Les nouvelles règles de pluralisme inquiètent les radios et les télévisions
Par Marina Alcaraz
Les directeurs de chaînes de télévision et de stations de radios commencent à s’arracher les cheveux. C’est en effet ce mercredi que sont entrées en vigueur les nouvelles règles de temps de parole dans les médias en vue de l’élection présidentielle, émanant du Conseil supérieur de l’audiovisuel (« Les Echos » du 11 juillet). Si plusieurs spécialistes saluent quelques simplifications, ils évoquent pour la plupart un vrai « casse tête ». Bon nombre de groupes de médias ont dû embaucher du personnel pour faire les décomptes.
Parmi les nouveautés, la comptabilisation plus stricte du temps d’antenne. Ce n’est plus seulement l’équité du temps de parole des candidats ou de leurs soutiens qui est prise en compte, mais l'équité du temps d’antenne incluant les éditoriaux, les analyses des journalistes, ou les commentaires de sondages lorsque ceux-ci ne concernent qu’un seul candidat et ne lui sont pas défavorables. A priori, donc, un éditorial critique sur l’affaire Pénélope Fillon ne devrait pas être comptabilisé, mais le point de vue plus général d’un journaliste sur le candidat de la droite, oui. « Cela alourdit considérablement les choses, vu toutes les interventions de journalistes politiques en ce moment. Et il y a une marge d'appréciation sur les faits », souligne un professionnel.
Des conditions comparables
Autre motif d’inquiétude : la notion de « conditions de programmation comparables » qui s’appliquera aux critères d’équité que devront respecter les radios et télévisions entre le 20 ou 21 mars et le 10 avril, puis à l’égalité des temps qu’elles devront observer entre le 10 avril et le 7 mai. En clair, interviewer 5 minutes un candidat au JT de 20h n’aura pas la même valeur que lui accorder du temps dans la nuit. « Pour des chaînes ou stations qui n’ont pas d’émissions politiques régulières, ça va être compliqué. Ca laisse bien moins de souplesse », note un expert. « Le problème, c’est que chaque parti a une actualité différente sur des temps différents », ajoute un autre.
Et aussi des desiderata... Le CSA vient ainsi de refuser une demande du FN. Le parti, s’estimant lésé en termes de temps de parole ces derniers mois, souhaitait un report alors que s’ouvre la nouvelle période de décompte. Le FN aurait toutefois volontairement refusé certaines émissions à l’automne dernier.
Marina Alcaraz