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Les actes antimusulmans en forte baisse en 2016

Le Collectif contre l’islamophobie en France et l’Observatoire national contre l’islamophobie soulignent toutefois le poids des « discriminations Â», notamment dans les services publics.

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Publié le 31 janvier 2017 à 17h40, modifié le 01 février 2017 à 12h27

Temps de Lecture 3 min.

Evolution de l’islamophobie selon le décompte du CCIF et du CFCM.

Les actes antimusulmans enregistrĂ©s en 2016 ont Ă©tĂ© en net recul, non seulement par rapport Ă  2015, annĂ©e exceptionnelle marquĂ©e par les attentats, mais aussi par rapport Ă  2014.

C’est ce qu’ont annoncĂ©, chacun de leur cĂ´tĂ©, mardi 31 janvier, le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), association qui effectue son propre recueil et recensement de donnĂ©es, et l’Observatoire national contre l’islamophobie (ONCI), dĂ©pendant du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui utilise le dĂ©compte du ministère de l’intĂ©rieur.

Mais, pour les deux organisations, cette embellie ne traduit pas nĂ©cessairement une hausse de la tolĂ©rance envers les musulmans. Selon le CCIF, en 2016, les actes islamophobes auraient Ă©tĂ© en recul de 35,9 % par rapport Ă  l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente, et de 24,1 % par rapport Ă  2014. Comme Ă  son habitude, le CCIF agrège « attaques Â» (25), « agressions Â» (39), discours haineux (98), Ă  ce qu’il classe sous l’étiquette « discriminations Â» (419), de loin les plus nombreuses, et que l’association recense majoritairement dans les services publics (64 %).

De son cĂ´tĂ©, l’ONCI fait Ă©tat de 182 actes antimusulmans en 2016, contre 429 en 2015, soit 57,6 % de moins. Ces actes se dĂ©composent en 64 « actions Â» (contre 124) et 118 « menaces Â» (contre 305).

« Discriminations d’origine institutionnelle Â»

Comme les services du ministère de l’intĂ©rieur, l’Observatoire ne fait Ă©tat que de faits ayant donnĂ© lieu Ă  une plainte ou Ă  une main courante, alors que le CCIF additionne les faits dont il est directement saisi et dont beaucoup se retrouvent sous la catĂ©gorie « discriminations Â».

En outre, l’ONCI n’inclut pas de « discriminations Â» dans son dĂ©compte. Mais, pour la première fois, son prĂ©sident, Abdallah Zekri, affirme que l’Observatoire est saisi depuis deux ans par des Français musulmans « victimes de discriminations d’origine institutionnelle (dans l’enseignement, la police, les collectivitĂ©s locales…). Â»

La baisse des actes recensĂ©s par le CCIF tiendrait Ă  « des bonnes et des mauvaises Â» raisons, a expliquĂ© son directeur, Marwan Muhammad. Parmi les premières figureraient une plus grande « empathie Â» et « solidaritĂ© Â» manifestĂ©e envers les musulmans et l’effet du « travail contre l’islamophobie Â». Les mauvaises raisons seraient notamment liĂ©es Ă  l’hĂ©sitation de certaines victimes Ă  porter plainte. « De plus en plus, nous devons convaincre des gens qui nous appellent d’agir en justice, car ils sont rĂ©ticents Â», affirme Marwan Muhammad.

Pour M. Zekri, la baisse des actes antimusulmans serait liĂ©e en partie Ă  « la mise en place d’un prĂ©fet chargĂ© de la sĂ©curisation des lieux de culte Â» : il a indiquĂ© que « 1 098 sites musulmans, mosquĂ©es ou salles de prière ont bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une protection des forces de sĂ©curitĂ© en 2016 Â». Par ailleurs, « l’installation de dispositifs de vidĂ©osurveillance autour de certaines mosquĂ©es Â» a Ă©galement pesĂ©, a-t-il relevĂ©, l’Etat ayant « fait un important effort financier : 341 000 euros en 2016 et 756 000 euros en 2015 Â».

« Validation hiĂ©rarchique de la posture d’exclusion Â»

A l’occasion de la publication de leur rapport annuel, les dirigeants du CCIF ont toutefois de nouveau accusĂ© l’Etat et les pouvoirs publics de participer, par leur action, Ă  la diffusion de l’islamophobie. La mise en Ĺ“uvre de l’état d’urgence et plus largement la politique antiterroriste conduite depuis 2015 aurait conduit, selon Marwan Muhammad, Ă  Â« l’émergence d’une islamophobie sĂ©curitaire Â».

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Le directeur du CCIF a ainsi accusĂ© « les critères très subjectifs Â» qui auraient selon lui motivĂ© des perquisitions, des gardes Ă  vue et des interdictions de sortie du territoire, d’avoir contribuĂ© Ă  accrĂ©diter l’idĂ©e que « le problème sĂ©curitaire est un problème musulman Â».

Il a en outre estimĂ© que les discriminations dans les services publics, souvent liĂ©es au port de signes religieux comme le voile, ne se produisent que parce qu’il y a « une validation hiĂ©rarchique de la posture d’exclusion Â», comme cela a Ă©tĂ© le cas, selon lui, lors des arrĂŞtĂ©s anti-burkini de l’étĂ©, « validĂ©s notamment par le premier ministre Â» Manuel Valls. Â« S’agit-il d’un racisme d’Etat, d’une islamophobie d’Etat ? Nous laissons aux analystes le soin de juger. La puissance publique valide, encourage la posture de l’islamophobie Â», a-t-il ajoutĂ©.

Lire aussi l’édito : Racisme, le pire ne s’est pas produit

La responsable juridique du CCIF, Lila Charef, a affirmĂ© pour sa part que la politique de lutte contre le terrorisme avait conduit Ă  « Ă©largir, parfois Ă  tort, les critères de signalement Â» de radicalisation de la part de certains professionnels, au point « d’installer un climat de suspicion gĂ©nĂ©ralisĂ©e Â» dont tĂ©moignerait, par ailleurs, le « phĂ©nomène de dĂ©lation qui ne cesse de s’étendre Â».

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