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« House of Sarthe » : le dernier épisode de l’affaire Fillon au rythme hystérisé de Twitter

Quand révélations, indignations, blagues et mèmes forment un torrent d’informations, il faut se raccrocher à l’écume de Twitter pour sortir du bruit et trouver une narration qui peut être instructive et marrante.

Publié le 01 février 2017 à 20h27, modifié le 02 février 2017 à 18h29 Temps de Lecture 3 min.

On peut dire que Twitter est une perte de temps, un réseau social qui n’est en rien représentatif, un microcosme où les journalistes et les personnes qui aiment faire des blagues pas forcément drôles et de GIF pendant leurs heures du bureau sont surreprésentées. Et c’est vrai.

Mais pour suivre le déroulement d’un scandale politique en temps réel en 2017, c’est l’endroit idéal, exactement pour les mêmes raisons. Depuis que Le Canard enchaîné a publié, mardi à 12 h 54, ses nouvelles révélations sur la rémunération de la famille Fillon, jusqu’à mercredi en fin d’après-midi, nous n’avons pas bougé de notre feed Twitter.

C’est là que se sont accumulés réactions, articles, déclarations, blagues, analyses à chaud, tièdes et à froid, mèmes, GIF, nouvelles révélations, hashtags tronqués, bribes d’information, sondages foireux, promesses de nouvelles révélations…

Forcément, tout n’est pas bon à lire ou à retenir dans un flux devenu au fil des heures un torrent. C’est, la plupart du temps, inintéressant, de la répétition, du bruit. Mais si on arrive à naviguer, on récupère l’écume de Twitter, ce qui fait sa beauté : on crée une narration faite d’éléments disparates et parfois sans lien entre eux, qui a permis de s’informer en temps réel. De comprendre comment un scandale politique est suivi et digéré en 2017 par une partie de la population, avec les mêmes codes qu’une série hystérisée qui passerait sur Netflix. Et c’est plus marrant que de le suivre ici qu’à la télévision, il y a parfois des blagues marrantes, et pas Ruth Elkrief.

Donc le dernier épisode commence avec un tweet du « Canard enchaîné »…

… et ce que contient l’article nous apparaît progressivement, sans avoir à aller jusqu’au kiosque.

Après l’étape d’une reprise avec conditionnel sur Internet, ce sont les versions papier, aussi au conditionnel, qui arrivent.

Certains en parlent plus…

… que d’autres

Certains en parlent plus méchamment…

… que d’autres

Le feuilleton politique n’existe que par sa promesse inhérente de futures révélations. Ça fait déjà quelques heures depuis le tweet du Canard. Pour combler le manque, des bribes d’information compromettantes sortent à l’aube…

… et frôlent la parodie.

Les premiers tweets citant François Fillon commencent à apparaître après le petit-déjeuner…

… et sont vite écrasés dans les feeds par des révélations…

des nouvelles révélations

… et la promesse de nouvelles révélations…

… ou, plus cash et plus facile, les vieux tweets du candidat Fillon ressortis pour l’occasion :

En fin de matinée, tout devient frénétique, inaudible. Chacun se jette dans la mêlée, donc dans mon flux, comme les piles qu’on faisait à la récré. Entre Valeurs Actuelles scandalisées, les assistants parlementaires scandalisés et Ruth Elkrief scandalisée, on voit défiler des centaines de réactions politiques, et quand elles ne sont pas scandalisées, elles sont si maladroites et exagérées qu’elles provoquent elles-mêmes des sous-réactions scandalisées.

Entre les inévitables comparaisons avec le RSA ou le smic, les sondages douteux et les sondages un peu moins douteux ou les pétitions, on apprend que la police continue son enquête et que la lettre d’un certain Jérôme Lavrilleux, qui circule comme une traînée de poudre, a immédiatement été rebaptisée « baiser de la mort ».

Pour ne pas se noyer, il faut tenter de naviguer sur les hashtags #PenelopeGate, de type « analytique/politique/indigné », ou #JeNeSuisPasLesEnfantsDeFillon, de type « Blague marrante 1 fois sur 10/je passe le temps au bureau/artistique/indigné »

Ces hashtags se croisent et se confondent dans les trending topics, débordent sur d’autres discussions, et touchent même à l’absurde quand #StopChasseàLHomme monte en puissance. Celui-là a été propulsé de façon absolument par organique par une armée de robots au service de l’équipe Fillon. On sait que ce sont des robots, parce que les robots font beaucoup de fautes d’orthographe.

Certains se désintéressent du fond et partent à la recherche du RT facile, de la blague au potentiel virale. On ne pas se mentir, l’architecture même de Twitter fait que c’est la réaction primale de tout utilisateur. Le résultat est une pollution de tweets qui se veulent rigolos mais dont seuls deux ou trois sont assez subtiles pour mériter une sauvegarde, comme celui-ci :

C’est là que nous avons décroché. On ne peut rester dans cette frénésie que quelques heures avant de perdre le recul et de se retrouver perdus indéfiniment à rafraîchir toutes les secondes son navigateur. L’écume se perd vite sur Twitter. De cette matinée on retiendra quoi ? Comme tout le monde, peut-être quelques blagues à ressortir dans la vraie vie, un peu d’indignation, peut-être quelques informations – à relire au calme, pour comprendre – et surtout cet outil qui vous dit « combien tu aurais pu récupérer de thunes sans sourciller » si vous étiez payé à écrire comme Penelope Fillon. 164 685,71 euros pour moi.

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