiqué jeudi un porte-parole du Pentagone.

Doutes sur la CIA

Pour le directeur de la CIA, Mike Pompeo, la position est plus ambiguë. Cet ancien parlementaire, qui avait défendu bec et ongles la CIA et ses pratiques passées, n'a pas prôné publiquement le rétablissement des «interrogatoires poussés». Mais il a tout de même indiqué qu'il consulterait en interne, pour savoir si les restrictions actuelles étaient une «entrave à l'acquisition de renseignements vitaux».

Le rapport de la commission d'enquête du congrès américain sur l'utilisation de la torture par la CIA avait affirmé que les «interrogatoires poussés» n'avaient permis de récupérer aucune information valable dans la lutte antiterroriste.

A Guantanamo, la relance du débat a tout cas suscité la consternation chez les avocats participant à une session du tribunal militaire chargé de préparer le procès des 5 accusés du 11 septembre.

Preuves inutilisables

«La torture et la bonne administration de la justice sont par essence incompatibles», a résumé James Connell, avocat de l'un des accusés, le Yéménite Ramzi ben al-Chaïba. Les cinq hommes sont détenus depuis une quinzaine d'années, inculpés depuis 9 ans, mais la préparation de leur procès est engluée dans une procédure qui n'en finit pas.

La procédure se heurte notamment au fait que l'enquête a été nourrie par des éléments issus «d'interrogatoires poussés». Khalid Sheikh Mohammed, l'un des 5 accusés et le cerveau supposé des attaques, a subi 183 simulations de noyade.

Les éléments obtenus sous la contrainte ne peuvent être utilisés à charge contre les accusés pendant leur procès. Mais les avocats estiment que les éléments obtenus dans les interrogatoires postérieurs, sans mauvais traitements, sont viciés et ne peuvent pas non plus être utilisés.

Ce sont «les fruits de l'arbre empoisonné», répètent souvent les avocats de la défense, expliquant que ces éléments n'auraient peut-être pas été obtenus sans les mauvais traitements antérieurs.

Mercredi, l'avocat du Saoudien Moustapha al-Houssaoui, a poussé vers son client son confortable siège de bureau à la place du siège en dur qui attendait celui-ci. L'accusé a sorti un coussin blanc et s'est assis. Selon son avocat, il ne peut plus s'asseoir normalement, son rectum ayant été très endommagé pendant les fouilles agressives de la CIA et la «réhydratation rectale» dont il a été l'objet.

ats