“Mercredi 1er février, les militants [prorusses] ont continué à pilonner les positions ukrainiennes à Avdiivka, y compris à l’aide de lance-roquettes multiples BM-21 et de canons de 152 mm. Pendant la nuit, les envahisseurs ont lancé un assaut qui a été repoussé”, rapporte le quotidien en ligne Oukraïnska Pravda.

Les communiqués de ce genre se multiplient depuis quelques jours, alors que la ville d’Avdiivka, gros bourg industriel qui comptait 35 000 habitants avant la guerre, et qui se trouve en banlieue nord de Donetsk, fait l’objet d’affrontements de plus en plus violents. Conformément aux accords de Minsk, Avdiivka se trouve dans la zone aux mains de l’armée ukrainienne, mais il semblerait que les séparatistes prorusses aient décidé de s’en emparer.

Le site d’information ukrainien Ukraine Crisis Media Center revient sur l’origine de cette aggravation de la situation.

L’offensive des séparatistes est peut-être une réaction aux manœuvres ukrainiennes, selon certains observateurs. Christopher Miller, correspondant de RFE/RL, souligne que ‘depuis la mi-décembre, les forces armées ukrainiennes ont progressé dans certaines parties de la zone […] qui les sépare des combattants séparatistes’. Alexander Hug, l’un des responsables de la mission d’observation de l’OSCE en Ukraine […], a affirmé que ‘cette progression a pour résultat direct une escalade dans les tensions’. Du côté ukrainien, cependant, on rappelle que les troupes [de Kiev] ne violent pas les accords de Minsk puisqu’elles ne franchissent pas la ligne de démarcation et qu’elles se déplacent sur le territoire placé (par les accords de Minsk) sous le contrôle du gouvernement.”

Le président Petro Porochenko a écourté sa visite officielle en Allemagne, tandis que le ministère ukrainien des Affaires étrangères a déclaré que “l’escalade actuelle dans le Donbass montre clairement que la Russie continue de faire peu de cas de ses propres engagements dans le cadre des accords de Minsk”.

Pour le quotidien Den, l’attaque séparatiste sur Avdiivka représente “un test pour l’Ukraine, un test pour l’Occident”.

La situation s’aggrave dans le Donbass. Avdiivka ne prouve pas seulement que les bandits russes violent les accords de Minsk, cela constitue un motif pour continuer à agir contre la Russie en tant qu’agresseur et occupant.”

Les pertes sont lourdes des deux côtés. Selon le site de l’hebdomadaire Dzerkalo Tyjnia, au moins “7 soldats ukrainiens auraient été tués, et 35 blessés [d’autres sources font état de plus de 15 morts depuis le 27 janvier]. […] D’après la 72e brigade ukrainienne, les tirs d’artillerie auraient également fait des victimes parmi la population civile. Par ailleurs, le ministère de la Défense signale que les forces séparatistes russes auraient essuyé des pertes sévères. Le 31 janvier, on aurait dénombré, dans les morgues des hôpitaux de Donetsk, 42 cadavres de combattants”.

Enfants évacués en priorité

La population civile est particulièrement exposée. Les combats ont interrompu l’alimentation en électricité de la ville, privée de chauffage et d’eau courante alors que les températures descendent en dessous de −18°. Les autorités évoquent depuis plusieurs jours la possibilité d’une évacuation.

“Le 1er février, poursuit Dzerkalo Tyjnia, les habitants qui le souhaitent ont commencé à être évacués. La majorité des évacués sont des enfants, à la demande de leurs parents.” Les autorités assurent pouvoir évacuer jusqu’à 12 000 personnes. Mais Avdiivka serait “à la veille d’une catastrophe humanitaire”.