François Fillon et Marc Joulaud, en 2014.

François Fillon et Marc Joulaud, à droite, en 2014.

Jean-François Monnier / AFP

C'est l'autre acteur clef du Penelopegate: Marc Joulaud, qui fut un temps le député suppléant de François Fillon, est entendu ce mercredi après-midi par les enquêteurs de l'office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales.

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Depuis une semaine, le candidat de la droite à la présidentielle est dans la tourmente, soupçonné d'avoir rémunéré son épouse au titre d'un emploi fictif d'attachée parlementaire entre 1998 et 2002. Des soupçons qui pèsent également, par ricochet, sur Marc Joulaud, qui a remplacé son mentor en politique sur les bancs de l'Assemblée entre 2002 et 2012, lors du passage de François Fillon au gouvernement Chirac puis Sarkozy, et qui a employé Penelope Fillon entre 2002 et 2007.

Silencieux depuis une semaine, Marc Joulaud est entendu ce mercredi après-midi par les enquêteurs

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Lors de ces cinq années, Marc Joulaud a même substantiellement augmenté l'épouse de François Fillon, comprises entre 6900 et 7900 euros brut par mois. Il devrai s'en expliquer mercredi devant les enquêteurs, selon RTL. Car juste-là, il a choisi de se murer dans le silence.

Le maire se mure dans le silence

Celui qui est aujourd'hui maire Les Républicains de Sablé-sur-Sarthe -le fief de François Fillon, qu'il a dirigé entre 1983 et 2001- est aux abonnés absents. Inlassablement depuis une semaine, le service de communication de la mairie répète, à l'envie, la même phrase à la presse: "M. Joulaud ne fera aucune déclaration. Si la justice souhaite lui poser des questions, il se tient à sa disposition", explique-t-on à L'Express, sans un mot de plus.

Lui-même, interrogé sur le pas de sa porte par une équipe de France 2, lundi, répète laconiquement la même ritournelle: "Je ne ferai pas de commentaire". Lui aussi devra répondre aux questions des enquêteurs sur le travail réel de Penelope Fillon.

Marc Joulaud, le 30 janvier 2017.

Marc Joulaud, le 30 janvier 2017, devant sa maison de Sablé-sur-Sarthe. Il refuse toutes les interviews.

© / Capture d'écran du 20h de France2

Un cumulard

S'intéresser au maire de Sablé-sur-Sarthe c'est marcher inévitablement dans les pas de François Fillon. Comme lui, Marc Joulaud a été député de la Sarthe -jamais élu, mais en remplacement de François Fillon pendant 10 ans. En 2012, lorsqu'il se présente devant les électeurs, il perd face à un poids lourd local: Stéphane Le Foll, actuel ministre de l'Agriculture.

Une défaite qui le conduira à la tête de la communauté de commune de Sablé-sur-Sarthe en 2012 -il prend alors la succession d'un certain François Fillon- en plus de la mairie de Sablé-sur-Sarthe qu'il dirige depuis 2008 et que son mentor a dirigé pendant 18 ans. En 2014, il sera ensuite élu député européen.

Un "clone" de Fillon

"Marc Joulaud, c'est l'homme de François Fillon. Un clone de lui-même qu'il a fait émerger", détaille Gérard Fretellière, un opposant local historique qui brosse auprès de L'Express un portrait tout en discrétion de l'édile. Si l'ombre de François Fillon plane encore et toujours sur la ville à en croire l'élu d'opposition, il balaye l'idée d'un maire "pantin", dirigé par son prédécesseur. "Au demeurant, c'est quelqu'un de sympathique, concède-t-il, même si nous avons, forcément des divergences politiques. Mais les conseils municipaux se passent bien".

Une réserve également mise en avant par Marietta Karamanli, députée PS de la Sarthe, depuis 2007. Auprès de L'Express, elle décrit Marc Joulaud comme un homme "discret" et reconnaît avoir eu peu de contacts avec lui, contrairement à d'autres parlementaires locaux comme Dominique Le Mèner (LR), par ailleurs président du conseil général, avec qui elle "discute" et se "clashe" parfois. Contacté par L'Express, Dominique Le Mèner n'a pas retourné nos appels.

Un silence qui laisse place aux "rumeurs"

Un effacement qui se retrouve aujourd'hui. Depuis mercredi, le maire de 49 ans n'a plus fait aucune apparition publique, assure Le Parisien. Son compte Twitter a cessé de diffuser des messages. "Je comprends qu'il n'ait pas voulu prendre la parole, du moins pas avant que François Fillon ne s'exprime. Mais sa position, aujourd'hui, est intenable. S'il ne s'exprime pas, cela risque d'aggraver la situation", explique à L'Express l'opposant municipal. "Forcément, ce silence laisse place aux rumeurs", ajoute un observateur de la vie politique locale.

Dans ce silence persistent nombre d'interrogations qui fragilisent un peu plus la défense de François Fillon qui a assuré jeudi soir, sur TF1, que le travail de sa femme était "quotidien et réel". Sans apporter de preuves tangibles qu'il dit vouloir réserver à la justice.

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