Patrimoine à Paris : ces vieux passages qui épatent la galerie

    Coincé entre un restaurant de flammekueche et une boutique de vêtements pour hommes, le passage des Panoramas se fait discret. En s'engouffrant dans ce tunnel d'histoire par le boulevard Montmartre, on entre dans une autre dimension. Celle du Paris du XIXe siècle, avec ses boutiques de timbres et de cartes postales, ses devantures en bois sculpté et ses savoir-faire d'antan.

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    « C'est l'ancêtre du centre commercial. On s'y promenait à l'abri de la pluie et de la boue projetée par les chariots », explique Aimée Dubos, présidente de l'association Passages et galeries. A l'époque, les passages étaient dotés d'une horloge pour indiquer l'heure aux voyageurs. Car à l'entrée, il y avait toujours un départ de diligence. « Les gens pouvaient faire leurs achats avant de partir en voyage, comme dans un duty free aujourd'hui. »

    LP/Philippe Lavieille

    Celui des Panoramas est le premier à hérisser sa crête de verre vers le ciel, en 1805. Sa popularité est immédiate. Il offrait l'avantage de relier le boulevard Montmartre à la Bourse, d'abriter le théâtre des Variétés et de se situer à deux pas des panoramas. Des bâtiments où l'on se bousculait pour regarder ces peintures accrochées les unes à côté des autres sur le mur d'une rotonde. Une géode avant l'heure, en somme. « Les ramas, comme on les appelait, montraient des gravures de Jérusalem, Rome… Les Parisiens avaient l'impression de découvrir le monde », ajoute Aimée.

    Vingt ans plus tard, en 1826, la galerie Vivienne ouvre à son tour dans le quartier. Une « galerie » n'est rien d'autre qu'un passage de luxe. Et ici, le raffinement saute au visage. Au sol, la sublime mosaïque a traversé le temps sans dommage et les symboles de richesse (gerbes de blé, couronnes de laurier, cornes d'abondance) ornent les murs. A l'origine de sa construction, maître Marchoux, président de la chambre des notaires, souhaitait en faire « la galerie la plus belle des passages couverts ». Pari réussi : de prestigieux commerces bordent cette galerie plus large, plus lumineuse que les autres. Les femmes y viennent pour s'apprêter de la tête aux pieds. Aujourd'hui encore, des boutiques tendance côtoient de vieilles enseignes installées depuis des siècles, comme la librairie Siroux (1828) et les caves Legrand (1880).

    Puis les travaux d'Haussmann signent l'avènement des grands magasins et, par conséquent, la lente disparition des passages. D'une soixantaine, ils passent à dix-neuf. Mais leur héritage, lui, est inquantifiable : des objets insolites ou étranges, des façades classées monuments historiques et des boutiques hors d'âge.

    LP/Philippe Lavieille

    Une broderie au passage Verdeau, un hôtel romantique au passage Jouffroy, un épicier indien au passage Brady, un luthier dans la galerie Véro-Dodat… A chacun son ambiance. Leur point commun ? Un magnifique toit de verre et de fer, ultramoderne pour l'époque. Ce même toit que l'on retrouvera, plus tard, au Grand Palais et dans les gares parisiennes.

    Passage des Panoramas : 11, boulevard Montmartre. Galerie Vivienne : 4, rue des Petits-Champs. Itinéraires gratuits et visites groupées sur www.passagesetgaleries.org

    LP/Philippe Lavieille