Madiara, 17 ans, poignardé à mort devant son lycée à Paris : ce que l'on sait du drame

VIOLENCES. Les élèves restaient sous le choc au lendemain du meurtre d'un jeune homme de 17 ans devant son lycée à Paris. Les enquêteurs entendaient hier un jeune qui aurait directement participé à l'agression.

Lycée Charles-de-Gaulle, Paris (XXe), mardi. Une présence policière devrait être maintenue jusqu’à la fin de la semaine devant l’établissement, où des fleurs ont été déposées en mémoire de Madiara.
Lycée Charles-de-Gaulle, Paris (XXe), mardi. Une présence policière devrait être maintenue jusqu’à la fin de la semaine devant l’établissement, où des fleurs ont été déposées en mémoire de Madiara. LP/BENOÎT HASSE

    Il s'est présenté spontanément à la police judiciaire. Dans la nuit de lundi à mardi, un jeune homme, qui se savait recherché après l'agression au couteau qui a coûté la vie à Madiara, 17 ans, poignardé quelques heures plus tôt devant son lycée professionnel dans le XX e arrondissement de Paris, s'est rendu, accompagné d'un avocat.

    Considéré comme un «suspect très intéressant» par les enquêteurs du 2e district de police judiciaire (DPJ), en charge des investigations, le jeune homme, prénommé Adama, du même âge que la victime et scolarisé dans le même établissement scolaire, a aussitôt été placé en garde à vue.

    Un contentieux entre le suspect et la victime

    Selon nos informations, ce jeune suspect aurait directement participé à l'agression mortelle. «Il est très peu loquace sur la nature du contentieux qui durait depuis plusieurs mois et qui l'opposait à la victime, confie une source proche de l'affaire. Un complice est activement recherché». Les auditions de ce suspect, déjà connu des services de police et domicilié dans le XIIe arrondissement,se poursuivaient mardi soir.

    VIDEO. Mort poignardé devant son lycée à Paris : les élèves sous le choc

    Le drame s'est noué lundi à 13 heures à la sortie du lycée Charles-de-Gaulle, sous les yeux de plusieurs élèves de cet établissement, jusqu'ici sans histoires. Il a été rapidement suivi par plusieurs incidents aux abords d'autres lycées de l'Est parisien. Notamment une tentative d'intrusion dans le lycée Maurice-Ravel (situé à moins d'un kilomètre de Charles-de-Gaulle) où une vingtaine de jeunes extérieurs à l'établissement ont frappé le proviseur et son adjoint après avoir tenté, en vain, de retrouver un ou plusieurs lycéens. Dans cette affaire de représailles, un autre jeune s'est livré de lui-même à la police. Il est en garde à vue.

    Le lien entre cette expédition punitive avortée et le meurtre commis quelques heures plus tôt n'a pas été formellement établi. Mais, dans l'entourage des enquêteurs, on évoquait cependant l'hypothèse de règlements de comptes entre membres de bandes ou de quartier rivaux parmi les explications possibles de cette brusque flambée de violence. Connu des services de police seulement pour une affaire d'outrage, Madiara était présenté comme un lycéen sans problème. «Il était juste normal», commente un jeune homme, voisin de la victime et qui ne lui connaissait pas d'ennemis.

    Une cellule d'aide psychologique au lycée

    Au lendemain de l'agression mortelle, les réseaux sociaux ont en tout cas commencé à évoquer des tensions entre groupes de jeunes de quartiers du XXe et du XIIe arrondissement. Les élèves de Charles-de-Gaulle, qui ont repris hier matin le chemin du lycée (où une cellule d'aide psychologique a été mise en place), restent mutiques sur le sujet.

    Arrivés avec une fleur à la main pour certains, les yeux rougis de larmes pour d'autres, ils ont observé une minute de silence dans les classes. «Le proviseur nous a d'abord réunis. Il nous a dit qu'il ne fallait pas chercher à venger Madiara. On a déjà perdu une vie, ça suffit», lâche une élève, des sanglots dans la voix, en ressortant du lycée endeuillé.

    «Il y a peut-être eu des problèmes entre jeunes dans la cité. Mais pas ici. C'est un lycée tranquille», rappelle la gérante d'un snack où les lycéens de Charles-de-Gaulle ont leurs habitudes. «Ils sont gentils», conclut-elle. «Ils peuvent être un peu chauds, corrige un autre commerçant sous couvert d'anonymat. On sent que certains peuvent partir très fort pour une petite embrouille...» Une présence policière discrète a été maintenue toute la journée, mardi, devant le lycée Charles-de-Gaulle, mais également devant le lycée Maurice-Ravel. Le dispositif de surveillance pourrait rester en place jusqu'à la fin de la semaine.