LE SEXE SELON MAÏA
Papis pervers, veuves joyeuses, vieux dégueulasses, hashtag #mature : le moins qu’on puisse dire, c’est que nous manquons de tendresse envers ceux qui la cherchent après 60 ans.
Comme si leur sexualité (re)devenait un vice. Comme si le jardinage remplaçait logiquement le libertinage. Et comme si nous n’avions comme option que le silence ou la moquerie : ha ha, des membres défaillants, hilarant ! Quoi, mamie couche en institution ? La démence, forcément.
Intéressante hypocrisie, quand on célèbre ces super-seniors capables d’enchaîner quatre marathons tout en passant un doctorat d’astrophysique par correspondance sur leur smartphone. Comment arrivons-nous à nous féliciter de vieillir de plus en plus tard, physiquement, intellectuellement, émotionnellement… mais pas sexuellement ?
Les représentations ont la peau dure, les chiffres sont pourtant clairs : nos aînés profitent de la vie, et pas seulement en préparant des tartes aux pommes. En 2015, les Archives of Sexual Behavior révélaient qu’en Angleterre 54 % des hommes et 31 % des femmes de plus de 70 ans avaient encore une activité sexuelle (sachant que les hommes meurent plus jeunes, laissant leurs épouses seules face au dilemme abstinence ou plantation de concombres).
De l’intérêt pour la chose
Quelques années plus tôt, une autre étude permettait de se faire une idée plus précise de ce déclin : les trois quarts des 57-65 ans étaient sexuellement actifs, mais 53 % des 65-75 ans, et 26 % des 75-85 ans. Et attention, on ne parle pas de rapports exceptionnels ! Les hommes actifs de plus de 75 ans connaissaient encore deux à trois galipettes par semaine. Une fréquence que bien des jeunes leur envieraient !
Du côté de la satisfaction, rangeons tout de suite notre misérabilisme. Selon l’université de Duke, 20 % des plus de 65 ans ont une sexualité plus épanouissante que jamais auparavant.
La recette de la longévité du plaisir ne surprendra personne : un(e) chouette partenaire, une activité régulière, de l’intérêt pour la chose, une bonne hygiène de vie. Ce dernier point est crucial. Les personnes en mauvaise santé sont, de très loin, celles qui souffrent le plus d’un déclin sexuel (exemple parmi d’autres : 81 % des malades se désolent d’orgasmes amoindris, mais seulement 54 % des bien portants).
Cette réjouissante longévité des libidos concerne aussi les célibataires ou les veufs. Selon le Centre universitaire de promotion de la santé sexuelle de l’Indiana, 46 % des hommes de plus de 70 ans se masturbent, et 33 % des femmes. Lesquelles trouvent, à 62 %, que leur sexualité de senior est aussi satisfaisante ou même plus satisfaisante que la sexualité de leurs 40 ans.
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