Marc de café, diseuses de bonne aventure, boules de cristal, tout cela sera bientôt de l’histoire ancienne. La nouvelle lubie, c’est de lire l’avenir dans les réseaux sociaux. Là où les vraies gens s’expriment. Loin de la tour d’ivoire des "merdias" (terme utilisé par la patriosphère pour désigner les médias à la solde du pouvoir et de la bien-pensance) ou des instituts de sondage, incapables d’annoncer le Brexit ou de prévoir la glorieuse victoire de Trump aux États-Unis.
Tel est l’argumentaire en vogue et qui revient à chaque élection depuis quelques mois. En somme, les données massives (Big Data) nous permettraient d’avoir en temps réel le baromètre de l’opinion.
Sauf qu’à chacun de ces articles, on nous montre un indicateur ou un outil différent. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé au moment des primaires de déployer tout ce qui se fait de mieux au niveau des outils sur les réseaux sociaux pour monitorer presque l’ensemble des indicateurs venant des réseaux sociaux.
Et devinez quoi ! Me voici le Nostradamus des réseaux sociaux puisque lors de la primaire de gauche, j’ai eu ma quinte dans l’ordre 8 heures avant le résultat des élections ( " si l’on écoute les indicateurs des réseaux sociaux, Benoit Hamon est en tête du 1er tour. "), et ce alors que les sondages donnaient Manuel Valls largement vainqueur. Pareil pour le deuxième tour, où tous les indicateurs durant les débats et la semaine me donnaient Benoit Hamon gagnant. Dès lors, ai-je trouvé la formule magique à vendre à tous les Machiavels de la classe politique ? Pas du tout. Ce que j’ai oublié de mentionner, c’est que j’avais déployé exactement les mêmes outils pour la primaire de droite, et que cette fois-là, j’étais à mille lieues d’identifier François Fillon comme gagnant. Dès lors, quels sont les biais de ce genre de méthode ?
Le biais de population
Le premier point est que la population sur Twitter ou Facebook est différente de la population globale. Pour ce premier, on a affaire à des catégories socioprofessionnelles supérieures, plutôt citadines et très connectées. Pour Facebook, on est déjà plus dans une population globale, mais cela ne représente clairement pas tout le monde. Par ailleurs, sur Facebook, on ne peut considérer que les pages publiques. Cela concerne environ 11 000 personnes pour la page de Valls et 60 000 pour Macron. Comment un microcosme comme cela peut-il constituer un indicateur plus vraisemblable que les sondages ?
Engagez-vous qu’ils disaient
Prenons ensuite la valeur phare : l’engagement. Cet indicateur désigne le fait que des gens ont interagi avec un homme politique soit en le mentionnant, soit en le retweetant. Ce n’est pas du tout parce que vous avez plus de retweets que cela désigne une intention de vote. Le meilleur exemple pour cela est celui de Benoit Hamon dont beaucoup de tweets remontant à 2009 ont connu une seconde vie, ce qui a particulièrement amusé les internautes. ":