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Santé
État des lieux

Le lobby de la santé juge les programmes des candidats à la présidentielle

A trois mois de l’élection présidentielle, la fédération des industriels de la pharmacie (Leem) a passé au crible les propositions des principaux candidats à la présidentielle. Macron et Fillon obtiennent un bulletin honorable, Marine Le Pen un zéro pointé, Mélenchon et Hamon quelques bons points mais aussi des mentions « inadmissible ».

 

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Patrick Errard, président du Leem, distribue les bons et mauvais points aux propositions santé des candidats à la présidentielle.

Patrick Errard, président du Leem, distribue les bons et mauvais points aux propositions santé des candidats à la présidentielle.

Leem

Que valent les propositions en matière de santé des principaux candidats à l’élection présidentielle ? Profitant des traditionnels vœux à la presse, la fédération des industries de la pharmacie (Leem) les a passées au crible, décernant bons ou mauvais points aux impétrants à l’Elysée.

Par souci d’objectivité, le président du Leem a apprécié les différents programmes santé en les classant par ordre alphabétique. La démarche du lobby pharmaceutique ? Regarder « ce qui était dans la ligne du Leem, ce qui était moins aligné », a expliqué Patrick Errard, son président. Une ligne clairement exposée par le syndicat professionnel, qui a présenté le 13 décembre dernier une plate-forme de propositions, intitulée « 2017-santé, l’heure des choix ».  

Pas question, a rappelé Patrick Errard, d’appeler à voter pour un candidat en particulier. Mais entre les lignes, on pouvait nettement deviner les préférences de l’organisation professionnelle.

Macron et Fillon, les plus crédibles en matière de santé pour le Leem

Sans surprise, les deux candidats modérés, Emmanuel Macron et François Fillon, sont ceux qui obtiennent le plus de bons points de l’industrie du médicament. Après le rétropédalage de François Fillon sur l’épisode des « petits risques », Leem ne s’est pas attardé sur cet épisode malheureux. C’est « une des choses les plus incroyables que j’aie entendues en tant que médecin » mais « je ne vais pas être méchant », déclare Patrick Errard… Plusieurs points du programme santé de François Fillon sont vus d’un bon œil par le Leem :  sa défense de l'innovation, et en particulier en accroissant les ATU (les Autorisations temporaires de remboursement, qui permettent de mettre sur le marché des médicaments innovants avant même qu’un prix ne soit négocié) ; le développement des pôles de compétitivité internationaux ; et surtout une évolution des dépenses de médicaments en proportion de l’ONDAM (objectif national des dépenses d’assurance maladie). Une mesure applaudie par le Leem, pour qui une telle décision « résoudrait le problème de l’accès à l'innovation », juge Patrick Errard.

Certains points du programme d’Emmanuel Macron lui valent aussi un satisfecit de la fédération de la pharmacie. Le fait de s’inscrire dans une vision de long terme, d’abord. Son programme est « le seul à proposer une stratégie pluriannuelle pour les innovations technologiques »,  souligne Patrick Errard. Emmanuel Macron est « le premier aussi à dire que le médicament ne pourra plus être l'unique variable d'ajustement » des dépenses de santé. Le premier enfin, à avoir proposé une véritable réforme de l’Ondam.

Pour autant, le syndicat des industriels du médicament émet des réserves sur le deux meilleurs élèves du peloton. A François Fillon, il reproche une approche encore trop comptable de la santé. « Ses équipes ont une approche qui reste très axée sur une gestion comptable des comptes sociaux », estime Patrick Errard.  Avec Emmanuel Macron, le Leem a « peu des divergences », mais, comme le souligne Patrick Errard, son programme présente des contours encore « trop flous ». Et il retoque l’ idée de vendre des médicaments à l’unité, une mesure qui « n'a jamais démontré la moindre efficacité sur la consommation ou sur l'observance ».

Hamon et Mélenchon : des propositions intéressantes, d’autres irrecevables

Chez le candidat socialiste, la fédération des industriels de la pharmacie apprécie plusieurs idées. L’accent mis par Benoît Hamon sur le sport et la prévention, un domaine dans lequel la France accuse un sérieux retard.  Ou sa volonté d’améliorer la transparence en matière d’évaluation et la fixation du prix du médicament  – sujet sensible que le Leem entend aussi faire avancer.  

Dans le programme de Jean-Luc Mélenchon, la fédération salue également l’idée « remarquable » de faire de la prévention et d l'éducation à la santé « dès le plus jeune âge, notamment à l'école ».

Mais plusieurs propositions de l’ex fondeur socialiste et du leader de la France insoumise sont jugées irrecevables, voire dangereuses pour la compétitivité française. Le Leem s’insurge ainsi contre le bazooka brandi par Benoît Hamon : la menace de recourir à des « licences d’office »  et rendre générique immédiatement un médicament considéré comme indispensable.  « Si l'idée est de détruire l'attractivité et la compétitivité de la France, la faire passer au dernier rang de la grandeur scientifique et médicale, alors oui, il suffit de dire cela ! Et il n'y aura plus personne pour investir en France », s’étrangle Patrick Errard.  Sans surprise, la création, proposée par Mélenchon, d’un laboratoire national financé par une nouvelle taxe, fait aussi couiner le Leem. « Arrêtez Monsieur Mélenchon, on a déjà onze (taxes) ! »

Quant à la promesse de Benoît Hamon d’augmenter massivement les recrutements à l’hôpital, elle n’a pas non plus l’heur de plaire aux industriels du médicament. Selon leur fédération, les tensions à l’hôpital doivent plutôt se régler par « l'organisation des soins » que par des embauches massives.

Zéro pointé pour Marine Le Pen

Les points de convergence entre les souhaits du Leem et le programme de la candidate Front National sont minces, si ce n’est nuls. « Si on parle de la préférence française, on pourrait imaginer à la rigueur que ça rejoint la mesure 9 du Conseil stratégique des industries de santé », tente Patrick Errard. Une mesure visant à valoriser dans le prix d’un médicament le fait qu’il soit produit en France. Mais les divergences sont écrasantes. « Quelqu’un qui me dit qu’il va « me tordre le bras », je n’ai pas envie de lui tendre la main », tacle le représentant de l’industrie pharmaceutique, très en verve.

Une classe politique qui peut mieux faire

« Il faut bien reconnaître que le périmètre des propositions est assez flou. Il faudrait que les candidats écoutent ce que les personnels de santé ont à leur dire », tacle Patrick Errard. Une observation qui vaut pour l’ensemble des candidats. Autre reproche général, les candidats « cherchent tous les mesures, au lieu de réfléchir, de façon holistique, à construire un grand projet de santé publique. La plupart restent sur la question du déficit et ensuite égrènent des mesures ». Bref, une logique encore trop fondée sur le contrôle des dépenses et pas assez sur les besoins de santé publique ni sur la prise en compte de l’apport économique des innovations en santé.

 

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