La prime de démission d'Amazon qui passe mal auprès des syndicats

Prime de démission ou plan de départs volontaires déguisé ? Amazon propose à ses salariés en CDI ayant un projet personnel de démissionner en échange d'un chèque. Les syndicats dénoncent une «manoeuvre».

ILLUSTRATION. Chez Amazon, les salariés en CDI peuvent démissionner en échange d'une prime pouvant aller jusqu'à 8 000 € en fonction de leur ancienneté.
 
ILLUSTRATION. Chez Amazon, les salariés en CDI peuvent démissionner en échange d'une prime pouvant aller jusqu'à 8 000 € en fonction de leur ancienneté.   REUTERS/Mike Segar

    Amazon propose, chaque début d'année, à des salariés de démissionner en échange d'une prime pouvant aller «jusqu'à 8 000 €», un dispositif contre lequel les syndicats vont saisir l'inspection du travail, a-t-on appris mardi de sources concordantes. Doit-on se fier à la bonne foi d'Amazon, qui dit vouloir aider les employés désireux de partir pour se consacrer à un projet personnel, ou aux craintes des syndicats, qui mettent en garde contre une volonté du groupe américain de se débarrasser des CDI ?

    Selon le géant de la distribution en ligne, cette proposition, baptisée «the offer» (ndlr. l'offre en français) existe «partout dans le monde» et a été lancée en France en 2015. Les salariés en CDI peuvent donc démissionner «en échange d'une prime pouvant aller jusqu'à 8 000 € en fonction de leur ancienneté», a confirmé une porte-parole du groupe en France. «Il s'agit d'accompagner ceux qui ont des projets personnels ou envie de faire autre chose avec un soutien financier».

    Proposée uniquement quinze jours en hiver

    Cette offre proposée chaque année sur une période de quinze jours, «reste limitée dans le temps». En 2017, la période s'étale du 23 janvier au 5 février. Elle aurait concerné 11 salariés en CDI en 2015 et 12 en 2016, sur les 3 000 CDI employés en 2016. «Un tiers d'entre eux avaient trouvé du travail ailleurs, un autre tiers ont fait ce choix pour des raisons personnelles», a ajouté la porte-parole d'Amazon, disant ne pas savoir ce qu'il est advenu du dernier tiers.

    Pour les syndicats, un plan anti-CDI

    Pour les syndicats, il s'agit clairement d'un «plan de départs volontaires déguisé» et d'«une manoeuvre permettant d'embaucher à moindre coût des intérimaires, précaires, à la place de CDI». Selon Alain Jeault, (CGT) les organisations syndicales ont voté lundi une motion d'entrave, le groupe n'ayant jamais présenté ce dispositif en comité central d'entreprise (CCE), et décidé de saisir l'inspection du travail.

    «Les salariés sont âgés en moyenne de 22 ans mais beaucoup ne tiennent pas à cause des cadences et s'en vont. Ils démissionnent et n'ont pas d'allocations chômage», a expliqué Arnaud Chemain de la CGT commerce.

    Le groupe, implanté depuis 15 ans en France, dit embaucher régulièrement des intérimaires pendant les pics d'activité, comme à Noël où ils étaient 6 500 selon sa porte-parole. La CGT évalue le nombre régulier d'intérimaires à 3 000. Amazon va ouvrir un cinquième site en France en 2017, près d'Amiens. Le groupe assure avoir embauché 1 000 CDI en 2016, portant ses effectifs à 4 000 l'an dernier.